Ces dernières années, les chrétiens ont appris à mieux connaître le bienheureux Carlo Acutis, le "geek de Dieu", qui sera prochainement canonisé. Il est temps de découvrir à présent sa contemporaine, née comme lui en 1991, Helena Kmieć, une jeune femme polonaise, tuée en 2017 lors d’une mission humanitaire en Bolivie. Le 7 avril 2024, dimanche de la Divine Miséricorde, l'archevêque de Cracovie (Pologne), Mgr Marek Jędraszewski, a en effet annoncé l'ouverture de la cause de béatification et de canonisation d'Helena Kmieć, proclamée servante de Dieu.
Une jeune fille habitée
Née à Cracovie le 9 février 1991, Helena Kmieć est la deuxième fille de Jan Kmiecia et d'Agnès Bejska. Mais quelques semaines après sa naissance, Helena perd sa mère. Elle est baptisée le 14 avril 1991 dans son église paroissiale et va être élevée dans une famille profondément catholique. Son père se remarie avec Barbara Zając, qui va devenir sa seconde mère. Helena fait sa première communion en 2000 puis sa confirmation six ans plus tard. Après le lycée, elle poursuit des études d'ingénieur à l'université technologique de Silésie à Gliwice, où elle étudie également la musique. C'est au cours de ses études universitaires qu'elle commence à faire du bénévolat et à rechercher un travail missionnaire. Elle va alors rejoindre le Service Volontaire Missionnaire de la Congrégation des Prêtres Salvatoriens, et en 2012, elle est envoyée à en Hongrie pour sa première mission. Puis, elle sera envoyée en Zambie, en Roumanie et enfin en Bolivie où elle va être tragiquement assassinée le 24 janvier 2017 à l’âge de 25 ans.
Comme il a été démontré que l'assassin n'a pas tué Helena en raison de sa foi catholique (il s'agissait d'un rôdeur), cela signifie qu'elle n'est pas considérée comme un martyr, mais que l'ouverture de sa cause de canonisation se fonde sur ses "vertus héroïques". Parmi les nombreux témoignages réunis lors de l’enquête sur ses vertus héroïques, et publié en 2018 (disponible à ce jour seulement en Polonais), on y apprend notamment ceci : "Lorsque le père Król a rendu visite à la famille d'Helena peu après avoir appris sa mort tragique, il a déclaré que, bien que la tristesse de ses parents soit indéniable, Barbara a néanmoins exprimé sa joie qu'Helena ait reçu la communion la veille de son assassinat et qu'elle soit donc morte en état de grâce."
"Je connais Dieu et je ne peux le garder pour moi"
Le postulateur de son procès de béatification écrit également qu’ "Helena était habitée par l'idée du fondateur de notre congrégation religieuse salvatorienne, le bienheureux François Marie de la Croix Jordan, qui a dit un jour : "Tant qu'il n'y aura qu'un seul homme dans le monde qui ne connaîtra pas et n'aimera pas Jésus-Christ, l'unique sauveur du monde, vous ne devez pas vous reposer."". C’est ainsi qu’on retrouve dans les écrits d’Helena, notamment lors de sa demande d'admission pour effectuer des voyages missionnaires, ce qui la guide et qui l’habite. "J'ai reçu la grâce de Dieu, ou DDDDD ("Un don gratuit de Dieu pour [les autres]" en polonais "Dar Darmo Dany Do Dawania") et je dois partager ce don ! Toutes les compétences que je possède, les aptitudes que j'acquiers, les talents que je développe ne me sont pas destinés, je dois les utiliser pour aider les autres. Le plus grand don est que je connais Dieu et je ne peux pas le garder pour moi, je dois le partager en Le faisant connaître ! Si je peux aider quelqu'un, le faire sourire, le rendre plus heureux, lui apprendre quelque chose, je veux le faire !"
Une figure polonaise inspirante
Suite à l’émotion provoquée par l'annonce de sa mort brutale en 2017, le président polonais l’avait décoré à titre posthume, le 7 février 2017, de la Croix d'or du mérite pour ses mérites dans les activités caritatives et sociales et son engagement auprès des personnes ayant besoin d'aide. Ses obsèques, le 19 février 2017, avaient alors revêtu un caractère d’État, et la messe avait été présidée par le cardinal Stanisław Dziwisz. De son côté, après l’enquête sur “sa vie héroïque”, c’est en décembre 2022 que l'archidiocèse de Cracovie a annoncé le début du procès de béatification d'Helena Kmieć, puis en avril 2024, l’édit annonçant le début officiel du procès de béatification de la missionnaire polonaise. Le procès de béatification d'Helena a ainsi débuté le 10 mai dernier dans la chapelle du palais des archevêques de Cracovie et à compter de ce jour, elle a droit au titre de servante de Dieu. "L’exemple de la Servante de Dieu peut certainement être une source d'inspiration pour les personnes, en particulier les jeunes, afin qu'ils poursuivent leur vocation à la sainteté avec passion et engagement à travers l'activité bénévole et missionnaire", indique notamment l’édit. La jeunesse a donc une nouvelle figure contemporaine à prier et à invoquer.