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L’incroyable espérance de Clémence Pasquier, atteinte d’un cancer généralisé

CLEMENCE-PASQUIER

Clémence Pasquier.

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Bérengère de Portzamparc - publié le 09/03/24
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Clémence Pasquier, 29 ans, est atteinte d’un cancer généralisé, et est désormais en soins palliatifs. Elle n’hésite pourtant pas à témoigner de son chemin de vie, de ses souffrances mais aussi de la foi qui l'habite et la porte au quotidien.

Voilà plusieurs années maintenant que Clémence Pasquier travaille pour le diocèse de Lyon, à la pastorale des jeunes, et son dernier “fait d’armes” est d’avoir contribué à amener près de 1.600 jeunes lyonnais aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Lisbonne au mois d'août dernier. Une gageure dont elle est très fière, et surtout très reconnaissante, car jusqu’au dernier moment, elle n’était pas sûre d’avoir la force physique de pouvoir vivre un tel voyage.

Depuis qu’elle a 22 ans, Clémence souffre d’un cancer qui est désormais généralisé, et ne lui laisse que peu de répit. Elle est à présent en soins palliatifs, et sait que les mois lui sont comptés. Pourtant, entre deux passages à l'hôpital, elle continue son travail auprès des jeunes, doit publier un deuxième ouvrage sur les jeunes saints et n’hésite pas à témoigner de sa foi, qui l’habite depuis son plus jeune âge. Aleteia a pu la joindre quelques jours après son témoignage sur la chaîne YouTube “Les lueurs”, une chaîne qui donne la parole à ceux qui ont traversé des épreuves douloureuses. Son message a rejoint des milliers de personnes, à son grand étonnement. Pour Aleteia, Clémence n’hésite pas à partager son expérience et donner une très belle leçon de vie. 

Aleteia : En participant à l’émission Les Lueurs, vous vous êtes beaucoup confiée et cela a trouvé beaucoup d’échos. Vous attendiez-vous à cela ? 
Clémence Pasquier : Non, je ne m’attendais pas à autant d'intensité dans les retours que j’ai eu, ni aussi rapidement. J’ai reçu énormément de messages. Cela a provoqué de nombreuses discussions notamment avec des proches mais aussi des moins proches. Beaucoup de gens m’ont confié leurs propres épreuves. Après coup, je réalise qu’en réalité, nous tous humains, possédons peu d’espaces dans nos quotidiens pour dire ce qui nous rend fragile. De plus, je comprends également que, quand on ose se confier et montrer sa souffrance, cela autorise les gens à se confier à leur tour. Peu importe que leurs épreuves soient plus ou moins dures que les nôtres, l’essentiel est de pouvoir parler de ses douleurs comme de son espérance. Ceci dit, après de tels échanges, le Bon Dieu a bien fait les choses car j’avais prévu une retraite à Lourdes puis à Boulaur, et je suis contente de pouvoir souffler un peu, physiquement, car je suis assez fatiguée et moralement, pour laisser retomber cette actualité, et lire à tête reposée les beaux messages que j’ai reçu, sans précipitation.

La foi, c’est vraiment mon quotidien.

Vous êtes catholique, pratiquante, et avez une foi très ancrée semble-t-il, d’où vous vient-elle ?
Je suis issue d’une famille très pratiquante et nous avons toujours prié ensemble à la maison. Nous avons même monté un spectacle familial sur la vie de saint François d’Assise que nous avons tourné pendant plusieurs années, un peu partout en Europe, avec mes parents et mes deux frères. Aussi la foi, c’est vraiment mon quotidien. Quand je suis arrivée à Lyon pour démarrer ma vie professionnelle, j’ai eu la chance d’être embauchée au diocèse de Lyon, après plusieurs mois de bénévolat. Et donc dans mon travail, je peux vivre ma foi également, et me mettre au service de la mission.

Pourtant, rapidement, vous vous découvrez atteinte d’un cancer. Il faut donc jongler entre la maladie, le travail et la vie personnelle ? 
C’est vrai, rapidement j’ai dû annoncer ma maladie au travail car cela me demandait quelques aménagements, avec mes rendez-vous médicaux. Malgré la douleur et la fatigue, je suis heureuse de pouvoir continuer à travailler, car cela me permet de garder un rythme de vie, un équilibre, avec le devoir de me lever pour aller au boulot, et garder un contact avec le monde. C’est d’autant plus “équilibrant” que j’ai un travail qui a du sens. La pastorale des jeunes et aujourd’hui celles des 18-35 ans m’occupe bien, d’autant que l’année 2023 a été riche en projets entre l’organisation des JMJ, l’ouverture d’une épicerie solidaire dans une paroisse de Lyon et la sortie d’un premier livre sur la vie des saints récents, avec le deuxième tome qui sera publié courant avril. 

À ce propos, quels sont les saints qui vous touchent plus particulièrement ?
Ils sont nombreux : François d'Assise et sainte Claire, sainte Thérèse de l'enfant Jésus… Je pense aussi beaucoup à Claire de Castelbajac dont j’ai lu le livre quand j’étais adolescente et dans lequel j'avais déjà à l’époque trouvé un très large écho avec ma vie. Et je me suis encore plus rapprochée d’elle depuis ma maladie. Son expérience de la vie, de la joie, de ses doutes me parle énormément et nous avons à présent une véritable proximité.

Quelle est cette proximité ?
J’ai un lien très particulier avec les sœurs de Boulaur, où repose Claire de Castelbajac. J’y suis venue une première fois, un peu par hasard, avec mes parents, il y a quelques années, et depuis je m’y rends plusieurs fois par an minimum. J’y vis une profonde et sincère amitié avec les sœurs, et j’ai pu suivre avec elles leur nouvelle installation à Notre Dame des Neiges, où je me rends également très souvent, quelle chance ! Depuis l’annonce de ma maladie en 2018, mes parents et les sœurs organisent pour moi des neuvaines à Claire, qui, par un incroyable biais et relais d’amis, de proches et d’inconnus, ne s’est jamais arrêtée. Je n’ai d’ailleurs appris cette initiative que plusieurs mois après, et j’ignore qui y participe et quand, mais cette fidélité dans la prière me touche et me soutient, et même me libère. J’aime aussi aller à Boulaur pour y trouver un autre rythme qu’à Lyon, plus reposant, plus régulier, et plus tourné vers la vie de prières. 

Par mes mains, ma tête ou mon cœur, j’ai trouvé des moyens de prier, constants et réguliers.

Quel est votre rapport à la prière ? Comment priez vous ? 
La prière fait vraiment partie de mon quotidien et elle s’y insère à chaque instant. Il faut dire que j’ai de nombreuses heures d’attente dans ma vie, lors des rendez-vous à l'hôpital, pendant des nuits difficiles sans sommeil, alors je trouve souvent le temps de prier en fait. Je fais aussi de la calligraphie, pour m’apaiser et prier, en recopiant des phrases de la Bible que j’aime ou qui m'inspirent. Et je chante aussi beaucoup, la musique fait partie de mon univers. Bref, par mes mains, ma tête ou mon cœur, j’ai trouvé des moyens de prier, constants et réguliers, et cela malgré la fatigue, omniprésente, qui elle aussi, fait partie de ma vie et de mon quotidien. 

Parlons-en, de la maladie. Quelle est sa place dans votre quotidien ?
Il faut bien admettre que c'est tout de même l'hôpital qui donne le rythme de mon quotidien ! Cela fait vraiment partie de ma vie, c’est comme ça. Je le sais c’est ainsi, même si parfois, ça me saoule vraiment ! J’aimerais avoir de l'insouciance, ne rien prévoir à l’avance, partir sur un coup de tête… Malheureusement, chaque déplacement, chaque voyage, doit en amont faire l’objet d’une autorisation médicale avec la mise en place d’un suivi médical sur place. Parfois j’en ai marre, je voudrais juste être normale, alors je crie vers Dieu, pas pour lui faire des reproches, non, juste pour lui dire que j’en ai marre justement ! C'est aussi le cas avec quelques proches de confiance, avec qui je peux laisser éclater ma colère ou ma lassitude de temps en temps, sans qu’ils ne s’en inquiètent outre mesure, ils ne pourront rien changer mais ils sont juste là pour m’écouter, et c’est précieux. 

Je ne sais pas quelle sera la suite de ma vie, même si les médecins ne me laissent guère de visibilité, mais je sais que l’amour est ce qui reste, et ce qui restera.

Vous qui vivez avec la maladie, quel est votre message ? 
J’accepte régulièrement de témoigner dans des forums de jeunes, aux JMJ, etc, mais c’est vrai que jusqu'à cette émission Les lueurs, je n’avais encore jamais parlé des soins palliatifs et de mon rapport à la mort. J’étais en confiance pendant le tournage, et pour être honnête, je ne pensais pas que je me confierais autant, ni qu’il y aurait une telle audience, à laquelle je ne pensais pas du tout. Ce que je comprends à présent, avec le recul, si tant est que j’ai un message, c’est que la souffrance est universelle, qu’elle touche tout être humain, et qu’il faut des lieux pour en parler et se confier. Je ne sais pas quelle sera la suite de ma vie, même si les médecins ne me laissent guère de visibilité, mais je sais que l’amour est ce qui reste, et ce qui restera. 

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