Élisée, fils de Shaphat d’Abel-Mehola, était un cultivateur lorsque le prophète Élie le rencontra et en fit son successeur. Son nom signifie « Dieu est venu en aide » et cet homme de Dieu n’aura en effet de cesse de défendre le yahvisme, l’adoration exclusive du Dieu unique révélé au peuple d’Israël. Sa vie, sous les règnes de Joram, de Josaphat et Jéhu, fait l’objet dans la Bible au Livre des Rois de nombreux récits souvent légendaires et qui parfois se confondent avec ceux de son maître Élie.
Une succession haute en couleur
Alors que la vie terrestre du prophète Élie touchait à sa fin, son disciple Élisée lui fit cette demande pressante : « Que je reçoive une double part de l’esprit que tu as reçu ! » (2 Rs 2,9). Élie lui répondit que sa requête était délicate, mais que s’il l’apercevait enlevé au ciel sur un char de feu, cela signifierait alors qu’il serait le prophète qui lui succéderait… Or, c’est justement ce qu’il advint après avoir échangé ces dernières paroles et Élisée s’écria : « Mon père !... Mon père !... Char d’Israël et ses cavaliers ! » Puis il cessa de le voir. Il saisit ses vêtements et les déchira en deux ». Bouleversé, le jeune homme ramassa le manteau d’Élie qu’il avait fait tombé et s’arrêta sur la rive du Jourdain pour en frapper les eaux afin qu’elles s’ouvrent à son passage, ce qui survint effectivement à la deuxième tentative, Élisée était bien devenu prophète et successeur d’Élie…
Une myriade de miracles
La vie d’Élisée abonde ainsi de miracles tous plus surprenants les uns que les autres, témoignant de sa mission prophétique et de sa lutte incessante contre le paganisme qui affectait son peuple. L’exemple impressionnant des vauriens de Bethel suffira pour s’en convaincre : Alors qu’Élisée se rendait dans cette cité, de jeunes païens le moquèrent en lui lançant (2 Rs 2, 23-24) : "Vas-y, le chauve ! Vas-y, le chauve !" ; c’est alors qu’Élisée les maudit au nom du Seigneur et que deux ourses sorties du bois en déchiquetèrent quarante-deux d’entre eux ! .
De manière plus charitable, Élisée sera surtout connu pour ses nombreuses actions bienfaisantes envers les plus démunis tels ses dons de guérison et d’aide envers les plus pauvres dont la veuve dans le besoin ou encore la Sunamite qui était stérile et fut enceinte grâce à son intercession. C’est ce même enfant qu’il ressuscitera plus tard, comme le fera le Christ avec le fils de la veuve de Naïm.
Un sujet fertile pour les arts
La vie et les actions multiples d’Élisée relatées par le récit biblique offriront un terrain fertile pour les artistes qui n’auront de cesse d’en rapporter les hauts faits notamment le peintre néerlandais Pieter de Grebber, auteur en 1630 du tableau "Élisée refuse les présents de Naaman" en référence à la guérison miraculeuse du général araméen Naaman touché par la lèpre. Sur cette œuvre somptueuse, la richesse opulente du militaire guéri contraste avec l’apparence humble du prophète qui décline ces trésors en une opposition de couleurs et de matières saisissante…
Après la mort du prophète, l’histoire biblique rapporte encore un miracle étonnant survenu sur la tombe d’Élisée, ce qu’évoque avec un réalisme bouleversant l’œuvre de l’artiste hollandais Jan Nagel à la fin du XVIe siècle : Un homme enterré à la hâte dans le tombeau du prophète ressuscite au contact de ses os, manifestation éclatante de la puissance divine qui habitait le prophète, même après sa mort…