Elle inquiète beaucoup de femmes et s’entoure de nombreux mythes. La ménopause fait peur, à tort. Marion Vallet, sage-femme depuis quinze ans, spécialiste des méthodes d’observations du cycle, livre à Aleteia ses conseils pour aborder cette période sereinement. "On confond souvent ménopause, périménopause et préménopause", détaille-t-elle. "La première désigne la période qui va de la fin de la première année après les dernières règles jusqu’à la fin de la vie d’une femme. La seconde est la période qui précède la ménopause et qui englobe l’année qui suit l’arrêt des règles tandis que la préménopause concerne uniquement ce qui le précède." Si l’entrée en périménopause varie d’une femme à l’autre, elle commence généralement aux alentours de 35 ans lorsque les cycles commencent à se perturber. Ils deviennent alors plus longs, puis plus courts ; les règles durent parfois plus de sept jours ou moins de trois jours et sont parfois hémorragiques. Pour pallier cet inconfort, de nombreux gynécologues prescrivent à leur patiente des contraceptifs hormonaux “notamment le stérilet aux hormones alors que certaines femmes ne prenaient jusqu’alors pas de contraception par conviction”, souligne Marion Vallet.
Un processus physiologique et naturel
Physiologiquement, la périménopause s’explique par un cumul de plusieurs facteurs : "En premier lieu, le vieillissement ovarien qui se traduit par une raréfaction des follicules qui constituent la réserve ovarienne et qui diminue d’année en année pour s’accentuer aux alentours de 35 ans. À cet âge, déjà, les chances de concevoir sont bien moindres et c’est d’ailleurs l’une des premières causes d’infertilité." Les ovaires, alors, deviennent plus paresseux : "Quand le cerveau les interpelle pour lancer l’ovulation, ceux-ci mettent plus de temps à réagir, un peu comme s’ils étaient sourds, explique la sage-femme. Pour compenser cette surdité, le cerveau augmente le signal en multipliant la FSH, qui est l’hormone de stimulation des follicules, pour que les ovaires réagissent." C’est précisément ce qui explique dans un premier temps que les cycles raccourcissent : c’est souvent le premier signe de l’entrée en périménopause. "Ainsi, une femme qui avaient des cycles de 28, 29 ou 30 jours passe à 26-27 jours, puis 25, 24, etc. Tout cela se fait progressivement au fil des mois." Après cette étape, au contraire, les cycles s'allongent pour atteindre un mois et demi à deux mois. "Certaines femmes vont rester fertiles très longtemps, lorsque les ovaires restent fonctionnels et donnent parfois lieu à des grossesses tardives. Chez d’autres, ce vieillissement est prématuré."
Chez certaines, ces troubles se manifestent dès la trentaine et s’étalent sur une dizaine d’années. Chez d’autres, ils apparaissent beaucoup plus tard et durent beaucoup moins longtemps. "Je parle là bien sûr des femmes avec cycles naturels", appuie la sage-femme. "Les femmes sous contraception hormonale ne connaîtront pas les mêmes manifestations car leurs cycles sont déjà perturbés par les hormones, elles peuvent donc ne pas se rendre compte qu’elles sont entrées dans la périménopause. Du jour au lendemain, en arrêtant la pilule ou en retirant leur stérilet, elles se rendent alors compte qu’elles sont ménopausées, ce qui peut être très violent."
Des maux à soulager
"Il y a des maux de la périménopause, et des maux de la ménopause." Au moment de la ménopause, les œstrogènes et la progestérone, qui sont les deux hormones de la fertilité, sont redevenues basses, comme en période prépubertaire. "En préménopause, les œstrogènes, qui sont sécrétées avant l’ovulation, sont encore très élevées, tandis que la progestérone, qui vient après l’ovulation, s’abaisse." Ainsi, les maux de la périménopause, qui peuvent aller de la sécheresse (vaginale, des muqueuses en générale et de la peau) à la baisse de la libido, l’apparition de rides, la prise de poids et les troubles de l’humeur sont liés l’hyperoestrogénie, c’est-à-dire à la dominance des œstrogènes sur la progestérone. "Ces maux s'atténuent une fois que la ménopause s’est installée : ils sont passagers et pas du tout systématiques", rassure Marion Vallet. "Il ne faut pas avoir peur des hormones : quand on parle de baisse de la libido, il faut bien avoir en tête que la libido est multifactorielle et ne dépend pas que de l’élan hormonal." Comme au cours du cycle où la libido est boostée lors de la période fertile qui entoure l’ovulation, "le reste du temps, elle n’est pas non plus à zéro : heureusement, on n’est pas que nos hormones et les femmes n’ont pas du désir que cinq jours par mois."
Les plantes, des alliées précieuses pour l’équilibre hormonal
La ménopause correspond donc à un nouvel équilibre hormonal et n’est pas une période uniquement négative. Il existe à ce titre plusieurs solutions qui apaisent ces maux et aident à rétablir l’équilibre hormonal. “En consultation, détaille la sage-femme, on fait d’abord une évaluation clinique des cycles de la patiente, qui me renseignent également sur la présence ou non de glaire cervicale, témoin des tentatives d’ovulation ou des ovulations. On évalue ensuite les différentes phases du cycle pour déceler des signes de déséquilibres hormonaux : si l’ovulation est suivie de très près par les règles, elle est de mauvaise qualité”. L’enjeu, pour apporter plus de confort à la femme, est alors de “booster la phase post-ovulatoire, qui est la phase déficiente, soit avec des plantes qui contiennent de la progestérone, soit avec un traitement hormonal prescrit par le médecin”. Attention, car certaines plantes présentent des contre-indications : les femmes ne doivent pas se supplémenter toutes seules mais se faire accompagner par un professionnel de la santé : pharmacien, phytothérapeute, naturopathe ou sage-femme formée à la phytothérapie. “L’onagre, souligne toutefois Marion Vallet, s’utilise sans aucune contre-indication et joue un très bon rôle dans l’équilibre hormonal. Il faut aussi savoir que les tissus adipeux produisent des œstrogènes : une femme ménopausée qui a un peu de gras aura donc moins de troubles qu’une femme toute maigre, c’est assez réconfortant !”.
La périménopause est l’âge du prendre soin : prendre soin de ses enfants encore jeunes, de ses parents vieillissants mais aussi de soi et de son couple.
L’hygiène de vie joue elle aussi un rôle primordial dans l’atténuation des maux liés à la périménopause. "Attention notamment au sucre : le métabolisme change avec la ménopause et si une femme mange la même chose à 50 qu’à 30 ans, elle va grossir", prévient la sage-femme. "C’est souvent démoralisant, mais il existe des stratégies, qui ne sont pas des régimes, pour en réduire sa consommation." Le sommeil joue lui aussi un rôle essentiel, tout comme l’activité physique, surtout à un âge où les femmes ont un peu laissé ça de côté. "Il ne faut pas non plus oublier les changements psychiques et relationnels", conseille Marion Vallet. "Le couple peut parfois, à ce moment-là, au bout de vingt à trente ans de mariage, traverser une période de lassitude." La périménopause et la ménopause apparaissent alors comme l’âge du prendre soin : "Prendre soin de ses enfants encore jeunes, de ses parents vieillissants mais aussi de soi et de son couple." Une femme qui va bien dans sa tête va bien dans son couple, si l’un dysfonctionne, c’est tout le reste qui subit. "C’est trop dommage d’attendre des années avant de consulter un professionnel !", s’insurge la sage-femme. "Les questions liées à la sexualité et à la relation du couple sont importantes et trop de couples n’osent jamais consulter alors même qu’il existe beaucoup de sexologues chrétiens."
Se faire accompagner
"Tout ne s’arrête pas à la ménopause !", s’exclame encore Marion Vallet. "On continue le suivi gynécologique classique : s’il n’y en avait pas, c’est le bon moment pour le mettre en place, c’est-à-dire un rendez-vous par an chez une sage-femme ou son médecin généraliste s’il assure le suivi gynécologique, ou chez son gynécologue." Souvent, les femmes ménopausées ignorent qu’elles peuvent consulter une sage-femme alors que celles-ci ont plus de temps de consultation et sont généralement plus disponibles que les médecins pour un accompagnement global de leurs patientes. "Il faut aussi poursuivre à la maison l’autopalpation des seins une fois par mois pour le dépistage du cancer du sein." En période de préménopause, le déséquilibre hormonal augmente le risque de cancer du sein puisque les œstrogènes jouent un rôle dans la multiplication cellulaire, qui n’est plus contrebalancée par la progestérone qui, elle, limite cette multiplication. "Si les frottis, eux, se poursuivent tous les trois à cinq ans selon les résultats et jusqu’à 65 ans, le suivi annuel se poursuit quant à lui tous les ans tout au long de la vie, détaille la sage-femme. Une mammographie doit être réalisée tous les ans à partir de 50 ans s’il n’y a pas de facteur de risque, ou plus tôt s’il y a des antécédents personnels ou familiaux."
Les maris eux aussi ont un rôle à jouer : "Souvent, ils ne se sentent pas concernés. Pourtant, si je pouvais leur donner un conseil, je leur demanderais d’accompagner leur femme dans cette nouvelle phase, de la rassurer et d’être patient car c’est vrai, elle peut être un peu pénible ! Tout passe !", sourit la sage-femme.
Pour aller plus loin
Une journée entre femmes autour de la ménopause
Ateliers dans toute la France (infos pratiques et inscriptions)