Il peut être tentant de croire que chaque fois qu’une personne est canonisée, l’Église approuve automatiquement tout ce qu’elle a dit ou fait au cours de sa vie. Cependant, tel n’est pas le cas. La canonisation ne valide pas tous les actes d’un saint. La principale qualification pour être canonisé est d’avoir vécu une vie vertueuse. Le Catéchisme de l'Église catholique explique les principaux critères pour canoniser une personne :
En canonisant certains fidèles, c’est-à-dire en proclamant solennellement que ces fidèles ont pratiqué héroïquement les vertus et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu, l’Église reconnaît la puissance de l’Esprit de sainteté qui est en elle et elle soutient l’espérance des fidèles en les leur donnant comme modèles et intercesseurs. (CEC §828)
Tous les saints ont commis des erreurs dans leur vie, comme l'explique saint Grégoire le Grand dans l'une de ses homélies :
Je ne nie pas ma culpabilité, car je vois ma torpeur et ma négligence. Peut-être que ma simple reconnaissance de mon échec me vaudra le pardon d’un juge sympathique. Lorsque je vivais dans une communauté monastique, j'étais capable de garder ma langue sur des sujets futiles et de consacrer mon esprit presque continuellement à la discipline de la prière. Depuis que j'ai pris sur mes épaules le fardeau de la pastorale, je n'ai pas pu garder un esprit constant parce que mon esprit est distrait par de nombreuses responsabilités.
Les révélations privées
Ce même principe guide le point de vue de l'Église sur les révélations ou visions privées reçues par un saint. De nombreux saints ont affirmé avoir été témoins de miracles ou d’extases divines. Lorsque l’Église canonise une personne, elle n’approuve pas automatiquement ces révélations. Un document récent du Dicastère pour la Doctrine de la Foi l’explique clairement :
Même lorsqu'un Nihil obstat est accordé pour les processus de canonisation, cela n'implique pas une déclaration d'authenticité des phénomènes surnaturels présents dans la vie d'une personne, comme cela a été souligné par exemple dans le décret de canonisation de sainte Gemma Galgani : « Pie XI a volontiers voulu s'arrêter sur les vertus héroïques de cette jeune fille innocente et pénitente, sans toutefois, par le présent décret (ce qui n'est généralement jamais le cas), porter un jugement sur les charismes préternaturels de la Servante de Dieu ».
L’une des raisons qui explique cela est que les révélations privées, même lorsqu’elles ne contredisent pas la foi catholique, n’ont pas le même poids que la Révélation publique dans la Bible. Les catholiques ne sont pas obligés de croire aux révélations privées, qu'elles soient reçues par plusieurs personnes, comme à Fatima, ou par une seule personne, comme sainte Faustine Kowalska. L’essentiel est de ne pas s’intéresser exclusivement aux visions miraculeuses des saints, mais d’imiter leurs vertus héroïques.