Porter sur grand écran les derniers instants de saint Maximilien Kolbe ne manque pas d’ambition. Prêtre franciscain polonais et déporté à Auschwitz, ce dernier s’offre à la place d’un père de famille en 1941 en représailles d’une évasion. Choisissant librement d’être condamné avec 9 autres prisonniers, il est enfermé dans un bunker pour y mourir de faim. Il meurt le dernier après avoir réconforté ses compagnons. C’est pourtant le pari que s’est lancé le scénariste et réalisateur américain Anthony d’Ambrosio. Intitulé “Triumph of Heart”, “Le Triomphe du cœur”, le film est actuellement en post-production et devrait sortir en août 2024 au cinéma aux États-Unis. Et si une chose est sûre, c’est que l’aboutissement de ce long-métrage tient à de nombreux petits “miracles” !
Tout commence par l’histoire personnelle d’Anthony D'Ambrosio. Jeune adulte et fiancé à la femme qu’il aime et qu’il a le projet d’épouser, il tombe grièvement malade. Une maladie à laquelle ne survivra pas le couple. Anthony d’Ambrosio traverse des crises d’angoisse régulièrement, victime d’insomnies il est à la dérive. "Dans ma souffrance, j’ai expérimenté dans une certaine mesure ce sentiment d’enfermement avec Maximilien Kolbe", explique-t-il dans une vidéo publiée sur Instagram. "Je me sentais comme les compagnons de Kolbe, pris au piège et sachant la mort venir. Et Maximilien Kolbe a amené ces hommes à combattre pour vivre. C’est cet amour là qui a redonné du sens à ma vie, qui a posé une fondation pour que je puisse croire à nouveau. Et quand je n’arrivais pas à croire en Dieu ou aux miracles, et bien je pouvais croire à cet amour incroyable qui jaillit dans les ténèbres."
Cette expérience a profondément marqué Anthony d’Ambrosio, au point de prendre une décision radicale : faire un film sur ce séjour vécu par Maximilien Kolbe et ses compagnons dans le bunker de la faim, en montrant l’Amour et la lumière qui jaillissent des ténèbres. "J'ai écrit cette histoire pour partager la réponse de Kolbe à mes souffrances et à mes doutes avec un monde qui en a désespérément besoin", reprend-t-il. "Kolbe est un saint pour nous et pour notre époque."
Une aventure périlleuse et providentielle
Le tournage démarre en novembre 2023 en Pologne et s’accompagne lui aussi de petits miracles. L’équipe de tournage doit en effet travailler avec un calendrier et un budget serrés. "Nous avions besoin de miracles chaque jour pour que le film soit réalisé", confirme le réalisateur à l’édition américaine d’Aleteia. "Habituellement, les films prennent des années à être réalisés, et il ne nous restait que trois mois environ entre la collecte de fonds et le tournage en Pologne."
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Heureusement, la communauté catholique polonaise a soutenu le projet d’une manière incroyable. Une semaine après son arrivée, Anthony d’Ambrosio se retrouve à présenter le projet du film sur un plateau télé. Dans la foulée, les propositions d’aide de la communauté locale commencent à affluer. Cette approche authentique et populaire est la sauce secrète de ce film insolite. "C’est un film issu de la communauté catholique. Cela ne vient pas d'Hollywood. Ce film sort du cœur même de l’Église."
Météo anormale et surprises miraculeuses
Les conditions météorologiques ont également perturbé le tournage. L’équipe a dû par exemple fermer les rues d'une ville entière, déplacer toutes les voitures du parking d'un complexe d'appartements et reprogrammer une semaine de tournage à cause d'une tempête de neige. Mais lorsque le tournage a dû être reprogrammé, "le département artistique n’était plus disponible, et le cascadeur non plus", reprend-t-il. L’équipe s'est dépêchée de trouver des remplaçants. Il s'est avéré qu'un autre cascadeur était disponible et prêt à faire le travail presque gratuitement en raison de sa dévotion personnelle envers Maximilien Kolbe. Ce cascadeur était par ailleurs l'un des meilleurs de sa profession et emmenait toute son équipe avec lui. "C'était un miracle que ce type soit libre le jour où nous avons tourné et il s'est avéré être plus convaincant que la proposition précédente."
Jour après jour, le tournage a dépassé les espérances de l’équipe. D'Ambrosio voit dans cette improbable chance l'intercession de Kolbe. "Bien sûr, nous priions Kolbe parce que c’est en quelque sorte ainsi qu’il vivait sa vie. Chaque fois qu’il avait besoin de quelque chose, il le demandait à la Vierge Marie", a-t-il rappelé. "C'était exactement comme ça pour nous aussi."
Si l'histoire de saint Maximilien Kolbe est une source d'espoir pour ceux qui n'en ont pas, le message du film est également puissant pour ceux qui vivent avec l'espérance chrétienne, notamment en montrant comment il a grandi en sainteté au fil du temps."Il est tentant de penser que tous les saints étaient saints depuis leur naissance", rappelle le réalisateur. "Ce film va enlever les couches de sainteté pour montrer le processus par lequel Maximilien Kolbe est devenu saint, le voyage qu'il a dû parcourir pour surmonter les mêmes choses que chacun d'entre nous", glisse encore le réalisateur. Et de conclure : "J'espère que cela inspirera beaucoup de catholiques à sentir qu'ils peuvent grandir, peu importe la manière dont ils sont appelés à être saints, et que la sainteté est accessible à tous, chose qu’ils ne voyaient peut-être pas avant."
Et le miracle continue…
Pour permettre au film d’être réalisé et distribué dans les meilleures conditions, l’équipe du film a lancé un Kickstarter le 8 janvier 2024, avec un premier palier à 20.000 dollars pour un objectif final fixé à 80.000 dollars. Le kickstarter s’est terminé le 8 mars 2024, avec 160.259 dollars récoltés. Encore un petit miracle qui vient confirmer que ce film mérite d’être projeté dans les salles obscures.