Astrid Denois est une aventurière des temps modernes. Mère de six enfants (Brune 16 ans, Melchior 13 ans, Octave 10 ans, Alma et Paola 7 ans, Léopold 11 mois), elle anime un compte Instagram et a participé, en famille, à l'aventure "Familles nombreuses : la vie en XXL" (Saison 6). Pour elle, la maternité est clairement un grand bonheur.
Aleteia : Quel genre de maman êtes-vous ?
Astrid Denois : Une maman pas stressée... enfin, je peux l'être par la course du quotidien mais j'ai une bonne confiance dans la vie. Je m'inquiéterai le jour où il faudra s'inquiéter, ça enlève beaucoup de poids sur les épaules. Je suis aussi une Maman pas assez sévère selon mon mari. (Rires) Arthur sait être ferme, quand moi je mets mes pieds dans les chaussures des enfants, tout en étant très stricte sur certains points, par exemple les écrans ou le manque de respect. Et puis, clairement je suis fantaisiste, j'aime mettre de la joie dans le quotidien, ça rend la vie plus belle.
Vous avez six enfants, racontez-nous comment s'est agrandie votre famille !
Nous avons d'abord eu trois enfants en six ans, et avec eux, même si j'étais une maman comblée, j'ai souvent pleuré de fatigue. Puis, nos jumelles Alma et Paola sont nées et là clairement, je n'étais pas prête ! J'étais en permanence en manque de sommeil, je ne tenais plus debout. Il a fallu attendre qu'elles aient 2 ans pour en profiter ! Après, j'avoue que je n'avais pas de projet de maternité bien défini et que chaque bébé a été plus ou moins une surprise.
Ah bon ?
J'ai toujours eu un grand désir de vie et de famille nombreuse. Je suis la quatrième de six enfants, j'ai adoré mon enfance, le côté « grand foutoir, grand bazar », je me suis tellement amusée ! Et l'annonce d'une naissance est, pour moi, toujours une merveilleuse nouvelle.
Et donc, six ans après vos cinq enfants, un petit Léopold est né...
Oui, c'est notre cadeau, notre bébé tombé du ciel. Et même si au fond de moi il y avait un vrai désir que je ne m'avouais pas, nous avons eu besoin d'un temps d'adaptation : nous étions très fatigués, et nous ne pouvions pas imaginer comment on y arriverait. D'ailleurs, nos adolescents ont eu du mal accepter ma grossesse.
Et finalement ?
Léopold nous a ouvert le cœur ! Dans une famille d'ados, un bébé, ça apporte beaucoup d'émerveillement, et donc les grands dans la fratrie ont compris avec la naissance de leur petit frère ce qui s'expérimente et ne s'explique pas, à savoir qu'un bébé imprévu peut être source de joie, qu'un bébé est un don, un cadeau de Dieu ! C'est un message puissant.
Scrollez-vous toute la journée pour savoir comment élever vos enfants, ou faites-vous plutôt confiance à votre intuition ?
Pour moi l'éducation c'est de l'empirisme : il faut observer ce dont l'enfant a besoin, voir ce qui marche et le faire. Une maman dont je suis très proche a lu tous les bouquins d'éducation, je trouve que ça l'a perdue. Au lieu de se fier à son intuition, elle a essayé de faire ce qu'il fallait, alors que dans la maternité, il y a une dimension instinctive. Evidemment, j'ai fait et je fais plein d'erreurs, par exemple aucun de nos enfants n'a fait ses nuits avant un an.
Cela fait beaucoup de fatigue !
Oui, mais c'est trop dur pour moi de laisser pleurer mes enfants quand ils sont petits, donc la fermeté pour le dodo, ce n'est pas mon truc. Et puis je trouve qu'il y a un côté animal entre la mère et l'enfant, et que jusqu'à un an, un bébé a besoin d'être rassuré. Je pense aussi qu'il a un cerveau immature, et qu'il ne peut pas comprendre le « Maman va revenir »... donc je choisis le co-dodo !
Vous donnez l'impression d'une maternité décomplexée et libérée des injonctions, quels conseils donneriez-vous aux jeunes mères ?
Aucun si ce n'est qu'à 40 ans, je me fie à mon intuition et à mon expérience. Je me garde bien de donner des conseils, d'ailleurs sur les réseaux, je m'exprime très peu. J'essaie plutôt de montrer des moments de vie pris sur le vif, de transmettre la joie du quotidien avec des enfants, et que la vie est mille fois plus créative que ce qui est prévu. Et puis, j'ai pris de la hauteur dans ma maternité. Quand je suis partie en congé maternité pour Léopold – un temps béni de calme à la maison et de gratitude - j'étais quasi en burn-out et là, en reprenant le boulot, je me suis dit : t'as le droit d'arrêter si tu n'y arrives pas.
C'est parce que vous avez 40 ans !
Peut-être ! Avant, je prenais les choses très à cœur, j'avais beaucoup à prouver au niveau professionnel. Maintenant, je quitte le boulot à 18 heures car plus je rentre tôt, plus je peux câliner mon bébé ! Et puis 40 ans, c'est un super âge car on s'affranchit du regard des autres et on peut dire tout fort ce que les autre pensent tout bas ! J'attache moins d'importance à mon apparence physique sans chercher à être quelqu'un d'autre que moi : je dois être belle pour mon mari, c'est l'essentiel. Avant, je n'avais pas envie de vieillir.
Donc c'est bien de vieillir ?
Oui, si l'on est en bonne santé ! C'est peut-être plus difficile pour d'autres femmes, mais franchement, je ne pensais pas vivre cette réalité aussi bien !
Être une maman chrétienne, ça change quoi ?
J'ai la foi, je suis catholique et ça change beaucoup de choses. Je ne vois pas la religion comme quelque chose de triste, contraignant, au contraire c'est une très belle source d'espérance et de confiance. La Providence fait partie de mon quotidien. Ce qui allège mes épaules, c'est que j'ai une confiance absolue dans les projets que Dieu a pour moi. Et puis, être chrétienne m'aide à parler de la mort à mes enfants comme quelque chose de beau.
C'est facile d'être une maman de six enfants ?
J'ai trouvé ça plus difficile avec trois enfants plus petits parce que mine de rien, là, j'ai des petites mains pour m'aider. Ce qui est vrai, c'est que je tire tout le temps sur la corde, que je ne suis jamais reposée : ce n'est pas une vie confortable la vie d'une maman de six enfants, et c'est normal ! Donc notre vie est speed, mais elle n'est pas si terrible, notamment avec mon travail qui me sort de la maison et me nourrit. Je suis une extravertie, même si j'ai besoin de solitude pour me régénérer.
Vous évangélisez sur les réseaux ?
Je me suis posée la question. En fait, je communique plutôt sur les moments joyeux de la vie de famille, et j'essaie de montrer le beau côté de la maternité qui est un accomplissement dans ma vie de femme. Sans mes enfants, je serais malheureuse comme les pierres, et en avoir eu autant, c'est là mon bonheur !
Et l'aventure de XXL ?
Je suis plutôt discrète sur cette aventure. Mais nous avons fini par accepter à une seule condition : qu'un épisode soit tourné à Solesmes, car j'ai un frère prêtre là-bas. Finalement, cela a pu se faire, dans l'intimité familiale, et l'épisode est réussi. Je voulais aussi, comme sœur de prêtre, montrer qu'un moine peut avoir une relation saine avec des enfants, faite de joie et de complicité, et que la vocation rend heureux. Cela reste exceptionnel de penser que la vie monastique s'est invitée sur TF1 ! J'ai eu, en retour, des témoignages magnifiques.
Et votre mari dans tout ça ?
Il est le fondement : sans lui, rien ne serait possible. Il est très investi au quotidien, il n'hésite pas à s'oublier pour ses enfants et sa femme, notamment en raison de ma vie professionnelle. Devoirs, tâches quotidiennes, il donne un gros coup de main, et ça change tout. Et quand je le vois avec notre dernier, c'est tellement beau ! Alors qu'on pensait qu'il n'y avait plus de place pour lui, il est venu chambouler notre quotidien et il nous a tous emmenés vers encore plus de joie et de douceur... Notre vie aujourd'hui est mille fois plus belle qu'avant !