"Le diable est dans les détails", dit l’adage. Jusque dans la liturgie, durant laquelle le moindre objet doit convenir à son usage sacré puisqu’il s’agit de permettre, certes très matériellement, que soit actualisé le sacrifice du Christ, mort et ressuscité pour le salut du monde. À l’autel, plusieurs linges sont mis à contribution durant l’offertoire, la consécration et la purification. Tissés en fibres naturelles (lin et coton), une croix brodée rappelle leur fonction liturgique. La pale, le manuterge, le purificatoire ou le corporal, à des degrés divers, protègent ou touchent les espèces sacrées et témoignent du respect dû au Corps et au Sang du Seigneur.
Ce respect explique d’ailleurs qu’on ne lave pas comme du linge ordinaire ceux de ces tissus qui sont en contact avec le pain et le vin. Le purificatoire, qui peut avoir absorbé des gouttes du Sang du Christ, et le corporal qui, comme son nom l'indique, est le réceptacle de morceaux du Corps de Jésus, doivent être nettoyés avec un soin particulier. Avant cela, ils trempent assez de temps pour que se dissolvent les éventuelles traces de la présence réelle de Jésus. Ils sont ensuite lavés, amidonnés et repassés avec des plis qui permettront de les distinguer dans la sacristie : en six rectangles pour le purificatoire, en neuf carrés pour le corporal.
Le manuterge est plus simple à laver. Puisqu’il ne touche ni le Corps ni le Sang de Jésus, aucun protocole particulier n'est mis en place, si ce n'est pour le pliage, en accordéon dans le sens de la longueur puis en deux. Quant à la pale, carré entoilé qui doit éviter aux impuretés de tomber dans le calice, elle est nettoyée à sec ou bien la couture, amovible, permet d'enlever le carton le temps du lavage pour ne pas l'abîmer.