separateurCreated with Sketch.

Thérèse et Céline, les deux faces de la même “petite voie”

Céline Martin, Thérèse de Lisieux
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Céline est un guide fiable et plein d’humour pour entrer dans le monde de la petite Thérèse de Lisieux. Celle qui fut sa sœur la plus proche disait de Thérèse qu’elle était la voie de la grâce et elle la voie de la nature.

Céline Martin (1869-1959), ou Sœur Geneviève de la Sainte-Face, est bien connue des lecteurs de la petite Thérèse. Dans l’Histoire d’une âme, elle apparaît comme le témoin privilégié des grâces reçues par sa sœur. C’est à l’occasion de ses lettres écrites à Céline, entre 1888 et 1894, que Thérèse jette sur le papier les premières intuitions de sa "petite voie". C’est avec Céline d’abord que Thérèse s’offre à l’Amour miséricordieux en juin 1895. Dans Conseils et Souvenirs (1952), elle livre au grand public les enseignements oraux que Thérèse lui a prodigués durant ses premières années au Carmel. 

Un personnage clef

À ces textes, toujours bien connus aujourd’hui, il faut ajouter les multiples contributions de Céline à la diffusion de l’enseignement de Thérèse au début du XXe siècle : sa déposition au procès de béatification (1910-1911), la rédaction de L’Esprit de la Bienheureuse Thérèse de l’Enfant-Jésus (1923), du Catéchisme de l’amour miséricordieux (1927-1928), ses peintures, le suivi de la construction de la basilique de Lisieux, etc. Céline est un personnage clef pour entrer dans le monde de Thérèse. Elle s’est pourtant effacée. À l’image du Précurseur qui se réjouit de s’abaisser pour que le Maître grandisse, Céline s’est cachée pour que la doctrine de Thérèse brille. 

Leurs âmes sont tellement bien accordées que la "main de Jésus qui touche une des lyres fait en même temps vibrer l’autre..."

La publication relativement tardive de son autobiographie ne relève donc pas d’une erreur de parcours. Elle est inscrite dans la "stratégie" de Céline. Il fallait que Thérèse soit connue pour que sa place à elle puisse être comprise. Bien que le voile jeté sur sa mission puisse s’expliquer par des raisons humaines — elle a gardé jusqu’à sa mort un caractère fort qui a incité les premiers théologiens de la "petite voie" à garder une certaine réserve à son sujet —, il n’est pas interdit de voir dans son effacement une mise en réserve ménagée par la Providence pour la faire connaître au moment opportun. Au contact de Céline la "petite voie" de Thérèse s’éclaire d’une lumière nouvelle. 

Une même âme avec Thérèse 

Pour comprendre l’importance de Céline dans la spiritualité de Thérèse, il suffit d’écouter les paroles de Thérèse elle-même. Avec Céline, écrit-elle, "la même âme nous animait" (Lettres de Thérèse-LT 57). Le "même trône est réservé à celles qui sur la terre n’ont jamais été qu’une seule âme..." (LT 127). Entre l’âme de Thérèse et celle de Céline, "c’est plutôt l’unité que l’union qui existe" (LT 132) pour former une "unité d’âmes et de pensées" (LT 137). Leurs âmes sont tellement bien accordées que la "main de Jésus qui touche une des lyres fait en même temps vibrer l’autre..." (LT 142). Ainsi elles "s’uniront toujours de plus en plus, [et] en elles s’accomplira cette prière de Jésus : "Mon Père, qu'ils soient un comme nous sommes un.""

Dans cette "unité" des deux sœurs, chacune occupe une fonction complémentaire.

Exagérations d’une jeune fille à l’égard de sa sœur la plus proche ? Compensation fusionnelle d’une psychologie blessée par le décès prématuré de sa mère ? Les spécialistes de Thérèse nous ont appris à prendre en compte la dimension psychologique de son expérience sans pourtant l’y réduire. Les paroles de Thérèse sont beaucoup plus sérieuses qu’on ne le pense généralement. Ne disait-on pas, d’ailleurs, que l’admiration de Thérèse pour son père, qu’elle considérait comme un saint, était excessive ? L’Église a pourtant donné raison à Thérèse en élevant Louis Martin sur les autels. Pourquoi donc Thérèse se tromperait-elle lorsqu’elle parle de Céline ? Si nous acceptons de la prendre au sérieux, ses propos invitent à jeter un regard nouveau sur leur relation. En admettant que selon les propos de Thérèse, elles ne forment « qu’une seule âme », la connaissance de Thérèse et de sa doctrine ne peut être complète que lorsqu’elle est achevée par celle de Céline. À elles deux, elles laissent apparaître la "petite voie" sa double facette. 

La voix de la nature et la voix de la grâce

S’il revient à Thérèse de qualifier l’intensité de sa relation à Céline, c’est Céline qui en indique la finalité. Dans cette "unité" des deux sœurs, chacune occupe une fonction complémentaire. Comme Céline l’explique souvent, dans sa conduite c’est "la voix de la nature [qui se fait] entendre et dans celle de Thérèse, la voix de la grâce" (Histoire d’un tison arraché du feu, f°11). Les "foncés" des traits naturels et défectueux de Céline permettent de "mettre en relief la radieuse lumière" de Thérèse (Ibid., f°20). Déjà, lorsque, enfants, elles jouaient dans des pièces de théâtre "où il entrait de bons et de mauvais sujets, le vice était appelé à faire ressortir la vertu et… c’était toujours moi, écrit Céline, qui avais ce rôle défectueux" (Ibid., f°25) ! Le contraste n’est pas à son avantage, pourrions-nous regretter. 

Pour tous ceux qui peinent à marcher sur le chemin d’humilité enseigné par Thérèse, Céline est un guide fiable, accessible et plein d’humour ! Une véritable amie de route.

Mais Céline s’est expliquée à ce sujet. Lorsque, après la publication de Conseils et Souvenirs, on lui reproche d’étaler d’une manière trop crue ses défauts, elle réplique avec bon sens : "Ce n’est pas parce que le monde entier verra que j’ai des défauts que j’en aurai un de plus" (cité par Stéphane-Joseph Piat dans Céline. Sœur et Témoin de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Office central de Lisieux, 1964, p. 157). En ses difficultés persistantes, elle voyait un mystérieux projet de Dieu : "Il était dans [l]es desseins [de Dieu] que, chez moi, les vertus, les grâces, fussent “à retardement”. Chez Thérèse, la “bombe” de grâces éclatait sur le coup !" (Ibid.) 

Un guide fiable et plein d’humour

La fulgurance de la vie de Thérèse aurait pu faire croire que la mise en pratique de sa doctrine n’incluait pas la pesanteur de la chair, qu’il "suffisait" de se jeter dans les bras du bon Dieu pour la vivre parfaitement. Le témoignage de Céline montre comment ce travail implique une maturation qui respecte le rythme et les méandres de la nature humaine. Céline ne dit rien d’autre que ce que dit Thérèse, mais elle montre comment sa doctrine prend chair. De même que le Verbe assume une nature humaine pour manifester la face du Père, par analogie, Céline apporte à la "petite voie" de Thérèse une humanité avec toutes ses ressources et même ses défauts pour qu’à travers elle se révèle la face du Christ :

"Je l’ai toujours dit, Thérèse est l’image de la grâce et moi l’image de la nature, mais Jésus ne dédaigne pas cette seconde image puisqu’il en a revêtu les livrées jusqu’à prendre sur lui les tares mêmes de nos péchés. Ah ! je ne m’étonne pas d’avoir pu réussir la Face douloureuse de mon Jésus. On a dit, je le sais, qu’une âme pure avait seule le don de reproduire un si beau Visage et moi je sais encore que pour comprendre de telles blessures il a fallu une âme qui en portât les empreintes…" (Histoire d’un tison..., f°49-50).

Pour tous ceux qui peinent à marcher sur le chemin d’humilité enseigné par Thérèse, Céline est un guide fiable, accessible et plein d’humour ! Une véritable amie de route. Qu’elle accompagne, depuis le ciel, tous ceux qui se mettent à l’école de la petite voie !

Pratique :

Pour faire la découverte de Céline, Autobiographie de la sœur et novice de la Petite Thérèse sur Editions du Carmel

Découvrez aussi les plus belles citations de Thérèse de Lisieux :

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)
Newsletter
Recevez Aleteia chaque jour. Abonnez-vous gratuitement