Minuit n'est généralement pas le premier horaire qui vient à l'esprit lorsqu’il s’agit de choisir le moment le plus propice pour célébrer un mariage. Pourtant, c’est bien à cette heure-ci, à Alençon, que les saints Louis et Zélie Martin se sont unis devant Dieu, le mardi 13 juillet 1858, deux heures après leur mariage civil à l'Hôtel de Ville. Une coutume observée en France dès le XVIIe siècle et qui a perduré en Normandie. Quelles en sont donc les raisons ?
1Intimité et simplicité
“Il semble que ce soit d’abord pour donner à la cérémonie un caractère d’intimité et la centrer sur l’essentiel”, avance le père Thierry Hénault-Morel, recteur du sanctuaire d’Alençon et auteur d’une biographie des époux Martin. Les futurs époux ne souhaitaient pas un mariage mondain, et préféraient passer les premiers instants de leur vie conjugale dans une prière recueillie et intime.
2Pouvoir communier
Une autre explication tient à une discipline encore observée par l'Église catholique au XIXe siècle. “C’est ensuite pour permettre à ceux qui le veulent de communier à ce mariage, la rupture du jeûne se situant à minuit”, souligne le père Thierry Hénault-Morel. Pendant de nombreux siècles, les fidèles devaient observer un jeûne à partir de minuit précédant la messe. Ainsi les catholiques souhaitant communier devaient s’abstenir de nourriture et d’eau, règle difficile à tenir lorsque la messe avait lieu en pleine journée. Pour s’épargner une telle contrainte, la messe pouvait être célébrée à l'aube ou, dans certains cas, à minuit. Ainsi, une personne pouvait recevoir la communion après s’être nourrie normalement pendant la journée.
3Pour rendre visite à la sœur de Zélie
Vient ensuite une explication très personnelle. La sœur de Zélie, Marie-Louise, entrée chez les sœurs de la Visitation du Mans quelques mois auparavant, était absente le jour du mariage. "Le moyen de l’associer malgré tout à l’événement était de lui rendre visite dans la journée, par le train. Louis et Zélie n’ont pas manqué de le faire et de lui raconter le mariage", explique le père Thierry Hénault-Morel. Zélie évoque d’ailleurs cette visite dans une lettre à sa fille Pauline, datée du 4 mars 1877 : "Je l’aimais tant. Je ne pouvais pas me passer d’elle. J’ai été la voir pour la première fois à son monastère le jour de mon mariage".