Vous voulez une preuve de l’anachronisme de la religion catholique ? C’est cette insistance maladive que ses membres ont à se comparer à des brebis. C’était peut-être bien il y a 2.000 ans, mais aujourd’hui, c’est gravement périmé, cela ne dit plus rien à personne. Non seulement cela ne dit plus rien, mais c’est même insultant de se faire traiter de mouton : le mouton, c’est celui qui suit sans réfléchir, qui ne fait preuve d’aucune initiative, qui ne sait vivre qu’en troupeau, incapable de se gouverner. Comment comprendre cela au jour de l’autonomie et de l’individualisme roi ?
Cet immense troupeau d’hommes libres
Et voilà que les lectures de ce jour en remettent une couche ! Non seulement elles nous comparent à des brebis, mais en plus, des brebis qui se laissent mener, comme on se laisse mener par le bout du nez. C’est bien cela : les catholiques, incapables de penser par eux-mêmes, ont toujours besoin de quelqu’un qui pense pour eux : le pape, l’évêque, le curé, toujours quelqu’un pour leur dicter leur conduite sur une route bien tracée et eux, ils s’en vont en bêlant "amen" !
"Non ! décidément, je ne comprends pas le catholique moyen, moi, je me suis affranchi de tout ça depuis longtemps, je suis mon propre maître, je vais où je veux, je choisis mon chemin et personne ne me dicte ma conduite, moi, je suis un homme libre." C’est à peu près ce que vous entendrez si vous lisez les lectures de ce dimanche à l’un de ces hommes libres qui regardent Tadej Pogačar enfiler les cols du Tour de France, en s’accoudant au comptoir d’un PMU ou qui regardent devant sa télévision Antoine Dupont humilier les Bordelais. Oui ! vous voyez de qui je veux parler, de cet immense troupeau d’hommes libres, de cet immense troupeau d’hommes libérés du joug de la religion, de l’emprise que faisait peser l’Église catholique sur leur liberté, depuis des siècles.
Ce juste chemin
Libérés, sont-ils vraiment libérés ? Libérés de quoi ? Et cette nouvelle oppression, n’est-elle pas pire que la précédente ? Comme homme, nous devons choisir un chemin et nous y engager, un chemin de vie, un chemin sur lequel avancer. Ne pas choisir de chemin, c’est courir le risque de l’immobilisme et embrasser un destin d’huître, un destin statique. En changer toutes les dix minutes, c’est courir le risque de tous les essayer, mais de n’aboutir à rien, embrasser un destin de feuille morte qui se laisse mener par le vent de ses envies, de ses caprices. Le psaume 22 nous parle de ce chemin de vie, ce "juste chemin" sur lequel le Seigneur nous conduit.
Notre homme libre d’aujourd’hui qui ne s’en laisse pas compter, m’interrompt : "Oui, enfin, ce juste chemin, c’est vite dit ! Qu’est-ce qui vous permet de dire qu’il est juste ? Moi, je préfère toujours choisir moi-même mon chemin, me fier à mon instinct infaillible." Ah oui ? Mais alors comment savez-vous que votre chemin est le bon, puisque vous ne faites confiance à personne d’autre qu’à vous-même et que ce chemin vous ne l’avez encore jamais parcouru, vous n’en connaissez pas le bout ?
Le berger qui rassure
Eh oui ! non seulement il faut choisir de s’engager sur un chemin, mais sur ce chemin il faut faire confiance à quelqu’un, quelqu’un qui l’ait déjà parcouru, quelqu’un qui nous "guide et nous rassure" (Ps 22). Alors nous pouvons choisir un de nos bergers modernes : Antoine Dupont par exemple, le nouveau dieu tellement humain ; notre instinct qui ne nous trompe jamais (cette infaillibilité que l’on refuse au Pape, mais que l’on s’accorde facilement à soi) ; le dernier politique qui a parlé, ma cartomancienne attitrée, l’horoscope de la dépêche du midi ou je ne sais quel gourou fumeux... Libre à vous de choisir votre berger qui vous conduira sur ce chemin !
Mais à choisir : berger pour berger, je choisis Jésus mon frère ; troupeau pour troupeau, je choisis l’Église ma mère. Si nous sommes à la messe aujourd’hui, c’est que nous avons résolument choisi Jésus-Christ comme berger, c’est que nous lui faisons plus confiance qu’à tous les vendeurs de rêves modernes et nous avons raison de lui accorder notre confiance parce que lui seul ne peut ni se tromper ni nous tromper, lui seul est avec nous tous les jours de notre vie, lui seul connaît le chemin du bonheur, lui seul nous mènera vers "la maison du Seigneur pour la durée des jours".
Comme les apôtres
C’est bien ce qu’ont éprouvé les apôtres, c’est bien ce qu’ils ont enseigné aux hommes de Galilée quand ils sont partis en mission deux par deux. Les gens ont entendu leur parole, ils ont vu dans leur regard qu’ils avaient trouvé le bon berger, alors ils les ont suivis pour qu’il les mène jusqu'à lui, jusqu'à celui qui leur montrera le juste chemin. Cela faisait longtemps qu’ils se fatiguaient sur des chemins de traverse et autre culs-de-sac qui ne mènent nulle part. Ils étaient épuisés, comme des brebis sans berger. Alors en arrivant aux pieds de Jésus, ils se sont assis sur ces prés d’herbe fraîche, ils se sont reposés et ils ont écouté le bon berger.
Nous sommes ces apôtres, nous en connaissons de ces brebis sans berger qui cherchent le juste chemin et qui s’épuisent dans l’anonymat de nos villes, de nos quartiers, de nos écoles. Comme les apôtres menons-les à Jésus, avec eux, reposons-nous auprès de lui.
Lectures du 16e dimanche du temps ordinaire :