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Moins de 5% des cardinaux électeurs ont été nommés par Jean Paul II

CONSISTOIRE

Cardinaux dans la basilique Saint Pierre de Rome, lors du consistoire du 27 août 2022.

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I.Media - publié le 04/08/24
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Avec le 80e anniversaire du cardinal tanzanien Polycarp Pengo le 5 août prochain, le collège des cardinaux perd mécaniquement un électeur en cas de conclave. Le départ du prélat africain élevé à la pourpre en 1998 par Jean Paul II porte à 6 le nombre de cardinaux nommés par le pontife polonais encore en âge de voter, soit moins de 5% du collège. Le pape François a quant à lui créé près des trois quarts des cardinaux en capacité de voter en cas de conclave.

Ils ne sont plus que six cardinaux électeurs – dont cinq Européens – à avoir été choisis par Jean-Paul II pour siéger au Sacré Collège. Si demain un conclave avait lieu, le cardinal Schönborn (Autriche), le cardinal Puljić (Bosnie-Herzégovine), le cardinal Turkson (Ghana), le cardinal Bozanić (Croatie), le cardinal Barbarin (France) et le cardinal Erdö (Hongrie) seraient les seuls cardinaux de l’ère Jean Paul II à pouvoir voter pour un nouveau pape. Ils seraient aussi naturellement les seuls à bénéficier de l’expérience de deux conclaves, puisqu’ils ont chacun pris part à l’élection de Benoît XVI en 2005 puis celle de François en 2013.

Depuis une décision du pape Paul VI en 1970, le collège des cardinaux électeurs évolue non plus seulement en fonction du décès de ses membres mais surtout en fonction de leur âge. Le Pape, "après une longue et mûre réflexion", avait en effet décidé "pour le bien supérieur de l’Église" de retirer le droit de vote aux cardinaux ayant dépassé les 80 ans. Il avait aussi fixé en 1975 une limite théorique à 120 cardinaux électeurs – plafond bien souvent dépassé mais qui sert toutefois de référence.

Aujourd’hui, sur les 235 cardinaux que compte le Sacré Collège, 111 ne peuvent d’ores et déjà plus voter car ils ont dépassé les 80 ans*. Critiquée à l’époque – notamment par les cardinaux âgés -, la règle de Paul VI a obligé ses successeurs à renouveler régulièrement ce collège dont la composition est réservée à leur seule discrétion.

La règle des 80 ans avait renforcé la surreprésentation des cardinaux nommés par Jean-Paul II lors du conclave de 2005. En un peu plus de 26 ans de pontificat, le Polonais avait ainsi créé 113 des 115 cardinaux ayant mis un bulletin dans l’urne. Parmi les deux seuls cardinaux électeurs nommés par Paul VI se trouvait un certain cardinal Joseph Ratzinger.

Lors du conclave de 2013, les cardinaux électeurs créés par Benoît XVI durant ses 8 ans de pontificat représentaient les 3/5e du collège. Aujourd’hui, plus qu’un 1/5e des électeurs ont été nommés par le pontife allemand. Cette limite d’âge implique aussi que 42% des cardinaux actuels ne seront plus électeurs dans 5 ans puisque 53 des 124 cardinaux ont entre 75 et 80 ans.

Deux « poids lourds » choisis par Jean Paul II

Parmi les six "vétérans" du collège électeur nommés par Jean Paul II, deux font figure de "poids lourds" : le cardinal archevêque de Vienne Christoph Schönborn et le cardinal archevêque de Budapest Peter Erdö. À 72 ans, ce dernier est parfois présenté par les médias comme un ‘papabile’, c’est-à-dire, comme un évêque ayant des raisons de recevoir le suffrage de ses pairs et de devenir pape.

Considéré comme l’une des principales incarnations d’un conservatisme éclairé dans le collège cardinalice, ce Hongrois préoccupé par l’unité de l’Église et la défense de la liberté religieuse a été le plus jeune cardinal à participer au conclave de 2005. Universitaire et intellectuel – comme l’était Benoît XVI -, cet administrateur a fait preuve de loyauté vis-à-vis de François depuis le début de son pontificat, et ce malgré des différences de priorités pastorales et de style. Preuve d’une relation d’estime entre le pape et lui, il est le seul cardinal non italien à avoir reçu à deux reprises le pape François dans son diocèse, en 2021 et 2023.

Autre personnalité très écoutée au sein de l’Église catholique, le cardinal Christoph Schönborn fait figure de pont entre les pontificats de Jean Paul II, Benoît XVI et François. En 2005, il a participé au conclave qui a vu son "ami" Joseph Ratzinger monter sur le trône de Pierre. Il confiera d’ailleurs en 2023 qu’il avait écrit une note au cardinal allemand pour l’encourager à accepter la charge si les cardinaux le choisissaient. 

En 2013, il a voté pour le cardinal Bergoglio. Il s’est ensuite imposé comme un des grands défenseurs des réformes portées par le pontife argentin, jouant notamment un rôle actif lors des synodes sur la Famille (2014-2015) pour trouver un compromis sur la question polémique de la communion à accorder ou non à certaines personnes divorcées et remariées civilement.

Signe de la confiance du pape François à son égard, il est encore à la tête de l’archevêché de Vienne malgré une mauvaise santé et le fait qu’il ait largement dépassé l’âge théorique de la retraite pour les évêques fixé à 75 ans. Si un conclave avait lieu avant son 80e anniversaire, en janvier prochain, Christoph Schönborn jouerait certainement un rôle clé lors des discussions sous les fresques de la chapelle Sixtine.

Le cardinal Turkson, moins en vue depuis 2022

Sur les quatre autres cardinaux encore électeurs créés par Jean Paul II, seul le cardinal Peter Turkson n’est pas retraité. Le nom du prélat ghanéen avait circulé lors du conclave de 2013, mais surtout du côté des bookmakers puisqu’il n’aurait recueilli que deux voix au premier scrutin selon le vaticaniste Gerard O’Connell. 

Créé cardinal par Jean-Paul II en 2003, il avait été choisi par Benoît XVI pour prendre en 2009 à Rome la présidence du Conseil pontifical Justice et Paix. Sous François, il est un des artisans de l’encyclique Laudato Si’ sur l’écologie intégrale. Le pape argentin lui a confié les rênes de l’un des plus gros dicastères de la Curie romaine, celui du Service du développement humain intégral. 

Mais en avril 2022, alors que ce dicastère traversait des turbulences internes liées à la délicate fusion d’entités vaticanes, le pape argentin a nommé le Ghanéen chancelier des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales. Un poste certes prestigieux mais qui n’a pas la même dimension stratégique dans le gouvernement de l’Église catholique. 

Trois cardinaux à la retraite mais toujours électeurs

Créé lui aussi cardinal lors du consistoire de 2003, le dernier de Jean Paul II, le cardinal Philippe Barbarin a vu sa démission de l’archidiocèse de Lyon être acceptée par le pape François en 2020 alors qu’il avait 69 ans. Relaxé peu avant par la justice française dans un procès où il était accusé de non-signalement des agissements pédocriminels de l’ex-prêtre Bernard Preynat, Philippe Barbarin s’était déjà mis en retrait de son diocèse. À 73 ans, celui qui reste une des figures importantes de l’Église en France de ces 25 dernières années réside aujourd’hui dans le diocèse de Rennes où il est aumônier de la Maison mère des petites sœurs des pauvres. 

Après plus de 30 années de service à la tête de la communauté catholique de Vrhbosna – ancien nom de Sarajevo – le cardinal Vinko Puljić a pour sa part remis sa charge d’archevêque en 2022.  Choisi comme cardinal par le pape polonais lors du consistoire de 1994, le Bosniaque est le plus ancien membre du collège électeur.

Enfin, le cardinal croate Josip Bozanić, 75 ans, est parti à la retraite l’an passé pour des raisons de santé. Né en République socialiste de Yougoslavie, il était devenu archevêque de Zagreb en 1997, diocèse qu’il aura donc servi près 26 ans.

*Sur décision du pape François, le cardinal Becciu, 76 ans, s’est vu déposséder en 2020 de son droit de vote.

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