Un saint pour chaque cause et une cause pour chaque saint. Le web foisonne de tests de personnalité en tout genre et les séminaires d'entreprise sont de plus en plus nombreux à les proposer à leurs collaborateurs. Psychologie de comptoir ou science plus ou moins avérée, ces questionnaires bien fournis poursuivent tous le même but : brosser un portrait-type des personnes pour en déterminer les principaux traits de caractère et leur manière de se comporter en société. Dans le cadre d'un recrutement, par exemple, ces tests permettraient de mieux cerner les candidats.
Quittons un instant l'ambition productive du procédé dont on ne juge pas ici la valeur. Si l'Église considère la personne et non l'individu, c'est aussi parce-qu'elle prend en compte les liens qui l'unissent aux autres et qui font d'elle une entité corps-âme-esprit. Les saints, ou plutôt les relations que chacun entretient avec eux, sont tout aussi révélateurs d'une personnalité et la question : "Quels sont tes saints préférés ?" est à elle seule tout un programme pour mieux connaître ses proches, ses collèges et ses amis, quand on ne s'essaye pas à la deviner au coeur d'une conversation beaucoup plus profonde qu'elle n'y paraît. Aleteia a mené son enquête.
Se sentir proche d'un saint plus que des autres
Chacun, ainsi, se sent naturellement porté à prier tel saint plutôt qu'un autre. Pour Jean, ingénieur et père de famille de 35 ans, par exemple, il s'agit de son saint patron, l'évangéliste dont il admire la douceur, la fidélité et la discrétion. Ces trois qualités, ses amis s'accordent d'ailleurs à dire qu'on les retrouve en lui. C'est aussi le cas de Pierre qui trouve édifiants "le leadership et la faiblesse" de son saint patron, à qui le Christ a confié la charge de l'Église alors même qu'au soir de la condamnation de Jésus, il a failli en Le reniant trois fois. Nombreux sont ceux qui sont touchés par le caractère zélé et impétueux de l'apôtre qui rend la sainteté accessible, car humaine et incarnée. Le jeune père de famille apprécie aussi tout naturellement l'exemple de saint Joseph : "Quel homme, quel mari, quel père et quelle humilité!".
Luana, professeur des écoles, s'essaye quant à elle à deviner les "compagnons du ciel" d'une de ses proches amies. "Toi, je dirais Thérèse de Lisieux, Anne de Guigné et Anne-Gabrielle Caron, même si elles n'ont pas encore été béatifiées". La jeune institutrice de 27 ans ne se trompe pas : "Pourquoi ?". "C'est la simplicité de leur âme et l'esprit d'enfance qui me font dire ça", un programme qui touche particulièrement celle dont elle parle. La jeune femme évoque quant à elle le lien privilégié qu'elle entretient avec ses saints chéris : saint Charles de Foucauld, saint Augustin et la Vierge Marie. Contrairement à son amie, la jeune femme n'est pas du tout attirée par sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. "Je sais bien évidemment que c'est une grande sainte, mais je me sens beaucoup plus touchée par l'esprit missionnaire de saint Charles de Foucauld. J'admire aussi saint Augustin et sa conversion fulgurante et Marie, bien sûr !".
Héroïsme, droiture, douceur ou impétuosité
Cécile, jeune active de 25 ans, se confie quant à elle beaucoup à saint Antoine de Padoue, "pour sa tendresse et son écoute des soucis de la vie, des tout petits aux très grands. J'aime aussi beaucoup saint Padre Pio parce-qu'il enseigne l'amour de la souffrance et rappelle la puissance de la messe". Marielle, sa collègue de bureau, 31 ans, elle, admire Don Bosco "pour sa confiance et son attention pour les plus petits" et sainte Rita, "pour sa patience" et les grâces qu'elle obtient tout particulièrement à ceux qui se croient désespérés.
Océane, 21 ans, a choisi pour "amie du ciel" la Servante de Dieu Claire de Castelbajac que les lettres ont bouleversée. C'est la "droiture de cette âme toute livrée à Dieu" qui a touché la jeune femme qui étudie la philosophie et la théologie à l'Université. "J'aime aussi beaucoup la petite Servante de Dieu Anne-Gabrielle Caron : nous sommes nées la même année et elle est morte le jour de mon anniversaire, c'est vrai que rien que par ça, je me sens proche d'elle". Pour Alain, quadragénaire parisien et père de famille, c'est l'humour qui est une vertu essentielle. C'est tout naturellement qu'il témoigne de son affection pour saint Philippe Néri, aussi surnommé l'apôtre de la joie. C'est saint Joseph qui fait chavirer le coeur de Mathilde, épouse et mère de famille, qui se dit très touchée par "son humilité et son abandon total et sans retour à Dieu". La jeune femme admire aussi l'audace de sainte Thérèse de Lisieux qui, contre l'avis de tous, met tout en oeuvre pour entrer au Carmel à 15 ans. Un parfait exemple, selon elle, du célèbre adage qui veut que "qui ne demande rien n'a rien !".
Héroïsme, droiture, douceur, humour, érudition, humilité, simplicité ou impétuosité, chacun est ainsi porté à se sentir plus proche d'un saint que d'un autre. Si ce sont les saints qui nous choisissent pour amis, c'est bien que cette amitié contient à elle seule tout un programme de sanctification qui dit quelque chose de la personnalité de chacun : "Donne-moi tes saints et je saurai qui tu es".