Henry et Inez Casolani, un couple ordinaire en route pour la sainteté !

"Nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes", a assuré le pape François dans son exhortation apostolique sur la sainteté Gaudete et exultate (2018). Tel est le témoignage offert à l’Église par les Serviteurs de Dieu Henry et Inez Casolani. Ce couple maltais, uni par le mariage le 19 avril 1944, a mené une vie ordinaire, faite de travail, d’attentions aux autres et d’amour, marquée par une foi fervente et une immense confiance en Dieu. Leur cause a été ouverte en 2015, et l’enquête diocésaine s’est clôturée le 5 juillet 2024.

"Dans le couple Casolani, nous sommes témoins de la sainteté de nombreux couples maltais et gozitains. Par leur intercession, nous prions pour les familles maltaises et pour tous ceux qui cherchent le chemin de la sainteté dans le sacrement du mariage. […] Que l’exemple donné par le couple Casolani, dans leur soutien mutuel et leur attention envers leur prochain, serve également de baume pour apaiser les blessures et les douleurs de nombreuses familles", a déclaré Mgr Scicluna lors de l’ouverture de leur cause en 2015.

Henry et Inez Casolani se sont rencontrés jeunes et ont vécu leurs fiançailles durant la Seconde guerre mondiale. Henry est alors détaché auprès du Royal Army Medical Corps. Les lettres qu’ils échangent à cette époque témoignent de leur amour mutuel et de leur amour pour Dieu. Henry promet notamment de faire tout ce qu'il peut pour préparer le jour de leur mariage et exhorte Inez à prier pour leur amour, pour leurs proches et pour les défenseurs de Malte. Doté d’une âme d’artiste, poète à ses heures, Henry Casolani (1917-1999) étudie la peinture à l’Ecole des Beaux-Arts de Malte et passe toute sa carrière en tant que dessinateur principal au ministère des Travaux publics de Malte. Sur son lieu de travail, Henry crée une atmosphère imprégnée de l'esprit de l'Évangile. Il était très droit et tout le monde lui faisait confiance. Il avait également un grand sens de l'humour et était considéré par tous ceux qui le connaissaient comme un artisan de paix. Il ne disait du mal de personne.

Inez (1915-1992) était enseignante, mais abandonne son métier au moment de son mariage pour se consacrer à sa famille. Le couple a une fille unique, Cecilia Mary, devenue religieuse chez les sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition en 1964 à l'âge de 19 ans. Selon les témoignages récoltés durant les neuf années qu'a duré l'enquête diocésaine, Inez avait une vie de prière très intense et se rendait chaque semaine à l’adoration eucharistique. Elle s’investissait auprès de sa paroisse et donnait des cours particuliers aux plus démunis. Beaucoup de personnes trouvaient auprès d’elle conseils et réconfort. Elle excellait dans la cuisine, le tricot, la rédaction d'articles et la prise en charge des besoins de sa famille, sans oublier de faire preuve de charité envers les plus pauvres.

L’épreuve peut-être la plus difficile que le couple ait eu à traverser est l’acceptation de la vocation religieuse précoce de leur fille Cecilia Marie. L’annonce est un choc pour Inez et Henry. Ce dernier ne prononce pas un mot lorsque sa femme s’ouvre à lui et lui expose les doutes et les difficultés auxquels leur fille pourrait être confrontée en prenant le voile si jeune. Inez se dit alors qu'il doit être indifférent. Mais quelques années plus tard, Henry explique ce silence. Bien qu’il fût profondément affligé à l'idée de ne pas devenir grand-père, ni même de pouvoir profiter de la compagnie de sa fille dans sa propre maison, il a fait le vœu de ne pas entraver le désir de sa fille si la volonté de Dieu était qu'elle devienne religieuse. La seule condition qu'il posa à Cecilia était qu'elle soit sûre de son choix et qu'elle en soit heureuse. La veille de son départ de la maison pour son noviciat en France, Henry lui offre un magnifique crucifix au dos duquel il avait fait graver "Maman et Papa". Une belle preuve de soutien !

Quelques années plus tard, Henry et Inez reçoivent, par l’intermédiaire de sainte Mère Teresa de Calcutta, comme une réponse à ce sacrifice. Alors que leur fille, devenue sœur Cecilia Mary, passe deux mois en Inde pour une expérience missionnaire auprès de Mère Teresa en été 1985, elle transmet à Mère Teresa les salutations et les prières de ses parents. Mère Teresa leur écrit en retour : "Chers parents de sœur Cecilia, merci d’avoir donné votre enfant, votre unique enfant à Dieu. Elle est vraiment le don de Dieu et une cause de joie partout où elle va. Priez pour moi et pour nos pauvres. Que Dieu vous bénisse."

Henry et Inez Casolani cherchaient partout la volonté de Dieu dans leur vie quotidienne. Tous deux membres tertiaires de l'Ordre des Augustins, ils se rendent tous les jours à la messe, prient quotidiennement le Rosaire et ont une profonde dévotion envers la bienheureuse Maria Adeodata Pisani (1806-1855). Grâce à son intercession, il obtient en 1992 la guérison instantanée et inexplicable de sa dégénérescence maculaire.

Au cours de ses dernières années, Inez souffre sans se plaindre d’acouphènes, d’arthrite, de zona et de graves problèmes cardiaques. Elle décède le 13 juillet 1992, en laissant dans son journal intime ces dernières paroles telles un testament spirituel : "Je rends témoignage à Dieu. En toi j'ai eu ma joie terrestre". Henry décède le 29 décembre 1999. Les dernières paroles qu'il prononça sur un ton implorant furent : "Mère de Dieu, ayez pitié de moi !"

Henry et Inez Casolani constituent une synergie de droiture et de sainteté. "L'originalité de leur vertu réside dans la manière dont ils ont su allier harmonieusement la foi et les événements quotidiens", a souligné le prêtre jésuite maltais Maurice Eminyan. L’évêque dominicain George Frendo a déclaré quant à lui : "Mes souvenirs d’Henry et d’Inez sont surtout ceux d’un couple exemplaire uni dans l’amour et le respect mutuel… Ils étaient toujours heureux, un bonheur qui témoignait de la présence de Dieu au milieu d’eux, unis dans la prière comme ils l’étaient."