Aucun "caractère surnaturel". C’est le verdict du dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF) publié ce 27 juin 2024 sur les "apparitions de Trevignano Romano" aux alentours de Rome, où une Italienne a avancé que la Vierge aurait multiplié des gnocchis, confirmant ainsi l’enquête diocésaine qui avait conclu à la fraude mystique. Ce jugement est le premier qui s’opère avec les nouvelles normes d’enquête sur les phénomènes surnaturels, en vigueur depuis mai.
Depuis 2016 à Trevignano Romano, sur les rives du lac de Bracciano, au nord de Rome, une présumée voyante, Gisella Cardia – de son vrai nom Maria Giuseppa Scarpulla –, rassemble autour d’elle des centaines de fidèles, le 3 de chaque mois, pour une « apparition » mariale sur une colline du Lazio. Soupçonnée notamment de détournement de fonds avec son mari Gianni Cardia, cette Italienne a défrayé la chronique ces derniers mois, notamment en alléguant la "multiplication de gnocchis" ou en défiant ouvertement les autorités ecclésiales.
Interdiction pour les prêtres d'y célébrer une messe
Dans son communiqué, le dicastère ‘gardien du dogme’ confirme la validité du décret qui avait été émis par l’évêque de Civita Castellana – territoire de Trevignano –, Mgr Marco Salvi, le 6 mars. Celui-ci avait dressé un constat de "non surnaturalité" (non supernaturalitate), c’est-à-dire niant aux faits toute dimension surnaturelle.
Le dicastère dirigé par le cardinal Victor Manuel Fernandez appuie également les dispositions de l’évêque italien, qui a interdit aux prêtres de présider des célébrations sur le lieu de ces fausses apparitions. Il a aussi demandé aux fidèles de s’abstenir de participer aux événements entourant ce phénomène.
Par cette prise de position publique, le DDF applique les nouvelles normes édictées le 17 mai dernier pour étudier les phénomènes surnaturels dans l’Église catholique – apparitions, révélations, etc. Ce document donne aux évêques du monde entier une procédure stricte pour discerner sur les phénomènes mystiques qui se produiraient dans leur diocèse.
Une enquête dès avril 2023
Les évêques sont surtout tenus de faire remonter leur avis à Rome. Il revient au DDF, qui a la faculté d’intervenir "en tout temps et en toute situation de discernement concernant les phénomènes surnaturels présumés", de donner l’approbation finale. Il s’agit d’une nouveauté : auparavant, le dicastère participait aux contrôles mais n’apparaissait pas publiquement dans les décisions qui étaient rendues au niveau des diocèses.
Mgr Salvi avait lancé une enquête en avril 2023 sur le phénomène de Trevignano. Une commission de théologiens, canonistes, et psychologues, avait rendu ses premières conclusions le 30 mai suivant, et son rapport final en janvier 2024.
Pendant cette investigation, Gisella Cardia a été soumise à une équipe de cinq experts pour un examen psychique. La commission d’enquête a établi des "contradictions" dans son témoignage, soulignant les "divergences" entre ses déclarations et celles de son époux Gianni ou d’autres personnes impliquées, et concluant au "manque de fiabilité" de Gisella Cardia. Les experts soulignaient aussi de "nombreuses erreurs théologiques" dans les messages diffusés par la “voyante”.