L’événement est une première. Invité par la présidente du Conseil italienne Giorgia Meloni, en charge de l’organisation de la réunion du G7 qui s’est tenue dans les Pouilles, le pape François a participé aux travaux de la journée du vendredi 14 juin consacré aux questions de l’intelligence artificielle. C’est la première fois qu’un pape participe aux travaux du G7, un moment historique pour la diplomatie vaticane.
Le Groupe des sept (G7) se réunit pour la première fois en 1976. Il rassemble les sept pays occidentaux les plus riches, avec une présidence annuelle tournante. L’Union européenne y est aussi représentée avec l’envoi de deux membres. Si la Russie fut un temps invitée à ces réunions, entre la chute de l’Union soviétique (1991) et l’invasion de la Crimée (2014), elle est désormais exclue des discussions. Le pays qui assure la présidence tournante a le choix des thèmes et peut convier des invités extérieurs. C’est ce qu’a fait Giorgia Meloni cette année en invitant les chefs d’État et de gouvernement de Turquie, de Tunisie, d’Argentine, d’Inde ainsi que le Pape.
Le Saint-Siège a toujours refusé que puisse lui être collée l’étiquette "d’aumônier du camp occidental".
C’est une première, car le Saint-Siège a toujours refusé que puisse lui être collée l’étiquette "d’aumônier du camp occidental" selon la formule que certains utilisaient durant la Guerre froide. Le G7 étant le groupe des pays occidentaux, il lui faut donc rester à l’écart de ce qui pourrait être une récupération. Mais à partir du moment où le G7 invite d’autres pays, et cette année plusieurs pays d’Asie et d’Amérique latine, il peut participer aux réunions sans courir le risque d’être rattaché à un camp géopolitique. La réunion se tenant dans les Pouilles, il était également facile au Pape de s’y rendre pour une journée. L’occasion pour lui de rencontrer les dirigeants occidentaux ainsi que ceux des pays invités.
Le Pape a ainsi prononcé une intervention sur le thème de l’intelligence artificielle, sujet au centre des travaux du G7, en insistant notamment sur la dimension morale de l’utilisation de cette technologie numérique. Il s’agissait aussi de promouvoir et de poursuivre la réunion qui s’était tenue à Rome en 2020 sous le nom d’ "Appel de Rome pour l’éthique de l’intelligence artificielle", notamment soutenu par l’Académie pontificale pour la vie. Son objectif est que l’usage des algorithmes et des dispositions numériques ne se fasse pas en dehors de tout cadre éthique. Une préoccupation constante du Pape, que ce soit dans les domaines du numérique et des technologies.
L’Ukraine toujours
L’autre enjeu de ce G7 était bien évidemment la question ukrainienne. Volodymyr Zelensky était l’un des invités de ce sommet dont les travaux du jeudi ont porté sur la suite de la guerre, notamment l’emploi des avoirs russes gelés. Il a été décidé que ces avoirs seraient utilisés pour financer la guerre, notamment pour acquérir de l’armement. Des dispositions qui ont été pérennisées pour les prochains mois afin d’empêcher que des changements de gouvernement aux États-Unis et en Europe ne puissent revenir sur ces dispositions. Si les Occidentaux ont trouvé de nouveaux moyens pour financer la guerre, ils n’ont pas encore de solution pour y mettre un terme.
Dans la foulée du sommet du G7 s’est tenu un sommet pour la paix en Suisse, devant aboutir à des solutions pour mettre un terme au conflit. Sommet où n’étaient présentes ni la Russie ni la Chine, ce qui limitait grandement la possibilité d’obtenir des résultats. Le Saint-Siège non plus n’était pas convié à ce sommet, qui n’a pas permis d’avancer sur une résolution de crise. Sa présence au G7 est toutefois un succès diplomatique pour le Saint-Siège, lui permettant de se positionner sur les grands enjeux économiques et technologiques d’aujourd'hui.