Sept mois d’attente interminable. Lorsque l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre a plongé la région dans le chaos, le père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Gaza, se trouvait à Bethléem. Depuis, la guerre l’avait forcé à soutenir sa communauté à distance, sans pouvoir se rendre à son chevet. Coincé à Jérusalem, le missionnaire argentin de 54 ans prenait quotidiennement des nouvelles de ses paroissiens, qu’il n’a cessé de soutenir par la prière. Et le 15 mai dernier, le père Gabriel Romanelli a finalement pu rentrer à Gaza avec le cardinal Pizzaballa. Le patriarche latin de Jérusalem n’a effectué qu’une visite de quelques jours mais le curé de la Sainte-Famille a pris la décision courageuse de rester avec sa communauté à Gaza. "Je veux rester ici parce que c'est ma mission", a-t-il assuré à l’Aide à l’Église en Détresse (AED).
Au chevet des chrétiens de Gaza
Depuis 19 ans, le père Gabriel Romanelli partage les joies et les peines des catholiques de Gaza. Alors, depuis le début de la guerre, le prêtre de l'Institut du Verbe incarné n'a qu'un seul objectif : travailler sans relâche et faire tout son possible pour soulager les souffrances et apporter l'espoir à ceux qui ont été touchés par la guerre. "Bien que je puisse être appelé à servir ailleurs dans le futur, je suis convaincu que, pour l'instant, mon devoir en tant que prêtre et pasteur est d'être ici, offrant mon aide de toutes les manières possibles", a-t-il avancé.
Au cours des sept mois de guerre précédant le retour du curé de la Sainte-Famille, la communauté catholique de Gaza a subi de nombreuses pertes, comme l’ensemble de la population gazaouie. Les chrétiens de la Bande déplorent 36 disparus, dont "20 tués dans les bombardements israéliens ou par des tirs de sniper, précise le missionnaire. "Les autres ont succombé principalement au manque de médicaments." À Gaza, la guerre continue de faire rage. La totalité ou presque de la population gazaouie a été déplacée, et 55% des maisons de Gaza ont été détruites dans par les bombardements, selon un rapport de l’UNOSAT, centre satellitaire de l’ONU.
"Je ne suis pas un sauveur. Notre Sauveur est notre Seigneur Jésus-Christ, mais je sens qu'ici, au moins, je peux faire quelque chose pour ne laisser personne de côté et semer un peu de justice et de paix.
Malgré les dangers et les défis à venir, le père Gabriel est déterminé à apporter une aide spirituelle, morale et matérielle à ceux qui en ont besoin, quelle que soit leur appartenance religieuse. "La situation dans les villes est terrible, il n'y a pas une seule structure qui n'ait été endommagée, se désole le curé de la Sainte-Famille. Ici, dans la paroisse, nous avons environ 500 réfugiés. Parmi eux, environ 50 personnes, sont sous la garde des sœurs de Mère Teresa, principalement. En outre, nous fournissons une assistance à des milliers de personnes dans le quartier, en leur offrant de l'eau, de la nourriture et des médicaments."
Si le choix du père Gabriel Romanelli de revenir auprès de ses ouailles à Gaza pourrait relever pour certains de l’héroïsme, le missionnaire refuse de se mettre en avant. Il préfère humblement se dire serviteur. "Je ne suis pas un sauveur, insiste-t-il. Notre Sauveur est notre Seigneur Jésus-Christ, mais je sens qu'ici, au moins, je peux faire quelque chose pour ne laisser personne de côté et semer un peu de justice et de paix. Nous devons élever la voix pour la justice, la paix et la libération des personnes privées de liberté".