Louis, autiste et boulanger : “C’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé possible !”

Dès son plus jeune âge, Louis montre un vif intérêt pour la cuisine. "Tout petit déjà, il était fasciné par les cuisines vendues chez Ikea !", se remémore sa mère. Il aime passer du temps en cuisine avec elle ou réaliser des pâtisseries avec ses grands-mères. Pour lui, la cuisine a toujours été un lieu dans lequel il se sent calme et apaisé. Ses pains et ses gâteaux ont toujours rencontré un immense succès, ce qui lui procure une profonde satisfaction personnelle et le valorise !  

"Puisqu’il est très amical, sociable et charmant, les gens sont surpris d’apprendre qu’il est autiste, car nous avons tendance à croire que les personnes autistes évitent les interactions sociales", explique sa mère Joséphine, 50 ans, journaliste et professeur d’anglais à Paris. Cependant Louis, aujourd’hui âgé de 16 ans, aime être entouré de ses amis et de sa famille élargie, même si d’autres situations provoquent chez lui une hyper-anxiété. Ainsi, lorsqu’il doit prendre le métro, il reste sur ses gardes et préfère ne pas écouter de musique pour être prêt à toute éventualité. Il est également extrêmement anxieux lorsque les règles ne sont pas respectées. Plus encore, si des gens trichent lors d’un match de football, cela peut entraîner chez lui des torrents de larmes. "Si vous ajoutez à cela sa dyspraxie – un trouble de la coordination qui complique considérablement son éducation – le parcours scolaire traditionnel s’avérait trop intimidant et décourageant", ajoute sa mère. 

À ses 14 ans, sa mère prend une décision difficile, dans l’incertitude et le doute, susceptible de changer radicalement la vie de Louis. Elle choisit de le sortir du cursus scolaire classique et de lui permettre de se consacrer à sa passion pour la pâtisserie. Elle l’inscrit alors au Lycée Albert de Mun, à Paris, pour y suivre un CAP boulangerie. "Il pouvait enfin avoir la possibilité de développer une carrière épanouissante et gratifiante… tout en ramenant à la maison des croissants à volonté pour la famille !", s’exclame-t-elle avec joie.

Louis a été enchanté de quitter les cours théoriques de l’école classique pour   une formation plus pratique, où les mathématiques et les autres matières habituelles sont enseignées en lien avec sa future carrière. De plus, il y a l’opportunité d’acquérir des compétences professionnelles dans des boulangeries, grâce à divers stages. "Tout cela lui semble logique, a un sens pour lui."

À la fin de sa première année de formation, Louis produisait déjà d’excellentes baguettes et au sortir de la deuxième, il maîtrisait parfaitement la confection des croissants. Élève dans une école catholique, il a même eu l’occasion de livrer des produits de boulangerie aux églises, y compris à la cathédrale Notre-Dame de Paris. "C’était probablement la première fois de sa vie qu’il se sentait réellement utile !", confie sa mère. 

Au cours de sa formation, Louis a également tissé de nombreuses amitiés et est même devenu un soutien précieux pour un camarade malvoyant. Après avoir obtenu son CAP, il prévoit de poursuivre un bac professionnel en boulangerie dans la même école, avec l’ambition de devenir un boulanger de haut niveau. "C’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé possible !". Tout ce parcours a été épuisant pour sa mère, mais elle a suivi son intuition, écouté son enfant et recherché ce qui l’épanouissait réellement. Aujourd’hui, elle est profondément reconnaissante. Quel est le rêve de Louis pour l’avenir ? "Il rêve d’ouvrir une boulangerie dans la ville natale de ses grands-parents, en Angleterre !".