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Un trésor Art Déco dans une cité idéale

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Sophie Roubertie - publié le 23/06/24
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Dans les années 1920, à Reims, un projet de maisons individuelles et de services collectifs voit le jour grâce à un industriel rémois. Avec la construction d’une église, décorée par de grands artistes, l’art rentre au cœur d’un quartier de logements sociaux.

A Reims, après la première guerre mondiale, plus de 600 maisons sont construites dans la Cité-Jardin du Chemin-Vert par la société d’Habitations à Bon Marché, un ancêtre des H.L.M, Le Foyer Rémois. Le concept est novateur, il s’agit de maisons individuelles, avec un jardin. Elles sont destinées à des familles d’au moins quatre enfants. Nouveauté, des services collectifs sont offerts aux habitants, en particulier une maison de l’Enfance destinée à prévenir les maladies infantiles. Une école, des patronages et une garderie complètent l’ensemble. 

L’initiateur de ce vaste programme d’immobilier social, Georges Charbonneaux, est imprégné des valeurs du catholicisme social, et soucieux du bien-être des ouvriers. Sa volonté est d’inscrire une église dans ce projet. Cet entrepreneur en est le commanditaire, le principal financeur, et 250 généreux donateurs rendent possible la construction de l’édifice. Si les formes ont été choisies simples et traditionnelles, les matériaux utilisés sont modernes, comme le béton ou le verre pressé. L’église reprend le vocable de Saint-Nicaise, évêque de la ville. Une église située hors des remparts de Reims avait déjà porté ce nom mais n’avait pas résisté aux affres de la Révolution.

Les artistes sollicités pour le décor sont prestigieux. Dans la liste de ceux qui participent se retrouve celui de René Lalique, connu pour ses bijoux Art Déco et son travail du verre. Il réalise des verrières représentant des anges, en verre pressé. Les décors muraux sont confiés à plusieurs artistes, en particulier Maurice Denis. Il peint les chapelles latérales, avec pour thèmes l’Annonciation et la Sainte Famille. L’église Saint-Nicaise est rapidement achevée, sa dédicace, la célébration par laquelle elle est consacrée au culte, son véritable « acte de naissance », se tient en 1924. 

La chapelle du baptistère

Intérieur de l'église Saint-Nicaise de Reims ; le baptistère, orné par Maurice Denis en 1934 ; baptême du Christ

La chapelle du baptistère est cependant toujours nue. En 1933, quelques semaines avant sa mort, Georges Charbonneaux demande à Maurice Denis de revenir à Reims pour le programme décoratif du baptistère, point final de la décoration de l’église. Le peintre revient donc sur place pour s’imprégner de l’atmosphère du lieu avant de commencer son travail de création. Il choisit de représenter les principales scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament où l’eau est prépondérante, cette eau indispensable à la vie. Il écrit à ce propos : « Je voudrais qu’en entrant, on comprenne la noblesse biblique et évangélique de l’eau, de sa douceur comme signe de la Rédemption ».

Dans la niche nord est représenté le baptême du Christ, dont les bras étendus annoncent la position qui sera la sienne sur la croix. Au premier plan, un ange accueille des jeunes filles vêtues de blanc, symbolisant le peuple des baptisés qui passent de la mort du péché à une vie nouvelle. Un siècle plus tard, parfaitement conservée, l’église est toujours propriété de l’office d’habitation à loyers modérés. Témoin de son époque, elle a été classée au titre des monuments historiques en 2002 et fait partie de l'ensemble Coteaux, Maisons et Caves de Champagne inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

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