separateurCreated with Sketch.

Les Invalides, plus qu’un dôme, une profession de foi

L'église Saint-Louis des Invalides.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Cécile Séveirac - publié le 06/03/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Alors que l'affiche officielle des Jeux Olympiques 2024 révélée le 4 mars fait l'objet de critiques pour la représentation qu'elle donne des Invalides, dont le Dôme est privé de sa croix, Aleteia s'est replongé dans l'histoire des Invalides, trésor architectural de la capitale mais surtout témoignage de foi signé Louis XIV.

Tout le monde l’a déjà vu, et surtout contemplé, ce dôme doré qui surplombe Paris, cette coupole majestueuse qui trône tout près de la Dame de Fer. On le voit briller depuis les hauts gratte-ciel de verre, l’arc de triomphe ou les marches de Montmartre. Il a vu défiler l’histoire de France au creux de ses murs et accueille encore sur son parvis les cercueils recouverts d'un drapeau français : militaires morts pour la Patrie, grandes ou moins grandes figures politiques de notre temps, belles gueules du cinéma français... Si le Dôme des Invalides abrite aujourd'hui une crypte désacralisée et le tombeau de Napoléon, il a pourtant été créé dès l'origine pour surmonter une église.

Celle-ci est le fruit d’un travail de longue haleine ordonné par Louis XIV en 1670, et qui n'a pris fin qu’en 1706… Soit près de quarante ans après le début des travaux ! Alors que les hospices pour les soldats blessés ou trop âgés pour combattre sont construits en seulement trois ans par Libéral Bruant, l'église, elle, tarde à venir… Si bien que Bruant est remercié pour laisser place à son élève, Jules Hardouin-Mansart. Celui-ci entreprend d'édifier l'église des soldats, dédiée à saint Louis, mais désireux de ne pas s'arrêter en si bon chemin, il prolonge la nef et construit une deuxième église : la chapelle royale, ou "église du Dôme". C'est donc celle-ci que l'on voit ornée de sa somptueuse coupole dorée aux allures de basilique Saint-Pierre de Rome. Celle-ci est surmontée d'un lanternon qui porte lui-même une flèche fleurdelisée (symbole de la royauté). À sa base, on aperçoit les statues des trois vertus théologales : foi, espérance et charité ; ainsi que la vertu de religion. La croix, enfin, se dresse vers le ciel à plus de 100 mètres de hauteur. Véritable point de repère dans les villes, les dômes sont aussi et surtout une prouesse artistique qui tendent à rappeler les Cieux aux chrétiens, les invitant à lever les yeux dans la perspective de la Vie éternelle.

De chaque côté de l'entrée, les statues de saint Louis et du "quasi-saint" Charlemagne. Une fois passée la porte, l'intérieur de l'église du Dôme tout entier est conçu pour rappeler le lien indissociable entre la monarchie absolue française et l’Église catholique. La coupole laisse apercevoir à sa base les douze apôtres, et en son centre, une fresque de Charles de La Fosse représentant saint Louis "entrant dans la gloire parmi les anges", qui "présente au Christ sa couronne, son épée et son blason".

dôme, coupoles, Invalides
Coupole des Invalides.

Sous le feu de la Révolution

C'est donc le 28 août 1706 que Louis XIV se rend en grande pompe aux Invalides pour recevoir enfin les clés de deux églises, avant d'assister à la Sainte Messe pour consacrer, selon les mots de Mansart à Louis XIV "ce superbe monument de votre religion [qui] marquera à la postérité la plus reculée, la grandeur de votre règne". Le roi de France et ses soldats peuvent donc assister à la même messe, mais en empruntant différents accès : l'entrée de l'église du Dôme pour le roi, et la porte de la cour d'honneur pour les soldats.

Les Invalides n'échapperont pas à l'ouragan révolutionnaire qui emporte tout sur son passage dès 1789. Les symboles royaux et religieux sont retirés et l'église Saint-Louis fermée au culte. Sous la Terreur, l'église du Dôme devient quant à elle le temple du dieu Mars, où l'on adore la guerre et non plus Dieu. C'est l'empereur Napoléon qui lui rendra sa fonction première, la restituant au culte catholique. Vingt ans après sa mort sur l'île de Sainte-Hélène, le roi Louis-Philippe décide de rapatrier le corps de l'empereur déchu pour le rendre à sa terre, et son tombeau est placé sous le Dôme, dans l'ancienne chapelle royale. L'y rejoindront les dépouilles de son fils et celles des maréchaux de France, Foch et Lyautey.

L'église Saint-Louis, la seule à accueillir encore des messes, sera érigée en cathédrale du diocèse aux armées françaises en 1986. Longtemps, le Dôme restera le plus haut monument de France, jusqu’à ce qu’un certain Gustave Eiffel décide de faire concurrence - quel culot ! - au Roi Soleil et à l'œuvre que Montesquieu désignera lui-même comme "le lieu le plus respectable de la terre".

Découvrez aussi en images ces églises de Paris que la Révolution a détruites :

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)
Newsletter
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !