"Le malheur ne pourra te toucher", assure le psaume 90, mais comment vaincre le mal et la souffrance après la victoire de Jésus sur la mort ? La lumière des plaies de Jésus ressuscité éclaire le sens de ce très beau psaume : "Oui, le Seigneur est ton refuge ; tu as fait du Très-Haut ta forteresse. Le malheur ne pourra te toucher, ni le danger, approcher de ta demeure." Le texte résonne comme une invitation à vivre nos douleurs, nos peines et nos souffrances de la même façon que le Christ lui-même les a traversées lors de sa Passion.
Se laisser traverser par le mal sans y succomber
Choisir de suivre le Christ ne nous empêchera pas d’être confrontés au mal ou à la souffrance au cours de nos vies, mais en revanche, nous appuyer avec confiance sur lui, nous permettra de nous laisser traverser par le mal, sans y succomber nous-même, comme le Christ lui-même s’est laissé traverser par le mal, la douleur et l’injustice lors de sa Passion. Sans les refuser. Ni protester, ni récriminer. Le mal n’a pas eu de prise sur lui. Pas l’ombre d’une accroche. Pas l’ombre d’une réponse mauvaise. Le mal est resté impuissant. Vain. N’est-ce pas ainsi que l’on peut sortir vainqueur des nombreuses confrontations auxquelles nous sommes soumis tout au long de nos vies ? Il ne nous appartient pas d’éradiquer le mal, mais il nous revient de ne lui laisser aucune accroche en nous.
Choisir de suivre le Christ ne nous empêchera pas d’être confrontés au mal ou à la souffrance au cours de nos vies.
Il reste que chez nous, pêcheurs, l’encoignure, la faille du péché est profondément inscrite dans nos cœurs… favorisant l’entrée du mauvais. De même, nos vies sont marquées par les peines, la maladie, le deuil. Il nous faut donc lutter chaque jour, chaque instant, pour seulement parfois surnager. Résister. Survivre. "Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours", répète inlassablement la liturgie des heures.
Jésus respecte nos peines
Garder ses plaies pour l’éternité est un rappel puissant que Dieu est venu éprouver nos souffrances. "Je suis avec lui dans son épreuve", dit encore le psaume. En montrant ses plaies à ses disciples, le Seigneur affirme que toutes nos peines, tristesses et blessures sont prises au sérieux. Quelles qu’elles soient, elles ne sont jamais minimisées, ni effacées. Elles sont considérées et respectées au point que le Christ ne les efface pas de son corps glorieux après sa résurrection.
Porter ses plaies pour l’éternité, c’est la main tendue du Christ qui, inlassablement, attend que nous soyons prêts à être élevés auprès de lui. Le seigneur n’efface pas nos blessures, il vient les habiter. Si nous le laissons s’approcher. Il a pris sur lui la souffrance, l’injustice et le péché du monde. Au jardin à Gethsémani, il a choisi de boire la coupe amère de l’injustice absolue. Par amour pour chacun d’entre nous. Dans sa Passion, ce sont nos peines et nos humiliations qu’il a portées avec nous. Sous un joug, il y a deux places. Porter le joug avec le Seigneur, c’est aussi savoir que l’on n’est jamais seul. Il est venu précisément pour cela, pour faire de nous ses frères et nous offrir le Salut.
Avec une gratitude immense
Rappelons-nous, au cœur de nos peines et avec confiance, que du sommet de sa souffrance il nous donne sa mère, la très Sainte Vierge Marie. Il nous offre aussi sans mesure et sans équivoque sa miséricorde infinie pour peu que nous la lui demandions avec sincérité. Il nous offre en partage son corps et son sang. Il nous laisse également sa Parole et nous donne son Esprit.
C’est avec ces armes précieuses qu’il nous revient de mener nos vies. Et nos efforts sont teintés d’espérance puisque celui qui est le Chemin, et qui donc, nous ouvre la route, nous conduit vers la consolation. Confiants et pleins d’espérance, contemplons les plaies du Christ avec une gratitude immense et une absolue confiance. Comme un rappel puissant que la voie de la bonté est celle qui choisit courageusement, malgré les peines et les blessures, la vérité et la justice plutôt que la facilité de l’égoïsme, de l’indifférence ou du conformisme.