"Ne crains pas, crois seulement" (Mc 5-36) résonne avec le "n’ayez pas peur" prononcé par saint Jean Paul II. Dans l’Évangile, Jésus donne confiance à Jaïre dans l’instant terrible de l’annonce de la mort de sa fille. Ne sommes-nous pas comme ce chef de synagogue ? Nous vivons des tensions et des angoisses au quotidien, dépassées par la confiance qui donne la force et la joie. "Ne crains pas" pourrait se comprendre en référence aux élections mais plus important encore, c’est la vie de l’Église en France qui nous préoccupe. Nous y vivons dans une crainte constante, celle de la régression de la pratique, des dérives potentielles de clercs, des baptêmes dont le nombre diminue, des agressions de lieux de cultes ou pire de prêtres, des oppositions entre tradition et modernité, la peur aussi de perdre nos racines chrétiennes face aux autres religions, l’islam, mais aussi le matérialisme et la consommation de l’instant.
Ces quartiers où les chrétiens n’ont pas peur
N’ayons pas peur d’affirmer notre foi comme ce jeune Anselme lors d’une interview par une grande radio nationale lors d’un pèlerinage à Rome. Le journaliste lui demande ce que représente sa religion et il explique : “Je crois, j’ai la foi et je m’engage dans ma paroisse, je témoigne auprès de mes amis des autres religions…” Le journaliste le relance en lui demandant s’il peut dire la même chose sans parler de sa foi. Et Anselme de répondre : “Non, la foi est ma vie, le moteur de mon existence et je dois donc témoigner.”
Cessons de critiquer, dénoncer, soyons fiers d’être chrétiens, portons haut notre identité catholique dans l’humilité et la joie.
Dans les quartiers populaires, les chrétiens n’ont pas peur, ils sont soudés et la religion n’est pas accessoire, cachée ou discrète. Elle est au cœur de la vie de tous les jours. Qu’en est-il ailleurs en France ? Aujourd’hui nous sommes devenus minoritaires mais ne craignons pas d’affirmer notre foi dans l’unité, avec ce qui nous réunit. Cessons de critiquer, dénoncer, soyons fiers d’être chrétiens, portons haut notre identité catholique dans l’humilité et la joie.
Ne pas avoir peur d’aimer
Or il y a tant d’attitudes de critique et de déstabilisation. "Mon curé ne prêche pas bien, il porte une soutane ou il porte des chemises à fleurs…" Nous n’avons plus beaucoup de prêtres, encourageons-les, aimons-les plutôt que de porter une vaine critique sur leur façon de parler ou de s’habiller. Ne craignons pas de les entourer et ce sera la meilleure façon d’éveiller une vocation chez les jeunes. Un prêtre heureux est un modèle pour les enfants, les adolescents et éveille la vocation, ce que ne fait pas un prêtre stressé et critiqué. "Notre évêque est trop traditionaliste ou au contraire trop libéral…" Que c’est difficile aujourd’hui d’être évêque, quelle tension de tous les jours ! Dénoncer tel ou tel comportement déclenchant une visite fraternelle dans un diocèse, est-ce si fraternel ? Un évêque entouré d’amis, de soutiens, pourra exercer cette fonction de père, en confiance.
Pourquoi ces critiques incessantes ? Parce que l’on a peur. Peur de voir notre Église dévier vers telle ou telle tendance, peur de ne pas être reconnus dans une société mouvante et permissive, peur de perdre une identité. Cessons d’avoir peur et relevons la tête : "Ne crains pas, crois seulement", nous enseigne le Christ relayé par le pape Benoît XVI dans l’homélie de la messe inaugurale de son pontificat : "Une des caractéristiques fondamentales du pasteur doit être d’aimer les hommes qui lui ont été confiés, comme les aime le Christ, au service duquel il se trouve. “Sois le pasteur de mes brebis”, dit le Christ à Pierre… Être le pasteur veut dire aimer, et aimer veut dire aussi être prêt à souffrir. Aimer signifie donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la parole de Dieu, la nourriture de sa présence, qu’il nous donne dans le Saint-Sacrement."