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Sur les traces de son aïeul résistant, Ferréol cherche Dieu en marchant

Ferréol Foillard, 20 ans, marche du 14 juillet au 15 août sur les traces de son arrière-grand-oncle résistant.

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Anne-Sophie Retailleau - publié le 09/08/24
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À vingt ans, Ferréol s'est lancé mi-juillet dans une marche en solitaire dans le Vercors sur les traces de Jean Foillard, son arrière-grand-oncle résistant qui fut fusillé par les Allemands en juillet 1944. À l'aube de sa vie, le jeune homme espère trouver chez son aïeul un guide dans sa quête de Dieu.

Vingt ans, l’âge de toutes les audaces. Celui où tous les rêves sont à portée de main. Lui, à vingt ans, rêve de bâtir sa vie d’homme sur des fondations solides. C'est ce qui a conduit Ferréol à enfiler ses chaussures de marche et à prendre la route sur les pas d'un guide un peu particulier. Son arrière-grand-oncle, Jean Foillard, était un résistant du maquis du Vercors qui fut exécuté par les Allemands, le 27 juillet 1944. Quatre-vingts ans plus tard, Ferréol entreprend, à sa suite, une longue marche de 500 km en trente jours, retraçant les lieux importants de la vie de son aïeul.

Si le jeune homme a toujours entendu parler de cette mythique figure familiale, ce n'est qu'au début de ses études de droit qu'il découvre réellement son histoire. "J'ai été très ému quand j'ai commencé à lire ses lettres", confie-t-il à Aleteia. "Quand je vois ce qu’il écrit, certains de ses combats spirituels, je m’y retrouve assez bien. Il était dans une profonde recherche de Dieu." Cette quête de Dieu que Ferréol décèle dans les écrits de Jean est la même que celle qui habite son coeur. Le jeune homme est touché par l'exemple de cet aîné, dont l'âme était pétrie des valeurs du scoutisme. Jean Foillard avait accepté de donner sa vie en servant une cause qui le dépassait. À vingt ans, Ferréol cherche à savoir comment donner la sienne. "J’espère croiser l’ombre de mon aïeul sur un sentier", nous confiait-il avant son départ. "C’est un modèle qui doit m’aider à faire des choix pour ma vie. Je ne connais pas les moyens mais ce qui m’intéresse, c’est de chercher Dieu."

Un pèlerinage sur les pas de Jean Foillard

Cette marche, il ne la conçoit pas comme un exploit sportif, malgré les chemins escarpés et l'épaisse végétation du Vercors contre lesquels il se bat. Il la vit comme un pèlerinage. Le jeune homme est parti le 14 juillet de Lyon, où Jean Foillard est né, et prévoit d'arriver sur sa tombe le 15 août, jour de l'Assomption. "Je me suis rendu compte que ça n’avait aucun sens pour moi de faire cette marche si ce n’était pas avec Dieu", assure-t-il sur la route. La première semaine de son périple en Ardèche et au Pilat est particulièrement éprouvante pour le marcheur, qui ne s'attendait pas à trouver la solitude si difficile. "Quand on part pour un mois, on quitte nécessairement quelque chose, c’est une forme d’arrachement et donc c'est dur par nature", explique-t-il.

Mais cette expérience de la vulnérabilité porte aussi des fruits que le jeune homme ne soupçonnait pas. "J’ai expérimenté une capacité à être “à la merci” de mon prochain. À chaque fois que je rencontrais quelqu’un, que je voyais un visage, j’en avais presque les larmes aux yeux", sourit-il. " C’est une drôle d’émotion que Dieu a mis dans mon cœur, je ne m’attendais pas à être à ce point déstabilisé par la solitude, mais c’était une belle façon de m’aider à m’ouvrir à mon prochain." La générosité des gens qu'il croise sur son chemin le bouleverse, comme cette femme qu'il rencontre par hasard dans une chapelle, et qui lui propose de l'accueillir chez elle pour la nuit. "Elle était tout illuminée par Dieu en permanence", se rappelle le jeune pèlerin avec tendresse. "J’étais déstabilisé de voir quelqu'un qui se laissait autant travailler par Dieu, je me sentais un peu pâlot à côté", ajoute-t-il dans un rire.

"Partir au maquis, c'est préparer le retour"

Puis arrive le moment tant attendu de la marche dans le Vercors, là où Jean Foillard a vécu ses dernières heures avant d'être arrêté, torturé et fusillé. Ferréol est là, le 27 juillet 2024, quatre-vingts ans jour pour jour après l'exécution. "Le tracé n'était pas évident, je me suis levé dans la même cabane que lui, à 3 heures du matin, dans une nature sublime, en dehors des sentiers", raconte-t-il. Quelques heures de marche plus tard, il assiste à la cérémonie d'hommage, sur le lieu de l'assassinat, à Revolleyre. Un moment très émouvant auquel il a pu assister avec l'un de ses frères qui avait fait le déplacement pour l'occasion.

Au pied de la croix de la chaîne de Belledonne.

Ferréol veut profondément que sa démarche puisse être utile à d'autres. Il partage donc quelques photos de son périple sur Instagram, où il invite ses abonnés à faire un don au Bleuet de France, une association qui soutient entre autres les blessés de guerre et leurs familles. Pas rien pour ce fils et frère de militaires. "Je ne serai jamais dans l'armée, mais j'avais profondément envie moi aussi de m’inscrire dans cette lignée", explique-t-il. Dans quelques jours, le jeune homme arrivera au terme de son pèlerinage, à l'endroit où repose où son arrière-grand-oncle, près de Grenoble. Mais comment rentrer d'un tel voyage ? Le pèlerin trouve une partie de la réponse dans ce qu'il appelle la "théorie du maquis". "Partir au maquis c’est préparer le retour", explique-t-il. "C'est le sens de ma démarche, partir dans un lieu reculé avec l’espoir d’un retour pour mieux servir. Ce que je veux c’est avoir une meilleure relation avec Dieu et avec les autres à mon retour. J’ai beau ne pas toujours aimer cette époque, il n’en demeure pas moins que je veux servir mon frère."

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