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En Patagonie argentine, la mission ne ressemble à aucune autre

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Vue aérienne d'Ushuaia, capitale de la province de la Terre de Feu en Argentine.

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Maria Lozano - publié le 05/03/24
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L’Église en Patagonie est confrontée à de nombreux défis que sont les longues distances, la diversité et le manque de ressources. "L’Église de Patagonie est une Église particulière, très différente du reste de l’Argentine, avec de gros enjeux", reconnaît Mgr Roberto Álvarez, l'un des évêques chargés de veiller au développement de l'Église dans ce vaste territoire argentin.

Mgr Roberto Álvarez porte depuis octobre 2023 une double responsabilité sur ses épaules, puisqu’il est à la fois évêque du diocèse nouvellement créé de Rawson et administrateur apostolique du diocèse de Comodoro Rivadavia, tous deux situés en Patagonie argentine. Alors qu’il a pris ses nouvelles fonctions d’évêque de Rawson le 17 février, il partage son quotidien, ses rêves et ses difficultés. Le diocèse, qui n’en est encore qu’à ses débuts, est en effet confronté à des défis uniques !

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Mgr Roberto Álvarez.

"L’Église de Patagonie est une Église particulière, très différente du reste de l’Argentine, avec de gros enjeux", explique Mgr Álvarez, soulignant que la province de Chubut, où se trouve Rawson, est historiquement caractérisée par une forte migration. "Par exemple, nous sommes une terre d’évangélisation, une terre de missions. Ici, il n’y a pas de racines chrétiennes profondes, nous sommes plus comme l’Uruguay à cet égard." Et l’évêque de reprendre : "Cette région, où vivaient à l’origine les Mapuches-Tehuelche, a ensuite été peuplée par des immigrants gallois au XIXe siècle. Elle accueille aujourd’hui des personnes originaires de Bolivie et du Paraguay, générant une diversité culturelle et religieuse unique dans le pays. Ici, il y a aussi une forte présence d’Églises protestantes, ce qui n’est pas si courant dans d’autres parties de l’Argentine."

Un diocèse de 100.000 km2

Le défi le plus important est peut-être les grandes distances qui séparent ses communautés. Le nouveau diocèse s’étend sur environ 100.000 km2, une superficie plus grande que le Portugal ou l’Autriche. L’évêque décrit une réalité qui exige parfois des sacrifices extrêmes : "Ici, il n’y a pas de trains et presque pas d’avions, alors nous nous déplaçons en voiture. Il y a des zones rurales où il faut parcourir 200 km à l’aller et 200 km au retour pour célébrer la messe".

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Tous les moyens de transport sont bons pour parcourir les longues distances !

Pour assister à la rencontre pastorale à l’échelle de toute la Patagonie, certains participants doivent parcourir 1.500 ou 2.000 kilomètres, par exemple ceux qui viennent d’Ushuaia. "Or ils le font, et avec une grande joie, parce qu’ils savent combien ces rencontres sont importantes pour l’avenir de l’évangélisation", explique l’évêque. "Parfois, il est plus facile de compter sur leur participation, ici en Patagonie, que dans d’autres endroits où j’ai travaillé auparavant, où les distances étaient beaucoup plus courtes." Il doit également parcourir des centaines de kilomètres dans le cadre de son travail : fin janvier, par exemple, il a parcouru 807 kilomètres par la route pour assister à la rencontre binationale pour la paix et la fraternité entre le Chili et l’Argentine qui se tient au poste-frontière sud-ouest de la province de Chubut.

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Célébration d'une messe sous le regard de la Vierge Marie.

Dans ce contexte particulier, Mgr Álvarez souligne l’importance de la formation du clergé. Sur les douze prêtres qui desservent le diocèse de Rawson, six sont étrangers et six sont argentins, dont trois seulement sont originaires de Patagonie. "Je n’ai qu’une “poignée” de prêtres, donc ici les laïcs accomplissent vraiment leur mission baptismale, c’est pourquoi ils ont un rôle fondamental", reprend-t-il. "Comme les distances sont énormes, il est important de prendre soin des prêtres, de les accompagner. Cette année, nous avons eu la première réunion des jeunes membres du clergé et ils étaient vraiment très heureux.".

Le défi du financement

Un autre défi auquel Mgr Álvarez est confronté est la pauvreté, qui s’est encore accrue au cours des huit ou dix dernières années. "Quand on n’a rien, on n’a pas de préoccupations propres. Je m’inquiète juste de savoir comment soutenir financièrement mes agents pastoraux dans le diocèse", dit-il. "Regardez, je viens de finir de repasser les vêtements. Je n’ai pas de maison à moi. Je lave, je repasse et je fais tout moi-même. Je vis de la charité de mes prêtres qui m’assurent le gîte et le couvert. Il y a toujours un prêtre qui vous prête un oreiller dans une paroisse." Malgré les difficultés économiques et géographiques il affirme pourtant avec une joie contagieuse : "Je suis très heureux."

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