En classe de quatrième ou de troisième, l’adolescent doit réaliser un stage d’une semaine. Cette étape fait partie de son orientation, un passage obligé qui pousse les parents à investir la question. En effet, le jeune se sent en général bien loin de la vie professionnelle. Une courte semaine à la fin du trimestre, le stage de troisième sert-il vraiment à quelque chose ? Comment ces cinq petits jours peuvent-ils apporter quelque chose dans la vie d’un adolescent ?
1Trop court pour porter du fruit ? Pas si sûr !
Professionnelle de l’orientation depuis plus de dix ans et auteur du livre “Face aux choix d’orientation, parents et éducateurs, libérez votre pouvoir d’agir !” (Quasar), Alix de Quillacq explique : "Vers quinze ans, les adolescents ont une vision de la vie professionnelle essentiellement par les yeux de leurs parents. Croire que le stage de troisième n’apporte rien est une erreur : c’est une opportunité pour le jeune de mettre un pied dans l’univers professionnel et de l’observer avec ses yeux à lui."
Pourtant, trouver quoi faire pendant une courte semaine, alors que tous les élèves cherchent en même temps le fameux stage, peut relever du parcours du combattant. Les parents sont alors tentés de réaliser les démarches à la place de leur enfant, rédiger la lettre de motivation ou activer tout leur réseau. Le jeune gagne pourtant à y mettre du sien. Alix de Quillacq explique : "Ce stage correspond à la première fois que le jeune passe du monde scolaire au monde professionnel. Il est bon qu’il se décarcasse pour trouver son stage, et qu’il ose sortir des sentiers battus, quitte à aller vers quelque chose qui l’intéresse moins. Par exemple, si son père est médecin, le jeune a déjà entendu parler des journées d’un médecin. Aller faire son stage chez un collègue du père sera moins riche que d’aller chez un ébéniste, un ingénieur, dans le monde du spectacle ou tester un logiciel 3D chez un graphiste."
2Ne pas chercher l’action, mais l’humain
Ce premier stage n’est pas une occasion de trouver ce qui aura le plus d’attrait sur un futur CV. "L’objectif du stage de troisième est une mise en mouvement, une ouverture qui permet au jeune d’apprendre une posture", explique la professionnelle de l’orientation. "On ne parle pas de la même façon à un adulte dans le monde professionnel qu’à un copain. Beaucoup de jeunes ont besoin d’apprendre le savoir-être professionnel : connaître les codes vestimentaires du secteur, regarder dans les yeux, dire Bonjour Monsieur, Bonjour Madame, savoir s'intéresser et poser des questions."
Il ne faut pas chercher l’action, mais l’humain. L’orientation est le fruit des expériences, ce n’est pas une démarche intellectuelle.
Même si les questions posées ne sont pas les plus pertinentes, l’intérêt que montre le jeune permet aux adultes de lui faire découvrir un monde qui lui est encore inconnu. D’autant que le stage de troisième n’est plus une garderie, bon nombre d’entreprises proposent des parcours qui permettent aux adolescents de discuter avec plusieurs interlocuteurs. "Il ne faut pas chercher l’action, mais l’humain. L’orientation est le fruit des expériences, ce n’est pas une démarche intellectuelle", explique Alix de Quillacq.
3Donner le meilleur de soi-même dans le travail
Les adolescents vont découvrir des personnes qui aiment leur travail et en parlent positivement. "Ils vont découvrir une diversité, d’autres jeunes sympas qui aiment ce qu’ils font : ce stage va élargir leur regard. A leur âge, ils ont besoin de voir qu’on peut être content d’aller travailler", encourage Alix de Quillacq.
Le stage de troisième est donc une première occasion pour l’adolescent de mettre un pied dans le monde des adultes, de découvrir, d’expérimenter et ainsi, de développer son estime de lui-même. Plus tard, il sera appelé à apporter sa pierre à l’édifice et à trouver un lieu pour donner le meilleur de lui-même.