Le corps de sœur Wilhelmina Lancaster, fondatrice des Bénédictines de Marie Reine des Apôtres décédée le 29 mai 2019, avait été découvert dans un état de conservation surprenant le 28 avril 2023 lors de son transfert dans la chapelle de l'abbaye. Le cercueil était fissuré et sa doublure désintégrée, mais son corps en revanche est demeuré dans un état de conservation impressionnant et n'a subi qu'une décomposition mineure, alors même qu’elle a été enterrée sans aucun embaumement. Son habit, pourtant constitué de fibres naturelles, n'a pas non plus subi d'altération malgré une fine couche de moisissures. Ces différents éléments ont conduit à l'ouverture d'une enquête de l'évêché afin d'établir la possible incorruptibilité du corps de la défunte.
Le 24 mai 2023, Mgr James V. Johnston, Jr., évêque du diocèse de Kansas City-St. Joseph, a chargé une équipe d'experts médicaux de procéder à un examen du corps de sœur Wilhelmina. "L'équipe était dirigée par un docteur en pathologie, assisté de deux autres médecins et d'un ancien coroner du comté du Missouri", précise l’évêque dans un récent communiqué daté du 22 août 2024.
Absence de signes de décomposition
Dans le rapport final, l'équipe chargée de l'enquête a noté que l'état du corps de sœur Wilhelmina lors de l'examen était "remarquable par l'absence de signes de décomposition". La doublure de son cercueil était complètement détériorée, mais ses vêtements ne présentaient aucun signe de décomposition. En dépit d’un "examen limité", les experts ont conclu que "l'état de son corps est très atypique pour l'intervalle de près de quatre ans écoulé depuis sa mort".
Des analyses des sols dans lesquels la religieuse a été enterrée ont également été effectuées, mais "aucun élément inhabituel n'a été trouvé qui aurait pu avoir un impact sur l'état du corps de sœur Wilhelmina". Le rapport spécifie que "le corps de sœur Wilhelmina Lancaster ne semble pas avoir subi la décomposition à laquelle on aurait normalement pu s'attendre dans de telles conditions d'inhumation".
Née le 13 avril 1924, Mary Elizabeth Lancaster a grandi à Saint Louis, dans le Missouri. Très tôt attirée par la vie religieuse, elle est entrée chez les Sœurs oblates de la Providence en 1941 et a passé plus de 50 ans à enseigner dans différents diocèses. En 1995, âgée de 70 ans, elle a quitté sa communauté pour fonder les Bénédictines de Marie, Reine des Apôtres, avec l'aide de l'abbé Devillers, alors supérieur de la Fraternité Saint-Pierre aux États-Unis. Connues pour leurs albums de chant grégorien, elles ont été nommées "Artistes de musique classique traditionnelle de l’année" en 2012 et 2013 par le magazine Billboard.
Un phénomène observé avec prudence
L'Église catholique demeure prudente quant à la reconnaissance de l'incorruptibilité des corps. Ce phénomène rare est considéré comme un signe pouvant appuyer la cause en béatification ou en canonisation de la personne concernée. Seule une centaine de saints incorruptibles ont été recensés. L'Église distingue, par ailleurs, les corps intègres des corps incorruptibles. Dans le premier cas, le corps est muni de tous ses organes mais suit une phase normale de décomposition, comme celui de Carlo Acutis. Si le corps est incorruptible, cela signifie qu'il demeure intact. Néanmoins, "l'incorruptibilité n'est pas considérée comme un signe de sainteté", souligne l’évêque de Kansas City-St. Joseph. Et de préciser qu’il n'existe actuellement aucun projet visant à lancer une cause de sainteté pour sœur Wilhelmine.