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Les rois de la Bible : Joas, un roi au destin singulier

JOAS-ROI-JUDA

Joas proclamé roi de Juda.

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 13/04/24
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Joas est le huitième roi de Juda, royaume du sud, en rivalité avec celui d’Israël au nord depuis sa division. Un roi au destin des plus singuliers si l’on songe à ses premières années d’une extrême piété mais marqué par la fin violente et brutale de son règne…

Avant tout récit, soulignons qu’il existe deux rois dénommés "Joas" dans la Bible, aussi faut-il bien les distinguer. Celui qui nous occupe aujourd’hui fut roi de Juda alors que le second - qui règnera ultérieurement, sera, en revanche, roi d’Israël au nord. 

"Notre" Joas d’aujourd’hui monta sur le trône de Juda dans des conditions particulières : en effet, si l’ordre lancé par sa grand-mère, Athalie, reine usurpatrice du trône, de massacrer toute la famille royale de son propre fils, Ochozias, avait été parfaitement exécuté, Joas, son petit-fils, aurait dû mourir avec le reste de sa fratrie… Mais au lieu de cela, il fut caché six ans dans le Temple avant de prendre sa revanche grâce au coup d’État fomenté par le grand prêtre Yehoyada et les officiers du Temple. Cette action conduira à l’onction de Joas qui deviendra ainsi le huitième successeur de Salomon sur le trône de Jérusalem alors que sa grand-mère usurpatrice fut éliminée…

La piété du jeune roi

Sous la tutelle du grand prêtre, le très jeune roi accomplit tout "ce qui est droit aux yeux du Seigneur, pendant tout le temps que l’instruisit le prêtre Joad" (2 Rs 12,3). Malgré cette belle conduite, les lieux sacrés du paganisme n’avaient pas totalement disparu et le peuple y pratiquait encore de nombreux sacrifices et brûlait de l’encens, rapporte le Livre des Rois. C’est alors que Joas s’adressa aux prêtres (2 Rs 12,5-6) : "Tout l’argent consacré que l’on apporte dans la maison du Seigneur, l’argent liquide de chacun, l’argent de la taxe personnelle, et tout l’argent que chacun voudra bien apporter à la maison du Seigneur, les prêtres le recevront, chacun de la part des gens de sa connaissance. Ce sont eux qui feront réparer les dégradations de la Maison, partout où ce sera nécessaire."

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Athalie, reine de Juda, et un soldat. Miniature extraite de la collection De mulieribus claris de Boccace.

La Bible nous apprend cependant qu’alors que Joas était dans la 23e année de son règne, les réparations du Temple n’avaient toujours pas été réalisées, car les prêtres et lévites s’étaient en effet accaparé des richesses … Il fallut l’intervention énergique du roi pour que ces sommes soient finalement reversées non  seulement pour la restauration effective du Temple mais aussi afin d’augmenter le nombre des objets précieux consacrés. 

Une fin de règne funeste

Cependant, les ennemis du royaume n’allaient pas manquer et lorsque Hazaël, roi des Araméens, qui s’était déjà emparé de la ville de Gat, menaça d’envahir Jérusalem, "Joas, roi de Juda, prit tous les objets consacrés ; ceux qu’avaient consacrés Josaphat, Joram et Ocozias, ses pères, les rois de Juda, et ceux qu’il avait lui-même consacrés, ainsi que tout l’or qui se trouvait dans les trésors de la maison du Seigneur et de la maison du roi. Il envoya le tout à Hazaël, roi d’Aram, et celui-ci renonça à monter contre Jérusalem" (2 Rs 12,19).

Tel est le récit donné par le Livre des Rois. Soulignons, cependant, que le Deuxième Livre des Chroniques toujours dans l’Ancien Testament livre une version sensiblement différente ( 2 Ch 24,23-24) : "Or, à la fin de l’année, l’armée d’Aram monta contre le roi Joas et arriva en Juda et à Jérusalem. Ses hommes massacrèrent tous les princes du peuple et envoyèrent tout le butin au roi de Damas. L’armée d’Aram ne comptait qu’un petit nombre d’hommes, et pourtant le Seigneur leur livra une armée très importante, parce que les gens de Juda avaient abandonné le Seigneur, Dieu de leurs pères ; et Joas reçut le châtiment qu’il méritait." Selon cette seconde source biblique, le roi Joas se serait ainsi écarté de sa piété initiale en se tournant vers les idoles et autres cultes païens et aurait même fait lapider le prophète Zacharie critique à son égard ; ce serait pour toutes ces raisons que la défaite se serait abattue sur lui et son royaume. Reste que quelle que soit la version retenue, le roi Joas mourra assassiné lors d’une conspiration menée par des membres de sa cour.

Joas et les arts

Outre la célèbre tragédie "Athalie" de Jean Racine évoquée dans un précédent article, les arts ont su largement se saisir du personnage du roi Joas, et ce dès son plus jeune âge, ainsi qu’en témoigne une très belle peinture du peintre de Louis XV, Charles-Antoine Coypel. Imaginant un entretien entre les deux protagonistes, suivant en cela la tragédie de Racine, l’œuvre confronte la reine usurpatrice, Athalie, face au tout jeune Joas ; la reine cruelle et menaçante apparaissant sous un luxe de somptueuses draperies alors que le futur roi n’est revêtu que d’une simple toge d’un blanc immaculé symbolisant son innocence. 

À l’opposé, c’est la mort certaine qui attend le roi Joas sous la plume du peintre néerlandais du siècle d’or (XVIIe), Willem de Poorter, dans une œuvre aux traits puissants et acérés comme la dague qui s’abat sur le cœur du monarque renversé par les membres factieux de sa cour… 

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