separateurCreated with Sketch.

Mgr Rougé : “Dans le mariage, il est indispensable que la dimension spirituelle soit pleinement honorée”

Mgr Matthieu Rougé.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Mathilde de Robien - publié le 22/05/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, est depuis près de 30 ans membre des Équipes Notre-Dame (END). Dans ses visites pastorales auprès des couples, dans la lignée du père Henri Caffarel, il les aide à développer leur spiritualité conjugale. Une belle ambition qui ouvre le mariage chrétien à trois dimensions : corps, âme et esprit.

Depuis son ordination sacerdotale en 1994, Mgr Rougé a fait partie de plusieurs équipes Notre-Dame. Encore aujourd’hui, il est heureux d’y trouver « un lieu de partage fraternel non hiérarchique ». Il sera présent au rassemblement mondial des Équipes Notre-Dame qui se déroule à Turin du 15 au 20 juillet prochains, réunissant 8.000 couples du monde entier. Convaincu que la dimension spirituelle de la personne est « la dimension la plus fondamentale », l’évêque de Nanterre encourage les époux à prendre soin de leur spiritualité conjugale. « Pour que toute la personne soit engagée dans le mariage, il est indispensable que la dimension spirituelle soit pleinement honorée », assure-t-il. Un objectif que poursuit le mouvement des Équipes Notre-Dame, mouvement d’Église fondé en 1938 par le père Henri Caffarel pour soutenir les couples mariés et qui regroupe aujourd’hui 75.000 couples à travers le monde.

Aleteia : Quel est votre lien avec les Équipes Notre-Dame ?
Mgr Matthieu Rougé : Dès que j’ai débuté mon ministère presbytéral, il y a près de 30 ans, j’ai été sollicité par une équipe Notre-Dame pour en devenir le conseiller spirituel. J’avais 30 ans et les équipiers plutôt 40 avec des familles déjà constituées. Cette équipe s’étant arrêtée en raison de l’expatriation de plusieurs de ses membres, j’en ai rejoint une nouvelle. J’avais cette fois 40 ans et les couples plutôt 30, débutant leur vie conjugale. Ayant moi-même passé une année à l’étranger, j’ai quitté cette équipe-là pour en rejoindre à mon retour une nouvelle. Comme évêque, j’ai été heureux de participer à des rencontres nationales ou diocésaines des END.

Actuellement vous faites toujours partie d’une équipe Notre-Dame. Corrélé à une charge d’évêque, cet engagement relève d’un vrai choix : qu’est-ce que cela vous apporte à titre personnel ?
Quand je suis devenu évêque il y a six ans, j’ai tenu à rester conseiller spirituel et membre de mon équipe, notamment pour garder un lieu de partage fraternel non hiérarchique. Nous avons l’habitude dans mon équipe que les responsables rappellent à mi-mois le Point Concret d’Effort prioritaire choisi et partagé par chacun des équipiers. Ce qui a donné des messages comme : « cher Matthieu, cela me fait un peu bizarre de dire cela à mon évêque mais n’oublie pas ton attention à la qualité de l’oraison » !

Pour que toute la personne soit engagée dans le mariage, il est indispensable que la dimension spirituelle, qui est la plus fondamentale, soit pleinement honorée.

Quelle est la spécificité des END que vous appréciez particulièrement et que l’on ne retrouve pas ailleurs ?
La grâce des END, c’est de faire grandir la foi par la vie conjugale et progresser l’engagement conjugal par la vie spirituelle. Cette coïncidence entre la relation à Dieu et la relation mutuelle est le lieu par excellence de la grâce sacramentelle du mariage. J’ai découvert progressivement que l’essentiel dans les équipes, ce ne sont pas les réunions mais le choix d’une vie spirituelle conjugale approfondie. Les rencontres régulières ne viennent que rythmer et encourager la détermination qui s’exprime dans les « Points Concrets d’Effort ».

Quels sont les fruits des END que vous observez chez les couples équipiers ?
La vie d’équipe est une occasion de croissance des couples dans la foi et dans l’engagement conjugal. Elle offre aussi la possibilité d’une expérience de vraie fraternité baptismale qui nourrit profondément l’appartenance ecclésiale plus large. Être membre d’une équipe ne préserve évidemment pas des difficultés de la vie mais peut aider à les assumer et à les surmonter avec l’aide du Seigneur.

Pourquoi l’intuition du père Caffarel de donner au couple une dimension spirituelle en instaurant une « spiritualité conjugale » est-elle importante pour un couple ? Pourquoi un couple ne pourrait-il pas se contenter de la dimension physique et affective ?
Le mariage sacramentel est l’alliance de deux baptisés avec leur corps, leur âme et leur esprit. Pour que toute la personne soit engagée dans le mariage, il est indispensable que la dimension spirituelle, qui est la plus fondamentale, soit pleinement honorée. Il n’est pas nécessaire d’être aux END pour vivre cela mais la vie d’équipe peut vraiment y contribuer.

Les END demandent un engagement exigeant ("Devoir de S’Asseoir", régularité, "Points Concrets d’Effort", prière conjugale…), n’est-ce pas un peu "trop" exigeant ?
Certaines expressions des END pourraient être rénovées pour ne pas sembler trop volontaristes : je préfèrerais les "points d’attention spirituelle" aux "Points Concrets d’Effort", le "bonheur de s’asseoir" au "Devoir de S’Asseoir". Cela dit, les engagements des équipiers ne font que préciser et approfondir les attitudes de base qui permettent une authentique vie conjugale chrétienne. Dans le monde d’aujourd’hui, si complexe et heurté, il n’est pas possible de persévérer dans la foi et la charité du bout du cœur seulement.

Près de 8.000 couples du monde entier sont attendus à Turin en juillet, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
C’est magnifique de pouvoir ainsi rendre grâce et donner ce témoignage de la beauté de la vie conjugale et familiale de disciples-missionnaires. Turin, c’est la ville du Saint Suaire : le Christ, qui nous a aimés jusqu’au bout, apprend aux époux à aller jusqu’au bout de l’amour. C’est aussi la cité de Don Bosco, extraordinaire exemple d’éducateur, et de Pier Giorgio Frassati, très belle figure de jeune. Tout cela est vraiment prometteur pour ce temps de louange, de rencontres et de prière.

Le thème du rassemblement de Turin est l’eucharistie et fait écho à cette parole du père Caffarel : "Votre amour pour votre conjoint est le premier à être transformé par la grâce de l’eucharistie." Comment l’eucharistie agit-elle sur l’amour que je porte à ma femme ou à mon mari ?
L’eucharistie célèbre les noces du Christ avec l’Église. Le Christ se donnant avec son corps et avec son cœur, apprend aux époux à se donner les uns aux autres. Participer en profondeur à l’eucharistie pour des couples, c’est se laisser renouveler dans la grâce du sacrement de mariage reçu pour témoigner des « merveilles de Celui qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière ». On ne pouvait pas imaginer meilleur thème pour ce rassemblement !

En partenariat avec les Équipes Notre-Dame

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)
Newsletter
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !