Prêtres et évêques emprisonnés, communautés expulsées, processions interdites. Depuis six ans, les catholiques du Nicaragua vivent dans l’enfer de la persécution, mais comment en est-on arrivé là dans ce pays où la quasi-totalité de la population est chrétienne ? Retour en 2018, une année marquée par des manifestations gigantesques contre le président Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007. Les évêques tentent de jouer un rôle de médiateur, mais deviennent en réalité rapidement des soutiens aux manifestants. Ils n’hésitent pas à les protéger en ouvrant les églises, pour éviter que plus de sang ne coule dans les rues et demandent le départ d’Ortega, considéré comme illégitime par une grande partie de la population.
Daniel Ortega, qualifié de dictateur par ses opposants, commence alors un travail de sape qui s'apparente à une véritable persécution contre l’Église catholique, dernière institution à lui faire face à partir de 2019 en visant ses leaders comme Mgr Rolando Alvarez. L’évêque de Matagalpa, opposant célèbre du régime, avait été condamné à 26 ans de prison pour “conspiration” en 2022, avant d’être libéré début 2024 et expulsé vers le Vatican.
Attaque des institutions et des croyants
Après les responsables de l’Église, il s’attaque aux institutions et aux croyants : expulsion de plusieurs centaines de prêtres, religieux et religieuses du pays. Gel des comptes bancaires des paroisses et des diocèses, pour les paralyser. Expulsion du nonce apostolique du pays. Interdiction des chemins de Croix pour Pâques et même évêques tabassés par des troupes paramilitaires. Aujourd’hui, le Nicaragua est à la 30e place de l’index mondial de persécution des chrétiens de l’ONG Portes Ouvertes. Une place qu’elle ne devrait pas quitter avant un changement de régime qui cherche à l’étouffer, pour détruire la dernière institution dans le pays à incarner une résistance au pouvoir de Daniel Ortega.