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Élections : et si d’autres s’intéressaient à la vie dans les cités ?

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Banlieue toulousaine.

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Jean-Étienne Rime - publié le 11/06/24
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Coordinateur de la Fraternité missionnaire des cités, Jean-Étienne Rime analyse les résultats de l’élection au parlement européen dans les banlieues. Pourquoi, chez les Français issus de l’immigration et dont il constate que la grande majorité travaille et cherche à s’intégrer, cette nette attirance pour l’extrême-gauche et la France insoumise ?

"On est entourés de racistes !", témoigne Émilie en appelant son curé ce dimanche 9 juin vers 22h30. "Ils ne veulent pas de nous", ajoute-t-elle en constatant les résultats des élections européennes. Que se passe-t-il dans les banlieues, nos périphéries ? Mon propos n’est pas une prise de position mais veut éclairer et tenter de comprendre pourquoi le vote dans les cités s’est massivement porté vers l’extrême-gauche.

La plupart de nos concitoyens ont une image terrible des cités et elle est en partie juste : drogue, violence, trafics en tous genre… Ceci est une réalité, mais pour être très présent dans ces quartiers populaires, je peux attester que la très grande majorité de leur population est bien intégrée dans la société. Combien de ces habitants des cités travaillent aujourd’hui dans les hôpitaux et maisons de santé, dans les sociétés de service, dans les aéroports, combien exercent des métiers indispensables ? Ils ont conscience de leur rôle dans la société mais n’en ont pas la reconnaissance. Pourquoi donc ces quartiers populaires sont-ils devenus des terres d’élections de la gauche radicale ? Une analyse de terrain permet de comprendre ce phénomène qui repose sur plusieurs éléments convergents.

Une image caricaturale

Le premier se fonde sur l’image des partis de droite et en particulier du Rassemblement national (RN), un parti considéré comme raciste par une grande partie des Français issus de l’immigration. Les votants originaires des pays africains ou d’ailleurs ont peur d’être renvoyés à Kinshasa ou à Bamako si la droite radicale arrivait au pouvoir. Ils pensent que les regroupements familiaux, l’accueil des voisins ou des autres migrants deviendrait impossible. Le risque de marginalisation serait d’après eux décuplé alors qu’il s’agit d’une population qui cherche à s’intégrer. L’image des banlieues est si caricaturale que l’on ne voit pas ce qui s’y passe de bien, de structurant. On met l’accent sur les dérives, les exactions et cela produit l’effet inverse : ne pas parler du bien exaspère et incite à la réaction, violente comme nous l’avons connu en juillet dernier.

Qui parle des difficultés des cités ? Qui aborde les questions de logement qui sont souvent criantes ?

Un deuxième élément réside dans le discours politique des partis. Qui parle des difficultés des cités ? Qui aborde les questions de logement qui sont souvent criantes, qui évoque et propose des solutions pour les transports mal adaptés et épuisants, qui s’intéresse au pouvoir d’achat de ces populations qui touchent les rémunérations les plus modestes ? Les partis d’extrême-gauche prennent ces sujets au fond et s’intéressent aux personnes. Lorsque les parlementaires de La France insoumise (LFI) vont sur les marchés, c’est pour inciter au vote, faire augmenter la participation, convaincus que la grande majorité des électeurs mettra dans l’urne un bulletin de leur parti. Le Parti socialiste et place publique ne parlent de social qu’en dernier, les autres partis sont loin de cela.

L’effet Gaza

L’effet Gaza est aujourd’hui important et constitue le troisième élément du vote extrême. Une très grande majorité des musulmans vit sa religion dans le calme, sans histoire. Les extrémistes chez eux sont minoritaires. Le maintien de la guerre dans la bande de Gaza est un signe interprété comme négatif pour toutes les populations musulmanes et augmente une peur de marginalisation tristement entretenue par des prédicateurs semeurs de violence et des influenceurs radicaux. 

Ce vote radical se comprend et peut surprendre tant ces Français des banlieues, issus de l’immigration et très bien intégrés réagissent par peur de se sentir ostracisés, peur d’un néo-colonialisme, d’un racisme grandissant. Ces bastions LFI pourraient cependant se fissurer si d’autres s’intéressaient à la vie dans les cités. Ce n’est pas à coup de subventions, de plans "cité" et autres grandes opérations financières et médiatiques que l’on fera évoluer l’opinion, c’est en écoutant les citoyens de ces quartiers, en partageant leurs préoccupations et en œuvrant avec eux pour améliorer des conditions de vie que l’on peut être considéré. Avis aux partis politiques ! Intéressez-vous à ces habitants de quartiers dont la très grande majorité aime et sert notre pays. 

La mission de l’Église

Et l’Église dans tout cela ? Bien sûr, elle ne peut ni ne doit faire de la politique mais il faut considérer qu’elle joue un rôle social essentiel et reconnu. Les paroisses des quartiers populaires s’ouvrent à tous, créent le dialogue, sont de réels acteurs de paix, reconnus par les administrations, les élus, les organismes et les entreprises. Encourageons nos prêtres des cités, ils sont de formidables pacificateurs.

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