Si saint Paul Tchen, fêté le 29 juillet, est entré au martyrologe romain il y a bien longtemps, lors de sa béatification par saint Pie X en 1908, 2024 marque son entrée dans le patrimoine français. En effet, les travaux de reconstruction de Notre-Dame de Paris ont placé sous son patronage une chapelle du collatéral Sud, anciennement dédiée aux âmes du Purgatoire. Le saint martyr chinois, né le 11 avril 1838 à Sintchen, dans le sud de la Chine, avait déjà fait son entrée dans la chapelle du bas-côté nord dédié à la Sainte Enfance de la cathédrale en 2018, où reposent ses reliques depuis 1920. Mgr Michel Aupetit, alors archevêque de Paris, y avait alors installé une toile du peintre Yin Xin figurant le jeune séminariste tué à l'âge de 23 ans en haine de la foi.
Né dans une famille non chrétienne et très pauvre, Chen Changpin reçut son instruction religieuse grâce au soutien de l’Œuvre Pontificale de l’Enfance Missionnaire, fondée en France grâce à l'intuition de la bienheureuse Pauline Jaricot. Admis au petit séminaire en 1853, à tout juste 15 ans, le jeune Paul reçut le baptême la même année, le jour de Noël. Sûr de sa vocation et ferme dans sa foi, malgré les invectives de son père, il rejoint le grand séminaire en 1860, quelques mois avant son arrestation par des soldats impériaux. Il est emprisonné avec deux autres séminaristes, Joseph et Jean Baptiste et un cultivateur du pays, Jean-Baptiste Luo Tingyin. Malgré les souffrances, aucun d'entre eux ne renie leur foi. Une veuve convertie, Marthe Wang, entrée au service de l'Église et amie des prisonniers les rejoint dans leur martyre. Quelques jours avant leur mort, les trois séminaristes adressent ensemble une dernière lettre en latin à leur évêque, Mgr Faurie : « Nous sentons que le jour approche, autour de nous il y a tant de silence, nous sommes sereins, nous éprouvons une paix extraordinaire. Nous sentons que le Seigneur est avec nous ».