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S’engager dans le travail à partir de nos aspirations profondes

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Hubert de Boisredon - publié le 22/04/24
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Le chef d’entreprise Hubert de Boisredon, auteur du livre "Déserter ou s’engager ? Lettre aux jeunes qui veulent changer le monde" voit dans le "leadership du compagnonnage" une pratique qui établit une relation de confiance dans le travail, et favorise le lien entre l’engagement professionnel et ses aspirations profondes.

Le think tank "Sens du travail, sens au travail" de l’Université catholique de Lille, en partenariat avec la Chaire Sens & Travail de l’ICAM, organisait le 17 avril une conférence sur le thème de "L’engagement au travail et le dialogue intergénérationnel". J’ai eu le plaisir d’y intervenir avec Louis Faure, coach et cofondateur d'Eotekum. Au cours de cet échange, la réflexion du think tank a apporté un élément essentiel sur le rôle des managers dans l’attractivité des entreprises. 

Un "leadership humaniste de l’être et du sens"

Les jeunes professionnels désirent une forme de liberté, d’autonomie et de bien-être dans leur travail. Au-delà du télétravail qui est souvent mis en avant — mais dont les risques d’isolement apparaissent aussi, notamment quand il devient la norme —, leurs attentes sont liées à la qualité de relation qu’ils vont pouvoir établir avec leur manager et leurs collaborateurs. L’ambiance de l’équipe, l’écoute et la disponibilité du manager et sa capacité à établir un échange libre sur un pied d’égalité, l’aptitude du dirigeant à être un "manager coach", la manière dont l’entreprise traite les employés et les perspectives de progression future sont des critères-clefs qui favorisent l’engagement des jeunes dans leur travail. 

le sens n’est pas d’abord lié à une vision intellectuelle et philosophique de l’entreprise, mais au bien-être relationnel dans l’environnement de travail.

Ainsi, le sens n’est pas d’abord lié à une vision intellectuelle et philosophique de l’entreprise, mais au bien-être relationnel dans l’environnement de travail. D’où l’enjeu pour les responsables en entreprise de prendre soin de leurs collaborateurs et de pratiquer un management par la confiance. Cette qualité de relation entre manager et collaborateur s’établit notamment quand on partage quelque chose de plus grand que le seul sujet des tâches à accomplir. Le développement d’un dialogue intergénérationnel de qualité, fondé sur un "leadership humaniste de l’être et du sens", dans un monde de plus en plus complexe, aux défis sociaux et environnementaux inédits, prend alors toute son importance. Il s’agit en effet de permettre au jeune professionnel de relier son engagement professionnel à ses valeurs et ses aspirations profondes, avec la conviction que le plus jeune peut également enrichir la manière de diriger du manager.

La pratique du compagnonnage

Lors de cette conférence, j’ai partagé avec Louis Faure la vision du leadership que nous cherchons à promouvoir au sein d’Eotekum, le cabinet de coaching et de formation au leadership que nous avons cofondé, qui s’appuie en particulier sur la pratique du compagnonnage. Nos trente ans d’écart nous font découvrir la richesse de ce dialogue intergénérationnel bienveillant et confrontant, permettant de nous encourager et de nous interpeller aussi dans nos intentions de progrès. Apprendre à se "faire compagnon" de l’autre, à établir une qualité de relation qui fait grandir l’autre, construit un leadership différent de celle qui vise à devenir un leader "dominant" pour prendre pouvoir sur l’autre.

Nous croyons en effet que le leadership consiste à oser se remettre en cause et demeurer en mouvement à tout âge, ce qui suppose du courage et de l’humilité. L’énergie vient de cette capacité à envisager chaque jour comme s’il était "le premier jour du reste de notre vie". Nos âges différents nous éclairent également sur une conscience des enjeux du monde. Par exemple, les plus jeunes alertent sur l’urgence à intégrer les limites planétaires et s’engager pour une écologie active dans le monde professionnel et au-delà. Cette relation de compagnonnage réciproque est à la fois exigeante car elle nous pousse à creuser le sens et l’impact de nos actions, et en même temps, elle favorise une dynamique contre l’immobilisme et pousse à sortir de nos zones de confort ou d’endormissement. 

L’engagement à partir de ses convictions

Le dialogue intergénérationnel est une invitation à rejoindre l’audace d’être nous-mêmes, à ne pas perdre nos rêves et de ne pas tomber trop longtemps dans les illusions liées au pouvoir et la réussite, tout en donnant sa pleine mesure. Le plus jeune peut contribuer à permettre au plus ancien de gagner en liberté vis-à-vis de ses attachements (pouvoir, argent, image de soi), alors que le plus ancien peut consolider la confiance en soi du plus jeune. L’enjeu est aussi de nous encourager à traverser les peurs de l’échec, qui sont bien souvent un frein à l’engagement, à la prise de risque et au mouvement.

L’engagement est l’une des valeurs les plus nobles de la personne humaine, homme et femme. Pour qu’il soit durable et fort, il doit puiser sa source dans une connexion profonde à soi-même, à partir de convictions humanistes et/ou spirituelles. L’altérité, la fraternité, l’audace et la fidélité à soi-même sont autant d’atouts pour changer le monde, en réconciliant les enjeux de l’entreprise avec ceux de la société.

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