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Le football total de la marée Orange

Equipe nationale néerlandaise de football, finale de la Coupe du monde contre le Brésil le 26 juin 1974 à Dortmund. (De gauche à droite : Johan Neeskens, Ruud Krol, Wim Van Hanegem, Wim Jansen, Wim Suurbier, Johnny Rep, Wim Rijsbergen, Rob Rensenbrink, Arie Haan, Jan Jongbloed, Johan Cruyff).

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François Morinière - publié le 07/07/24
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Impossible en temps de Coupe d’Europe de ne pas évoquer l’une des plus belles équipes de l’histoire du football : la sélection « Orange » des Pays-Bas. Son entraîneur, raconte notre chroniqueur François Morinière, inventa un « football total » qui fera école partout dans le monde.

Après avoir évoqué l’épopée de l’équipe de France de football en 1984, il est indispensable de remonter encore dix ans en arrière et d’évoquer la merveilleuse équipe hollandaise de football de 1974. La télévision en couleur commence à se développer et les téléspectateurs découvrent ce magnifique maillot orange sur le gazon vert. Au début des années 1970, les amateurs voient la domination de l’Ajax d’Amsterdam s’installer avec trois victoires consécutives en Coupe d’Europe.

Un football total

L’entraîneur très novateur qui prend la tête de la sélection des Pays-Bas, prône un football « total » avec des joueurs qui attaquent ensemble et défendent ensemble comme des vagues qui se succèdent sur la pelouse dans un ballet envoûtant, fait de mouvements coordonnés. Rinus Michels imagine ce système révolutionnaire que la mondovision fait découvrir à la planète. Avec des joueurs à l’allure de Beatles où de pensionnaires de Woodstock, il donne un immense plaisir aux amoureux du ballon rond.

Un joueur crève l’écran et symbolise à lui seul ce bonheur sportif : Johan Cruyff. C’est un génie, avec une technique inouïe, et surtout une très grande élégance sur le terrain. Le buste toujours droit, le regard éclairé, il donne littéralement le tournis aux défenseurs qu’il rend fous, et qui multiplient les fautes. Mais Cruyff n’en a cure et repart de plus belle. Triple Ballon d’or, il étonne par sa décontraction, une cigarette à la bouche et un verre de bière à la main. Le numéro 14 est le capitaine de cette horde blonde, souriante, qui conquiert le public par sa gentillesse et son allant. Cette Coupe du monde en Allemagne est magnifique, comme un rattrapage de l’histoire pour ce pays marqué par l’épouvantable prise d’otage des athlètes israéliens deux ans plus tôt à Munich, et leur massacre par un commando palestinien.

Des perdants magnifiques

Après le Brésil de 1970, et sa virtuosité technique autour du roi Pelé, c’est maintenant l’heure du prince Cruyff et de cette force collective inouïe. Pour sa première participation à une Coupe du monde depuis 1938, la Hollande réalise un parcours sans faute, écartant au passage l’Argentine (4-0) puis le Brésil vieillissant (2-0). Et s’avance donc vers la finale face à la RFA qui joue donc à domicile. L’équipe des Pays-Bas est donnée immense favorite, mais les Allemands feront mentir les pronostics, grâce à une défense de fer autour d’un autre géant, Franz Beckenbauer, et Berti Vogts qui ne lâche pas Cruyff d’une semelle. Comme un signe avant-coureur de la défaite de Saint-Etienne deux ans plus tard contre le Bayern, les Orange butent sur la solidité allemande et perdent le fil de leur football. Perdants magnifiques, les Hollandais laissent passer cette occasion unique, mais resteront dans la mémoire collective comme une des plus belles équipes de l’histoire du football. Quatre ans plus tard et sans Cruyff ils échoueront de nouveau en finale contre l’Argentine, puis en 2010 contre l’Espagne.

Une époque au goût de liberté

Comme le fut à un moment le « catenaccio », système ultra défensif italien, la tactique de Michels inspirera des dizaines d’entraîneurs et Cruyff lui-même qui construira bien des années plus tard un collectif exceptionnel avec le FC Barcelone dont il reste le grand inspirateur. Quand il disparut en 2016, la vague d’hommages fut réellement impressionnante, avec un grand sentiment de nostalgie en revoyant les images de ce héros flamboyant et romantique, symbole également d’une époque plus insouciante, au goût de liberté, bien loin de nos carcans actuels. 

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