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Alerte, l’Ancien testament a disparu !

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Valdemar de Vaux - publié le 06/04/24
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Durant les cinquante jours qui séparent Pâques de la Pentecôte, l’Ancien testament disparaît, ou presque, de la liturgie. Un choix radical qui exprime bien la réalité du mystère pascal : la résurrection inaugure une étape nouvelle dans le plan de Dieu.

Comme la majorité des hérésiarques, Marcion fut un intellectuel brillant, et très prodigue. Sa doctrine, la première erreur doctrinale du christianisme, fut pourtant condamnée par l’Église à la fin des années 140. Le natif d’Orient défendait en effet l’existence de deux principes divins : l’un, celui de l’Ancien testament, colérique et législateur pointilleux ; l’autre, celui des évangiles, miséricordieux. Pour l’auditeur averti, la liturgie n’est-elle pas un brin marcionite durant le temps pascal ? 

Depuis le dimanche de Pâques, la liturgie lit, dans les Écritures, les Actes des apôtres en guise de première lecture et les récits des apparitions du Ressuscité dans les quatre évangiles. Cette habitude demeure d’ailleurs jusqu’à la Pentecôte. Les fidèles vont ainsi suivre, au fil des semaines, les débuts de l’Église et les débuts de la prédication apostolique racontés dans les Actes par saint Luc, et les discours et signes théologiques du Christ narrés par saint Jean dans le quatrième évangile. Même la deuxième lecture, les dimanches, est extraite de la première lettre du disciple bien-aimé. 

"Un ciel nouveau et une terre nouvelle"

Ce choix de présenter une Parole de Dieu néotestamentaire est assumé et signifiant. Par sa résurrection, le Christ fait en effet "un ciel nouveau et une terre nouvelle" (cf. 2 P 3, 13). Comme le proclame l’oraison qui suit le récit de la Création lu lors de la Vigile pascale, il s’agit durant ce temps pascal de méditer sur ce qui est "une œuvre plus merveilleuse encore que la création au commencement du monde". Les lectures proclamées pendant le temps pascal ont donc d’abord pour objet d’introduire à cette radicale nouveauté, tout comme le nombre important – cinquante – de jours consacrés à l’accueil du salut procuré par le mystère pascal et actualisé dans les sacrements. 

Pourtant, un élément au moins préserve l’Église de tout marcionisme dans cette démarche : le chant du psaume. Texte biblique par excellence, témoin du dialogue entre les hommes et Dieu dans la première alliance, ces vers poétiques sont une prière des fidèles, inspirée par Celui auquel elle s’adresse. Répondre à la proclamation des merveilles accomplies par le Christ avec les mots attribués au roi David n’est-il pas le meilleur témoignage de la continuité de la Révélation ? Pour enraciner dans les cœurs la nouveauté de la résurrection, ne fallait-il pas que le peuple de Dieu fût préparé, des siècles durant, dans les errements et la fidélité ? Ce qui est valable pour l’humanité entière appelée à reconnaître son Sauveur l’est aussi pour chacun : peu à peu, d’années liturgiques en années liturgiques, Jésus vient habiter et convertir les cœurs de ceux qui se tournent vers Lui. 

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