Au Rwanda, les Franciscaines servantes de la Croix sont au service des personnes aveugles et malvoyantes depuis 2006. C'est à Kibeho, lieu connu pour les apparitions mariales reconnues par l'Église en 2008, qu'une école et un centre éducatif gérés par les sœurs ont accueilli le premier groupe d'enfants. L'école, créée un an plus tard, est devenue la première école pour aveugles au Rwanda. Elle accueille 195 jeunes âgés de 6 à 24 ans, qui viennent de tout le Rwanda. Dans un pays où cécité rime avec malédiction, les jeunes aveugles sont marginalisés et n'ont souvent aucune perspective d'avenir. Plusieurs d'entre eux sont également atteints d'albinisme, et s'en trouvent encore plus exclus. Le centre, palliant à cette exclusion, est devenu un véritable oasis pour ces jeunes. "Avant sa création, les aveugles étaient pratiquement privés de possibilités d’éducation", explique sœur Pia à Aleteia Pologne.
Cette franciscaine est arrivée de Laski, en Pologne, dès le mois de septembre, et fait partie des religieuses qui gèrent l'établissement. Servir les personnes aveugles était pour elle une vraie vocation. "Avant de rejoindre la congrégation des Franciscaines servantes de la Croix de Laski, j'avais demandé dans mon cœur : Seigneur Dieu, montre-moi le chemin que je dois suivre", confie-t-elle. "J’ai reçu un signe clair de Lui quand j’avais 24 ans. Pour la première fois, sur le chemin de ma ville natale, j'ai vu une petite fille aveugle." Sœur Pia a aussitôt la conviction que sa place se trouve auprès des malvoyants. "J'avais le sentiment que je ferais l'expérience d'une Église jeune, joyeuse et vibrante, où la foi s'exprime aussi à travers la danse et le chant."
Des enfants livrés à eux-mêmes
Les jeunes soutenus par le centre se plaignent rarement et témoignent d'une résilience à toute épreuve. Pourtant, ils sont bien souvent totalement livrés à eux-mêmes, privés du soutien de leur famille. "Nous recevons des adolescents qui débutent leur scolarité à partir de zéro car leurs parents disaient que cela ne valait pas la peine de s'occuper d'eux, parce qu'ils sont aveugles", s'indigne sœur Pia. "J'ai du mal à accepter cette attitude. Heureusement, ce n’est pas toujours le cas."
Au Rwanda, "de nombreux enfants perdent la vue alors qu'un tel drame aurait pu être évité", déplore la religieuse. La faute au manque d'accès aux soins. "Les diagnostics, les interventions préventives et l'assistance médicale sont très faibles", relève-t-elle tout en regrettant les graves difficultés financières qui empêchent les familles de consulter un médecin. "Nous nous sentons nécessaires ici. Notre mission est d'aider les plus pauvres, les enfants sont reconnaissants et se sentent bien avec nous", poursuit sœur Pia qui se dit inspirée par la proximité du centre avec le sanctuaire marial de Kibeho."Lorsque j'ai prié dans la chapelle des apparitions pour la première fois après mon arrivée au Rwanda, j'ai été envahie par une émotion incroyable", se remémore la franciscaine. "Ce n'était pas seulement une expérience émotionnelle, mais j'ai aussi ressenti la proximité de Marie, le fait qu'elle soit ici et qu'elle prenne soin de ses enfants. J'ai ressenti une immense gratitude dans mon cœur. Je viens d'une ville près de Gietrzwałd où Marie est également apparue. Je suis passée d'un sanctuaire à un autre, c'est en quelque sorte Marie qui m'a amenée ici pour servir les aveugles. Par son intercession, nous prions pour nos enfants et expérimentons son amour maternel."