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Cinéma : “Dune : Deuxième Partie”, une fresque science-fictionnelle à décrypter

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Timothée Chalamet dans "Dune : deuxième partie".

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Florent Cardon - publié le 28/02/24
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Cette semaine, débarque sur nos écrans l’un des événements cinéma de l’année : "Dune : Deuxième Partie". Décryptage d’une œuvre à l’ampleur spectaculaire.

Dune : Deuxième Partie nous raconte l’histoire de Paul Atréides. S’associant à Chani et aux Fremen, il souhaite se venger des conspirateurs qui ont anéanti sa famille. Contraint de choisir entre le grand amour de sa vie et le destin de l’Univers Connu, il met tout en œuvre pour que l’avenir funeste qui hante ses prémonitions ne se concrétise jamais. Intrigues politiques, religieuses et amoureuses s’entremêlent dans ce long-métrage réalisé par le canadien Denis Villeneuve. À la découverte du film, plusieurs minutes nous sont nécessaires afin de replonger dans les différents embranchements du récit, mais lorsque nous y sommes, l’ampleur de cette deuxième partie nous étreint sans interruption.

Une atmosphère grandiose

L’un des premiers points forts du long-métrage réside dans sa direction artistique et sa réalisation. Le récit se déploie dans des espaces monumentaux et nous immerge pleinement dans les méandres de son univers. Les personnages qui y évoluent tentent alors d’apprivoiser à la fois un environnement hostile et majestueux. Tout semble, pour nous spectateurs, palpable et réel, choix qui vient faire exception dans un paysage cinématographique qui ne fait que tendre vers une facticité numérique trop visible. Après le premier volet sorti en 2021, dont une grande partie du récit multipliait les espaces clos teintés de gris, le deuxième opus s’extirpe de l’enfermement et s’incarne pleinement dans le désert, ce dernier constituant le décor de la majorité du long-métrage. Il est le lieu d’apprentissage et d’évolution du jeune Paul, incarné par le franco-américain Timothée Chalamet.

Au cours du visionnage nous vient à l’esprit la résonance biblique toute particulière du désert. Il est dans Dune le lieu de l’épreuve et de la révélation, comme il l’est pour le peuple hébreu dans le livre de l’Exode (ou dans une autre dimension, pour Jésus dans l’Évangile selon Saint Matthieu). Le réalisateur Denis Villeneuve construit une nouvelle fois un regard contemplatif et quelque peu aride, ce qui pourrait quelque peu rebuter le spectateur qui ne sait dans quelle aventure il s’apprête à s’embarquer. L’atmosphère du film est appuyée par le travail notable de la musique, mené une nouvelle fois par Hans Zimmer. Récompensé pour son travail sur le premier volet, il y construit une ambiance musicale omniprésente et déroutante.

La fresque de personnages et le rapport à la foi

L’écriture des nombreux personnages constitue l’une des autres qualités du film. De prime abord facilement saisissables dans leur personnalité et leur rapport au monde, ils ne sont, pour autant, pas grossièrement caractérisés et possèdent leur part d’ambiguïté, ce qui permet au récit de nous tenir en haleine (la remarquable interprétation des actrices et acteurs participant à cela). De par leur quête personnelle, ils sont porteurs de questionnements autour du désir de vengeance, de la culpabilité, du rapport à la maternité et de l’amour. Les personnages sont, tout comme avec le décor, dans un univers qui les dépasse, et sont parfois écrasés par les enjeux qui le meuvent.

Les questions de la religion, de la foi et du fanatisme se font également très présentes dans ce deuxième volet. Le personnage de Paul est vu par beaucoup comme le sauveur, le « messie » (terme employé dans le film) qui viendra libérer le peuple Fremen. Cette dimension messianique est toutefois irriguée par des questions de politique et de pouvoir. L’ambiguïté forte autour des termes utilisés dans le récit, comme celui de "messie", "paradis" ou "guerre sainte", nous amène tout de même à nous questionner quant au discours porté par le long-métrage. Frank Herbert, auteur du roman dont est adapté le film, a été éduqué à la foi catholique, puis, l’a délaissée une fois adulte. Une hypothèse possible serait de penser que certains symboles et figures catholiques ont été détournées négativement par l’auteur dans la construction de son œuvre. Au fil de l’analyse de ces différents aspects, ce qui semble également ressortir du récit est une critique de la théocratie (société dans laquelle le détenteur du pouvoir est considéré comme le représentant d’un dieu, ou comme un dieu incarné). C’est d’ailleurs l’une des craintes principales de Paul qui évolue sur une fine ligne entre volonté de venger les siens et peur d’être dirigeant d’un régime théocratique, construit par la foi que les Fremen placent en lui.

Malgré la distance nécessaire à prendre avec certains thèmes du récit, il reste que Dune : Deuxième Partie est un jalon important de la science-fiction au cinéma, déployant un imaginaire et une ambiance uniques à découvrir en salles.

Pratique

Dune : Deuxième Partie de Denis Villeneuve avec Timothée Chalamet, Zendaya et Rebecca Ferguson.
En salles à partir du 28 février
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