Successions, placements financiers, investissements… La gestion du patrimoine financier relève bien souvent du défi pour les chrétiens dont les besoins fondamentaux sont déjà satisfaits. Trouver les placements les plus rentables ? Acheter un maximum de biens immobiliers ? Basile de Césarée, Père de l’Église et défenseur de la profession de foi établie au Concile de Nicée, avait ses propres idées sur la façon de gérer la richesse qu’il a détaillée dans un sermon figurant dans l'Office des lectures de l’Église.
Régulièrement rappelé mais bien souvent oublié, donner aux pauvres est loin d’être une vaine entreprise comme le rappelle saint Basile qui y voit un autre type d’intérêt :
La terre ne nourrit pas ses fruits pour sa propre jouissance, mais pour ton utilité ; tandis que toi, tous les fruits que tu montres de ta bienfaisance, tu les ramasses pour toi-même, parce que la récompense que méritent les bonnes œuvres revient aux bienfaiteurs. Tu as donné à celui qui avait faim, et ce que tu as donné est de nouveau à toi et te revient avec des intérêts. De même, en effet, que le blé, lorsqu’il est tombé en terre, devient un gain pour celui qui l’y a jeté, de même le pain, offert à celui qui a faim, produit dans la suite de multiples avantages. Que la fin de l’agriculture soit donc pour toi le commencement des semailles célestes : "Semez, dit l’Écriture, pour vous-mêmes dans la justice" (Gn 10, 12).
Gestion avec sagesse et charité
Saint Basile souligne également que lors de la mort, il est important de laisser derrière soi son argent, et que la façon dont ce dernier aura été utilisé aura un impact sur son éternité :
Tu laisseras là ton argent, même si tu ne le veux pas ; au contraire, tu emporteras devant le Maître l’honneur qui te reviendra de tes bonnes œuvres, lorsqu’un peuple entier t’entourera en présence du Juge commun, t’appellera nourricier, bienfaiteur, et te donnera tous les noms de la bonté.
Enfin, saint Basile met en garde contre une utilisation excessive de son argent pour des plaisirs terrestres, arguant notamment la réalité selon laquelle ils ne durent que peu de temps :
Ne vois-tu pas ceux qui, dans les théâtres, pour l’honneur d’un moment, les acclamations et les applaudissements du peuple, jettent leur fortune aux lutteurs au pancrace, aux comédiens et à ces hommes qui luttent contre les bêtes féroces et dont la vue seule inspirerait le dégoût ? Et toi, tu regardes à la dépense, alors que tu dois t’élever à une si grande gloire ? C’est Dieu qui t’approuvera, ce sont les anges qui t’acclameront bienheureux : une gloire éternelle, une couronne de justice, le royaume des cieux, tels sont les prix que tu recevras pour l’intendance de ces richesses corruptibles. Mais tu ne te soucies de rien de tout cela, et, par suite de ton zèle pour les biens présents, tu méprises ceux que tu dois espérer. Allons ! Distribue donc de toutes manières ta richesse, sois libéral et magnifique dans tes dépenses pour les indigents. Que l’on dise aussi de toi : "Il a dispersé ses biens, il les a donnés aux pauvres ; sa justice demeure pour l’éternité" (Ps 111, 9). Ne profite pas de la détresse pour vendre cher. N’attends pas la disette pour ouvrir tes greniers, "car celui qui vend son blé au poids de l’or est maudit du peuple" (Pr 11, 26). N’attends pas la famine pour en tirer de l’or, la misère commune en vue de ton opulence personnelle. Ne deviens pas un trafiquant des calamités humaines. Ne fais pas de la colère de Dieu une occasion d’accroître ta fortune. Ne ravive pas les blessures de ceux que les fouets ont meurtris.
Être riche n’est bien évidemment pas un péché. Mais cela implique la responsabilité de gérer sa richesse avec charité et sagesse.