Il est des vies et des témoignages qui forcent le respect. Jimmy Lai, 76 ans, homme d’affaires catholique et fervent défenseur de la démocratie à Hong Kong, en fait partie. Accusé par Pékin de trahison pour collusion avec des forces étrangères, il est emprisonné depuis 2020. Initialement prévu pour s'ouvrir en 2022, son procès historique sur la sécurité nationale a été reporté au 18 décembre 2023. Estimé à 80 jours, il s'est poursuivi jusqu'au 11 juin avant de reprendre à nouveau le 25 juillet. Mais le tribunal a annoncé un nouveau report au 20 novembre où il devrait enfin témoigner pour la première fois. Jimmy Lai purge actuellement sa peine dans la prison de haute sécurité de Stanley à Hong Kong et a passé plus de trois ans et demi en isolement depuis son arrestation en décembre 2020. Il restera donc à l’isolement, à nouveau, jusqu’à fin novembre.
Pour mémoire, Jimmy Lai a été le rédacteur en chef du journal d'opposition Apple Daily, fermé en 2021 par les autorités au nom de la nouvelle loi sur la sécurité nationale. Incarcéré depuis 2020 car accusé de collusion avec les forces étrangères selon les dispositions prévues par la très sévère loi sur la sécurité nationale, son procès s’est officiellement ouvert trois ans après. Fervent catholique depuis sa conversion en 1997 et défenseur des mouvements prodémocratie, ses prises de position très critiques du pouvoir ont fait de lui l'une des icônes du combat contre la Chine communiste. Pour mémoire, la loi sur la sécurité nationale vise à interdire "la trahison, la sécession, la sédition et la subversion". Utilisée comme un véritable outil de répression contre la moindre opposition au Parti Communiste Chinois (PCC), elle a mis fin de facto au principe "Un pays, deux systèmes" instauré depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.
Entre dix ans de prison et la perpétuité
Jimmy Lai risque entre dix ans de prison et la perpétuité. Un risque d'autant plus élevé que depuis l'adoption de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, jamais aucun accusé n'a remporté son procès. Lors de la séance du 26 février, le procureur est allé jusqu’à produire une "preuve" de collusion de l’ancien patron de presse avec des forces étrangères, en citant Donald Trump qui, après l’arrestation de l’entrepreneur en 2020, avait désigné publiquement l’éditeur de l’Apple Daily comme "un homme courageux", rapporte Asia News. Mais le milliardaire Jimmy Lai a choisi de plaider non coupable lors du procès et de "témoigner dans cette affaire", a déclaré son avocat, Robert Pang. À l’isolement, Jimmy Lai a, dans une certaine mesure, déjà témoigné : par sa volonté, sa droiture mais, surtout, sa foi. Une foi en Jésus sur laquelle il s’appuie et puise la force nécessaire pour continuer son combat.