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Avec quel corps Jésus ressuscité apparaît-il à ses disciples ?

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Jean-Michel Castaing - publié le 17/04/24
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La nature du corps avec lequel Jésus ressuscite n’est pas une question indifférente pour le chrétien, parce que c’est avec un corps semblable à celui du Ressuscité que nous ressusciterons nous aussi.

Ressuscité des morts, Jésus apparaît à ses disciples. Or, dans l’évangile du troisième dimanche de Pâques, il est écrit que certains d’entre eux croient voir en lui un esprit dénué de corps (Lc 24, 37). Pour les détromper, Jésus leur demande quelque chose à manger. Mais de quelle nature est son corps lors de ces apparitions avec lequel, après sa levée d’entre les morts, il mange avec ses disciples, se laisse toucher, parle : toutes opérations qui ont besoin d’un corps pour être réalisées ? Car, après sa résurrection, le Christ est à la fois le même et un autre : Marie-Madeleine et les pèlerins d'Emmaüs ne le reconnaissent pas ! Dans ces conditions, la question se pose : avec quel corps leur apparaît-il à Pâques ? 

Un corps dans une condition nouvelle

Tous les récits des apparitions de Jésus suggèrent qu'il est ressuscité avec un corps propre, qui lui appartient et l’individualise. Toutefois, ce corps, s'il est bien le sien, se trouve désormais dans une condition de vie toute nouvelle, un état nouveau qui l'affranchit des conditions biologiques de notre vie terrestre en lui permettant de modifier ses formes de manifestation. De plus, ce même corps n'est plus soumis à l'espace-temps : il se manifeste là où il veut et quand il veut. Est-ce bien là encore un corps humain ? Oui, le corps du Ressuscité est bien humain car il lui sert de médiation pour se manifester aux autres selon le processus humain de communication interpersonnelle qui est la nôtre et qui veut que la personne s'exprime à travers son corps. Celui-ci est le signe de la personne humaine : voix, gestes, regard, etc. Il n'en va pas différemment pour le corps de Jésus ressuscité. 

Un corps transfiguré accessible à la foi seule

Le corps du Ressuscité est bien le même que celui que lui a donné la Vierge Marie. Telle est la signification du tombeau vide. Jésus ressuscite avec le corps qui a été supplicié le Vendredi saint. Cependant, ce corps est maintenant transfiguré par l'Esprit saint, il est glorifié car il est entré dans le monde divin. En effet, le Christ n'a pas été glorifié seulement dans son esprit mais aussi dans son corps. Cette transfiguration corporelle lui permet d'entrer en communication avec l'ensemble des hommes parce qu’il se trouve désormais au-delà des limites de l'espace-temps.

La présence sacramentelle du Christ dans l'Eucharistie serait incompréhensible sans la transfiguration de son corps.

D'ailleurs, la présence sacramentelle du Christ dans l'Eucharistie serait incompréhensible sans la transfiguration de son corps. C’est par la médiation de son corps glorifié rendu sacramentellement présent par le signe efficace du pain consacré : "Ceci est mon corps qui est pour vous" (1 Co, 11,24), que Jésus entre en communication et communion avec nous à la messe. Comme la présence du Christ dans l'Eucharistie, le mystère du corps glorifié du Ressuscité se situe à un niveau de connaissance et de perception qui n'est pas celui de notre perception sensorielle habituelle. Aussi ce mystère suppose-t-il l'intelligence de la foi donnée par l'Esprit saint (Jn 6, 63). La résurrection de Jésus n'est pas le retour à son état de vie antérieur, auquel cas nos sens seraient en mesure de l’appréhender. La Résurrection est au contraire la transformation de son être charnel en être de gloire, totalement spiritualisé par l'Esprit. 

Un corps qui particularise Jésus

Mais le corps du Ressuscité constitue bien son corps à lui, un corps qui le particularise et par lequel il se fait reconnaître par le geste du partage du pain à Emmaüs (Lc 24, 31) ou par sa voix en appelant Madeleine par son nom : "Marie !" (Jn 20, 16). Voix et geste du partage du pain : c’est bien le corps de Jésus qui a posé ces deux actes — actes qui n'appartiennent qu'à lui puisque c’est par eux que ses disciples finissent par le reconnaître. En effet, notre voix nous particularise, de même que certains gestes, certaines attitudes corporelles. On nous reconnaît à notre voix. Par notre corps, nous sommes tous uniques. Il est des gestes qui n’appartiennent qu’à nous. Il en est de même pour le Ressuscité. Son corps est bien le sien, tout en étant différent de ce qu’il était auparavant quand Jésus partageait notre condition mortelle...

La vie éternelle n’est pas un océan indifférencié

Mystère d'un corps spirituel — un oxymore ! — qui anticipe le mystère de notre vie future et éternelle dans le Royaume… Nous serons alors affranchis des limites terrestres (et de nos égoïsmes !), transfigurés par l’Esprit, tout en restant nous-mêmes. Nous ne fusionnerons pas avec le Brahman, l’Absolu impersonnel de l’hindouisme parce que la divinité qui nous accueillera alors est communion de trois Personnes divines : Père, Fils et Esprit, non un océan indifférencié. Voilà pourquoi notre corps spirituel nous permettra, comme celui de Jésus, d’entrer en communication avec Dieu et les autres élus avec notre personnalité propre. 

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