Les pensées ne sont pas intrinsèquement mauvaises, mais certaines le deviennent si elles tendent à l’obsession ou à la passion. L’imagination non contrôlée fait naître des visions qui parfois occupent l’esprit au point de nous envahir. Il en est ainsi des scénarios catastrophes, des pensées troublantes, des images pornographiques, des honneurs immérités…
La bonne nouvelle est que l’homme peut contrôler les pensées qui l’assaillent : au lieu de les alimenter, il peut décider de leur résister, en utilisant notamment une technique élaborée par les Pères du désert : la garde du cœur : "Que les pensées nous troublent ou pas fait partie des choses qui ne dépendent pas de nous. Mais qu’elles demeurent ou pas en nous, qu’elles suscitent les passions ou pas, fait partie de ce qui est en notre pouvoir", a écrit un des Pères, Jean Damascène, dans son Discours utile à l’âme.
La garde du cœur est l’attention portée à tout ce qui se passe dans notre cœur. Une méthode spirituelle qui vise à libérer l’homme des pensées mauvaises ou passionnées. Elle invite à observer les pensées qui pénètrent dans notre âme, et à discerner les bonnes et les mauvaises. Évagre disait : "Sois attentif à toi-même, sois le portier de ton cœur et ne laisse aucune pensée y entrer sans l’interroger". Car les pensées saines conduisent à un état paisible tandis que les autres génèrent un état troublé.
Un ménage qui doit se faire régulièrement, car "les mauvaises pensées, disait un ancien, sont comme des souris dans une maison" : "Si on les tue l’une après l’autre au fur et à mesure qu’elles y entrent, tout va bien. Mais si on attend que la maison en soit infestée, on aura toutes les peines du monde à les chasser. Et quand bien même y parviendrait-on, la maison serait dévastée." Le but de la chasse aux mauvaises pensées ? Gagner en liberté, et atteindre ce que les Pères du désert nommaient l’hesychia, cet état de paix et de calme intérieurs, nécessaire à la contemplation de Dieu.