C’était, à l’origine, une petite chapelle en béton des années 1960, à l’allure triste, coincée entre un parking et une barre d’immeuble, à deux pas de la mer à Sainte-Cécile-Plage de Camiers, petite ville de la côte d'Opale. Les promeneurs passaient devant sans même la voir, avec ses murs blancs ternis et sa grande croix sombre. Totalement réaménagée, c’est désormais une chapelle flambant neuve et intégralement reconstruite qui se dresse rue des Lys, là où s’élevait l’ancien sanctuaire, sur un terrain offert par des parents endeuillés à la mémoire de leur fils, Félicien, dont le saint patron est devenu celui de l’édifice.
C’est l’architecte Marc Lenouvel qui a imaginé les plans de cet agrandissement contemporain. L’aménagement intérieur a quant à lui été entièrement confié à la sculptrice Fleur Nabert. Un projet né il y a deux ans dont l’enjeu demeure “que ceux qui entrent ici en ressortent croyants” et qui aboutit enfin avec sa consécration ce 28 juin, par Mgr Leborgne, évêque d’Arras, alors que le Touquet s'apprête à accueillir ses premiers vacanciers.
"Le Christ, soleil de justice"
“Attiré par le clocher aux lignes pures et moderne, le visiteur entre dans un narthex de verre avec des vitraux translucides en perles d’eau qui évoquent la foi (croix) l’espérance (l’ancre) et la charité (cœur) dans le langage de la mer toute proche” explique ainsi Fleur Nabert. Dans l’entrée, un baptistère en verre ouvre la voie à 30 mètres de vitraux en paysage figurant la côte d’opale “comme une hymne à la création pour susciter l’émerveillement”, souligne la sculptrice. Le verre, en relief et coloré, qui peut être touché, a été fondu et travaillé par les ateliers Loire, à Chartres. Ces grands panneaux vont “du gris doux au plus intense soleil dans une gradation lumineuse plus on s’approche du chœur”. Le travail du verre, lui, s’est fait en jouant avec la matière grâce au thermoformage, qui, par la chauffe, permet de rendre malléable la matière. Les vitraux, ainsi modelés, sont sans plomb mais en relief et le jaune d’argent, appliqué sur une des face, allie la tradition médiévale à la technique contemporaine.
Au cœur du vitrail, un grand soleil doré vient illuminer le paysage pour manifester la présence du Christ, “soleil de justice qui vient aplanir les ombres, détaille Fleur Nabert. J’ai conçu l’iconographie comme une métaphore de la prière qui fait la clarté en soi pour anéantir les ténèbres”. Véritable Bible de verre, les vitraux par les scènes représentées, les techniques utilisées ou encore les couleurs employées existent pour porter la prière des fidèles autant que pour rendre gloire à Dieu.
Le mobilier a quant à lui été intégralement repensé pour s’intégrer dans une œuvre qui se veut globale : tabernacle, autel et ambon. Les bancs en bois massif ont été sculptés en forme de vagues pour rappeler la mer qui engloutit l’horizon, à quelques mètres de la chapelle. Une petite chapelle dédiée à la Vierge accueillera aussi une statue de Marie, en verre incolore, imaginée comme une silhouette dont il faut se rapprocher pour distinguer les traits, ainsi qu’un orgue de lumière où chacun pourra déposer une bougie pour manifester sa prière. “Tout a été pensé”, souligne la sculptrice, qui a également créé pour la chapelle un parfum qui se dégage de la cire des bougies, une fragrance qui mêle “‘l’écume de mer, la pierre blanche des cloîtres, l’encens des églises et le lys marial”. La chapelle, elle, renaît enfin après deux années de travaux pour offrir aux visiteurs et aux vacanciers une halte spirituelle, dans ce havre coloré de paix et de lumière à deux pas de la mer et du calme paisible de l'horizon.