C’était sans doute la dernière étape avant la présentation du projet de loi sur la fin de vie. Emmanuel Macron a réuni les représentants des cultes et d’autres personnalités autour d’un dîner à l’Élysée, le jeudi 8 février, pour évoquer ce sujet ultra-sensible. Selon son entourage, le Président entendait avec cette rencontre "nourrir sa réflexion avant de rendre les ultimes arbitrages" relatifs au projet de loi, qui devrait être rendu public ce mois-ci. Il ne s’agissait donc pas d’une réunion de travail durant laquelle les responsables religieux auraient été consultés sur les mesures du projet de loi visant à légaliser l'aide active à mourir.
Vrai débat ou opération de communication ?
"Nous avons eu une vraie discussion sur l’esprit et les grands axes de la législation future mais nous ne sommes pas entrés dans la réaction précise à un texte, dont le lieu premier sera d’ailleurs avant tout le parlement", a expliqué auprès d’Aleteia Mgr Matthieu Rougé, évêque du diocèse de Nanterre. "Il m’a semblé que nous avons échangé sérieusement, de manière très riche et respectueuse, sans taire pour autant des dissensus dont il n’est pas certain qu’ils soient surmontables ou seront surmontés", précise-t-il encore, sans croire à une opération de communication de la part d’Emmanuel Macron.
Toutefois, une expression utilisée par la présidence avant le dîner de jeudi soir semble indiquer que le texte est d’ores et déjà presque prêt, la rencontre ayant été seulement envisagée avant d’"ultimes arbitrages". Mais avec la nomination le même jour de Frédéric Valletoux comme ministre délégué à la santé, il n’est pas à exclure que des modifications de dernière minute soient apportées au texte. Le nouveau ministre, auparavant député de Seine-et-Marne, avait par ailleurs signé la tribune publiée dans l’Express pour demander que la réforme des soins palliatifs et la légalisation du suicide assisté fassent l’objet de deux textes distincts. "Sans doute la nouvelle équipe ministérielle voudra-t-elle imprimer sa marque, estime Mgr Rougé, notamment dans une capacité de dialogue qui, semble-t-il, manquait un peu auparavant."
Les pires mesures à craindre
Une capacité de dialogue limitée, combinée à d’interminables louvoiements et un flou magistral entretenu par le Président depuis l’annonce du projet visant à légaliser l’aide active à mourir. Le 9 janvier, lors de ses vœux aux représentants du culte, Emmanuel Macron avait assuré que deux textes distincts seraient bien présentés. Cette annonce avait emporté l’adhésion de son auditoire, favorable dans l’ensemble à un texte sur les soins palliatifs seuls. Quelques semaines plus tard, c’est avec stupéfaction qu’ils ont appris que le Président avait changé d’avis.
Un seul et même texte devrait donc bien être présenté en Conseil des ministres au cours du mois, comprenant à la fois les mesures sur les soins palliatifs et celles sur le suicide assisté et l’euthanasie. Une aberration pour beaucoup, tant la logique des soins palliatifs et celle de l’aide active à mourir s'opposent. Il faudra attendre encore avant de voir ce que contiendra cette version, que les catholiques espèrent différente de la version provisoire. Publiée en décembre 2023, cette dernière comprenait des mesures pour le moins glaçantes. Décision prise par un médecin seul, contrôle uniquement a posteriori, euthanasie par un tiers ou encore suicide assisté considéré comme un soin et remboursé par la Sécurité sociale… Cette version avait profondément choqué tout une partie du corps médical, loin de s’attendre à un tel manque de considération pour la vie des plus fragiles.