Vendredi 21 juin, Michel Platini a fêté ses 69 ans et c’est l’occasion d’évoquer la magnifique épopée du championnat d’Europe 1984, il y a quarante ans déjà. Compétition organisée en France — une grande première depuis 1960 — cet "Euro" va consacrer une génération de footballeurs exceptionnels portée par un génie du jeu : "Platoche" ! Rappelons aussi également ici la belle figure de Fernand Sastre, président de la Fédération française de football (FFF), qui fut le grand artisan de cette compétition et du renouveau de notre football.
Au plus fort de son art
Grande première en termes d’organisation d’évènement moderne, c’était aussi une grande première pour le football français, qui n’avait jamais remporté aucun titre continental ou mondial avant 1984. Il faut se rappeler que depuis le Grand Reims et la fameuse équipe de 1958 emmenée par Raymond Kopa, le football tricolore avait traversé une très longue période de désert marquée par des résultats faméliques. Mais en 1975, un homme a pris les commandes de la sélection : Michel Hidalgo. Il apporte des idées nouvelles, se montre à l’écoute des joueurs et construit un collectif autour de la star naissante, originaire de Nancy. S’en suit une qualification pour la Coupe du Monde 1978, et puis la demi-finale ahurissante qui est la plus grande blessure du sport français : la défaite contre l’Allemagne en 1982 à Séville.
Mais le onze tricolore a appris de sa naïveté, et c’est un groupe au plus fort de son art qui attaque la compétition au Parc des Princes contre le Danemark et qui gagne 1-0 après un match très rude. Michel Platini est déjà buteur et il finira avec neuf buts au compteur, record à ce jour du meilleur buteur en compétition. Il inscrira au moins un but à chacun des cinq matchs, avec notamment le fameux "hat-trick" (trois buts) contre la Yougoslavie dans le stade Geoffroy-Guichard où il est reçu princièrement, lui qui avait joué à Saint-Étienne trois saisons de 1979 à 1982. Parti à la grande Juventus de Turin qui domine l’Europe du football, Michel est à l’apogée de son talent, en pleine forme physique, et Hidalgo constitue autour de lui le fameux "carré magique" avec Fernandez, Giresse et Tigana, sans oublier Genghini qui prend parfois part à la fête. Les mauvaises langues disent que c’est Michel qui fait l’équipe et décide de tout. Tout est plus subtil, mais Michel Hidalgo a compris le leadership de son numéro 10, et le collectif est construit autour de lui.
Le sourire de la victoire
Il faut se rappeler des vagues de bonheur qui envahissent la France pendant un mois à Paris et en province. Il s’agit de l’apothéose du football français qui a commencé à se dessiner dix ans auparavant avec la magnifique équipe de Saint-Etienne. Mais perdants merveilleux à Glasgow en 1976 ou en Espagne en 1982, les tricolores ont une faim de revanche et de couronnement. Pendant cet Euro, non seulement la France gagne, mais elle joue très bien, marque des buts magnifiques et arrive à renverser des situations extrêmement compromises comme cette fameuse demi-finale à Marseille contre le Portugal, ou Platini, encore lui, crucifie Bento à la 119e minute de jeu.
Quarante ans après, il est sans doute difficile de mesurer ce que représenta ce trophée car depuis 1998, l’équipe de France a construit l’un des plus beaux palmarès du football mondial, et nous nous sommes habitués aux sommets. Ce tout premier exploit a balisé le chemin de progression, et la capacité à gagner. Le journal L’Équipe titra "Ils l’ont fait" au lendemain de la victoire, et c’est un parfait résumé de la route accomplie. Michel Platini restera à jamais le capitaine merveilleux, plein d’élégance et de vista, dont le large sourire illumina notre histoire collective. Bon anniversaire Platoche !