C’est en 2022, peu de temps après la pandémie du covid, que les Espagnols découvrent Adriana Macias sur l’écran de leur télévision, alors qu’elle participe à l'émission "Incroyable Talent". Née sans bras, elle arrive sur le plateau et adresse un message plein d’espoir et de vie tout en réalisant, devant un public ébahi, un tas de gestes du quotidien, à l’aide de ses pieds ! Avec sa verve enjouée, Adriana invite les milliers de téléspectateurs à "avoir confiance en eux-mêmes et en leurs rêves". "Il ne s'agit pas de défier le prochain, il ne s'agit pas d'être meilleur que le prochain, il s'agit d'être meilleur que nous-mêmes chaque jour", insiste-t-elle alors tout en enfilant un fil dans une aiguille. "Il s'est passé tellement de choses dans ma vie que je pense que les gens l'ont parfaitement perçu parce que nous avons pu avoir cette connexion, cette merveilleuse empathie", a-t-elle ainsi raconté par la suite.
Depuis l’émission, Adriana a écrit un livre où elle raconte son étonnante histoire, l’acceptation de son handicap, la naissance espérée de sa fille, son métier de conférencière, où elle incite les jeunes à avoir confiance en eux. Elle n’hésite pas non plus à parler de sa foi en Dieu, très vivante et inhérente à sa personne.
Un handicap inconnu
C’est au Mexique que naît Adriana en 1978. "Ma mère n'a découvert qu'à ma naissance que j'étais née sans bras. Il faut dire qu’à l’époque, les échographies coûtaient très cher, et qu’il n’y avait aucune connaissance sur ce handicap. Personne n’a été capable de dire pourquoi j'étais née ainsi", raconte-t-elle ainsi, affirmant néanmoins que pour elle, ce handicap n’a jamais été un sujet. "Il faut être heureux avec ce que l'on a et avec ce que l'on n'a pas", insiste-t-elle avec force. "J'ai toujours senti que c'était mon corps d'origine. Je pense que si je devais renaître, ce serait le corps que je choisirais, c’est celui qui m'a permis d'apprendre tant de choses".
Et d’ajouter, "depuis que je suis bébé, j'ai commencé à faire des choses avec mes pieds, comme tous les bébés, et mes parents ont vu que, pour moi, mes pieds étaient quelque chose qui me permettait de remplacer ce dont j'avais besoin. En grandissant, ils ont commencé à me donner des responsabilités : plier les vêtements, les ranger ; j'avais des services à rendre, comme tous les membres de la famille. Et c'est là que j'ai découvert que se sentir utile est la plus belle chose qui puisse arriver à un être humain”.
Dieu est avec moi tous les jours
Une acceptation de son corps d’accord, mais qu’en est-il de son âme ? Des reproches à adresser à Dieu ? "Soyons honnêtes et sincères : nous avons tous interrogé Dieu pour savoir pourquoi il ne nous a pas faits de telle ou telle manière. Quand on est jeune adolescent, on veut que la vie soit plus facile. Et quand j'avais du mal à faire quelque chose, la seule chose que je me demandais était : pourquoi devrais-je avoir plus de mal à le faire que les autres ?", confie-t-elle encore. "Mais je n'ai jamais eu de conflit avec Dieu. Mes parents m'ont toujours éduquée et enseignée dans la foi, et j'ai fini par devenir une femme de grande foi. Dieu est avec moi tous les jours ; je pense à Dieu chaque fois que je vais faire quelque chose ; je pense à Dieu chaque fois que je vis un moment difficile ou douloureux. Je l'invite en tout, Dieu est invité dans ma vie, toujours, à tout moment. Je ne peux pas concevoir ma vie sans la foi".
Cette présence au quotidien l’a aidé dans les périodes plus douloureuses de l’adolescence ou des premières amours, ce qu’Adriana raconte encore avec un naturel désarmant, se rappelant de son premier petit ami à l'Université qui a refusé de l'épouser à cause de son absence de bras, "tout ce que je craignais". D’un point de vue sentimental, rien n’a été facile pour la jeune femme, qui a pourtant toujours senti en elle un immense désir de maternité. "Les médecins m’ont demandé de faire un test génétique pour connaître l’origine de mon handicap. C’est comme cela que nous avons découvert que mon handicap était congénital et non génétique. Cela signifie que la nature n'avait plus de matière première, qu'elle ne suffisait plus, mais que mes parents n’avaient aucune responsabilité génétique de mon handicap, un doute qu'ils portaient depuis ma naissance".
Adriana a néanmoins dû attendre huit ans avant d’avoir sa fille, après de nombreuses tentatives. "J'ai dit à Dieu : "ce que je veux le plus au monde, c'est être mère, mais tu as ton plan pour tout le monde"". Sa fille, "ma bénédiction", s’appelle Meritxelle, du nom de la sainte patronne de la principauté d'Andorre. Adriana raconte que la Vierge de Meritxell "s'est fait pousser les bras à force d'aider et de donner tant". Aujourd’hui Meritxelle est à l’école primaire, et Adriana jongle entre ses multiples activités de maman, de conférencière dans le monde entier, tout en lançant une collection de vêtements et en travaillant à un nouvel ouvrage de développement personnel.
Pour Adriana, il n'y a aucun doute : "Dieu nous aime tous. Nous sommes ses enfants gâtés". D’où le titre d’un de ses ouvrages, "Enamórate de ti" (Amoureux de toi). "Ce livre est né du fait que nous sommes gâtés par Dieu car il nous donne et nous accorde souvent ce que nous demandons. Mais il arrive parfois que nous ne soyons pas prêts pour ce qu'il nous a donné", conclut-elle joliment, forte de son expérience.