"Tous les chemins mènent à Rome", dit le célèbre dicton. Rome, Erwan a choisi d'en partir plutôt que d'y arriver. Âgé de 21 ans, cet étudiant en école de commerce a choisi de profiter de son année de césure pour se lancer sur les routes d'Europe afin de rejoindre... Erevan. C'est ici, en Arménie, qu'il sera volontaire pour deux mois avec l'association SOS Chrétiens d'Orient à laquelle il reversera une cagnotte. Pourtant, ce n'est pas la patrie de Noé que visait Erwan pour son pèlerinage, mais la Terre sainte, une destination compromise par le conflit déclenché le 7 octobre dernier qui le contraint à repenser ses plans. Il choisit sans hésiter l'Arménie. "C'est un pays qui me touche tout particulièrement parce qu'il est éprouvé dans sa guerre avec l'Azerbaïdjan", explique l'étudiant à Aleteia. "Et puis, c'est le berceau du christianisme", ajoute-t-il.
Ce pèlerinage, Erwan le mûrit depuis plusieurs années. "C'est quelque chose qui me tentait beaucoup. Il y a bien-sûr le côté exaltant d'une marche longue, "à la Tesson", mais la dimension spirituelle est aussi très prégnante pour moi", confie-t-il. Parti de Rome le 9 janvier, juste devant le Saint-Siège, il devrait arriver à Erevan vers le 20 avril. En quatre mois, le jeune homme aura traversé six pays : l'Italie, la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, et enfin la Turquie. Le tout à la grâce de Dieu, puisqu'il avance en véritable pèlerin, se reposant sur la générosité des gens qu'il rencontre. "Je dors là où on m'accueille. En pays à majorité catholique, c'est plutôt simple, je demande aux prêtres des paroisses. C'est un peu moins simple dans les autres pays, mais je trouve toujours de l'hospitalité", explique Erwan. Tout au long de son itinéraire, le jeune homme partage ses aventures sur les réseaux sociaux : ses rencontres, les paysages contemplés, les églises, basiliques et autres trésors du patrimoine chrétien...
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Face à la solitude
"Je vis des rencontres très enrichissantes. Pas seulement avec les catholiques, aussi avec des musulmans ou même des gens avec qui on ne parle absolument pas religion", affirme le pèlerin. "Les gens se montrent souvent touchés par ma démarche de pèlerinage", reconnaît-il encore avant d'évoquer la dimension d'évangélisation intrinsèque à cette aventure. "Lorsqu'on me demande pourquoi je fais ça, j'aborde bien-sûr ma foi catholique. Parfois, aussi, on ne parle pas du tout, surtout lorsque la barrière de la langue nous en empêche. Il y a une forme de simplicité dans ce silence : je demande, on m'accueille, et je repars."
Le silence et la solitude de la marche, Erwan les expérimente dans ce qu'ils ont de ressourçant et d'angoissant tout à la fois. "Je sais que ça n'est pas très à la mode d'être seul, s'amuse l'étudiant, mais ça ne m'a jamais effrayé." Passées l'excitation et l'adrénaline du premier tiers de son pèlerinage, le temps commence toutefois à se faire long, reconnaît-il. "De Zaghreb à Sofia, cela a été un peu plus dur. C'était le ventre mou de la marche : les paysages sont moins agréables, on trouve le temps plus long, on ne voit pas le bout. On expérimente aussi la peur de ne pas savoir où dormir le soir. Et puis on s'en remet à Dieu." Béret vissé sur la tête, bâton de marche dans une main et chapelet patiemment égrené dans l'autre, Erwan avance en priant. D'ailleurs, veut-il faire savoir aux lecteurs d'Aleteia, "je peux prier sur mon chemin aux intentions qui me sont envoyées via Instagram !"