Vouloir modifier la Constitution est décidément à la mode. Alors que le Parlement français a voté, le 4 mars, en faveur de l’inscription de "la liberté" d’avorter dans la Constitution, les Irlandais ont rejeté, par référendum, deux propositions visant à "moderniser" la Constitution nationale. Un double vote organisé à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier.
À une large majorité, les Irlandais ont rejeté les modifications proposées par le gouvernement, libellées sous forme de deux questions. La première proposait d’élargir la définition de la famille, caractérisée actuellement dans la Constitution par le mariage seul, pour inclure les "relations durables". Si le taux de participation a été faible (44%), plus de deux Irlandais sur trois ont voté "non" (68%).
Les évêques catholiques irlandais s’étaient opposés à ce changement, soulignant que la Constitution irlandaise considère la famille comme une "institution morale" jouissant de "droits inaliénables et imprescriptibles". "Nous sommes préoccupés par le fait que l’amendement proposé à la Constitution sur la famille diminue l’importance unique de la relation entre le mariage et la famille aux yeux de la société et de l’État et qu’il risque de conduire à un affaiblissement de l’incitation des jeunes à se marier", avaient-ils souligné dans une déclaration commune publiée le 25 février. "Alors que le "mariage" implique un engagement public et juridique, le terme "relation durable" est entouré d'incertitude juridique et est ouvert à une large interprétation", déploraient-ils.
La clause dite "des femmes au foyer"
La seconde question envisageait de modifier une protection constitutionnelle datant de 1937 pour empêcher que les mères soient contraintes de travailler par "nécessité économique", évoquant notamment les "devoirs des mères au sein du foyer". Une nouvelle formule devait attribuer à tous "les membres d’une famille" la responsabilité de prendre soin les uns des autres. Le refus a été encore plus net, avec 73,9% de "non".
L'Église catholique d'Irlande était également opposée à ce deuxième amendement, estimant que cette modification aurait été superflue, puisque la Constitution n'empêche "en aucune manière" les femmes de travailler. "La disposition constitutionnelle actuelle ne déclare absolument pas que la place de la femme est au foyer", soulignent les évêques. Et de s'interroger : "Quel est l'avantage pour la société irlandaise de supprimer les termes "femme" et "mère" de la Constitution irlandaise ?" Pour les évêques irlandais, "l'amendement proposé aurait pour effet d'abolir toute référence à la maternité dans la Constitution".