Son visage vous est probablement familier. Normal, elle partage la vedette depuis plusieurs mois avec Artus et Clovis Cornillac dans Un p’tit truc en plus, la comédie phénomène aux sept millions d'entrées qui met en scène une rencontre improbable entre deux braqueurs de banque maladroits et un groupe de personnes ayant un handicap mental.
À 52 ans, Marie Colin n’est pas novice dans le monde du spectacle. Originaire de Paris et issue d’une famille à la fibre artistique affirmée (son père est artiste peintre et son frère écrivain), cette femme porteuse de trisomie 21 pratique le métier d’actrice depuis trente ans, après avoir fait ses premiers pas au théâtre du Cristal, une compagnie qui emploie des artistes ayant un handicap mental. Son palmarès n’est pas des moindres : elle a joué dans plusieurs longs-métrages tels que Mes jours de gloire avec Vincent Lacoste et Emmanuelle Devos en 2019, mais aussi à la télévision (L’art du crime, saison 4 en 2021) et au théâtre. Passionnée de danse, elle a participé à divers projets, dont la comédie musicale "Les amants de Séville", qui inclue des artistes handicapés, a foulé les planches de l’opéra Bastille et frétille déjà à l’idée de ses futurs projets à venir.
Le 22 mai dernier, elle a gravi les marches du festival de Cannes, celui-là même qui fait rêver tant d’aficionados du cinéma et du show-biz. Une grande première pour la comédienne qui, pour l’occasion, a choisi une robe blanche… "comme Marilyn Monroe !", ainsi qu’elle s’en targue en riant. "Marie, c’est quelqu’un qui a la tchatche", lance Lara Sarciaux, son agent, qui l’accompagne de A à Z dans ses projets professionnels, depuis les castings jusqu’à la volée de marches du festival cannois en passant par l’apprentissage de textes et le tournage. Et en effet, prompte à entrer en relation, à s’exclamer et à jouer de son charme, la comédienne pleine de vitalité ponctue ses réponses de joyeux "c’est magnifique !", comme pour illustrer son enthousiasme contagieux.
Un tournage qui avait quelque chose de plus !
Marie et Lara, que l'on sent complices, racontent à deux voix le tournage de Un p’tit truc en plus. Celui-ci s’est étalé pendant deux mois, de juillet à septembre 2023, et l’actrice affirme avoir "adoré" l’ambiance avec Artus et Clovis Cornillac. "On vivait le film en parallèle", se souvient Lara Sarciaux. Les comédiens, leurs familles et leurs accompagnateurs étaient en effet logés dans un gîte perdu au beau milieu du Vercors et Artus était hébergé à dix minutes à pied du gîte, choisissant ainsi de partager une vraie proximité avec ses acteurs. "On vivait ensemble, on a appris à se connaître", poursuit l’agent, qui évoque les week-ends dédiés aux guinguette, balades, batailles d’eau et jeux de société… comme dans une famille ou un groupe d'amis. "Un vrai partage !", s’exclame-t-elle.
Deux mois emplis à ras bord de moments aussi cocasses qu’émouvants. Elles se souviennent toutes les deux de la surprise préparée par Marie pour les anniversaires de Clovis et Artus, nés respectivement un 16 et un 17 août : l’actrice fan de danse espagnole avait intégralement organisé un spectacle de flamenco pour l’équipe du tournage, elle-même vêtue d’une robe andalouse, émouvant aux larmes certains des spectateurs. Elles rient de bon cœur en racontant la scène de canoë, tournée dans un lac à l’eau tellement glaciale qu’aucun des comédiens n’avait envie de s’y plonger. Il a pourtant bien fallu le faire… et tous sont tombés malades, concluent l’actrice et son agent en riant de bon cœur. "Ce tournage était vraiment super", abonde Lara. "Il y avait beaucoup d’amour, beaucoup de câlins, beaucoup de chants". Et l'aventure de la joyeuse équipe n'est pas terminée puisque le couple présidentiel les a invités à venir leur rendre visite bientôt à l’Élysée.