Chaleur et vacances, voilà ce que l’on associe d’ordinaire à l’été qui point. Les vêtements se font alors plus légers et les chaussures plus aérées. Bref, les sandales sont de sortie. Pour les femmes, rien de très étonnant, des classiques Tropéziennes de la côte d’Azur aux Birkenstock germaniques, agrémentées d’ongles vernis de couleurs chatoyantes.
Pour les hommes, le choix des sandales pour se chausser l’été est moins évident. Ne serait-ce pas le lot des moines et des séminaristes, avec leurs sandales à larges lanières bien caractéristiques et (légèrement) caricaturales ? Le plus sûr pour ne pas être assimilé à un catho invétéré : opter pour des spartiates ou des sandales plus modernes. Ou ne pas se soucier du regard des autres et oublier que l’on porte aux pieds une occasion de débat. Après tout, c’est confortable… et biblique !
Des sandales christiques
Les contemporains de Jésus portaient des sandales, à commencer par le Christ lui-même : argument d’autorité ? Mais ces chaussures légères adaptées à la vie levantine ont aussi charge de symbole. Dans les évangiles, Jean-Baptiste, dont la nativité est l’objet d’une solennité liturgique le 24 juin, prononce une phrase énigmatique :
“Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales” (Jn 1, 26-27).
Le texte de saint Jean fait ici allusion au livre de Ruth (cf. Rt 4, 5-7) et à la tradition hébraïque du goëlat qui veut que le plus proche parent d’un défunt épouse sa veuve pour perpétuer son nom. Booz, qui épouse la veuve moabite Ruth n’est pas le plus proche parent de son défunt mari mais rachète les droits de propriété et se voit offrir, par le frileux cousin… une sandale, signe de la renonciation à ses droits. Quand Jean-Baptiste se dit indigne de défaire la courroie des sandales du Christ, il dit ainsi deux choses essentielles : le Christ est le véritable époux, et le seul Rédempteur. Rien de moins. Si les sandales sont si théologiques, qui pourra encore s’en moquer ?