Le mot "païen" était déjà utilisé dans les lettres de saint Paul apôtre au cours du premier siècle après Jésus Christ. Les chrétiens l'employaient pour désigner les personnes qui vivaient dans l'Empire romain et qui pratiquaient une religion autre que le christianisme.
En réalité, le mot païen dérive du terme latin paganus qui provient lui-même du mot latin pagus. Dans l’Antiquité et au haut Moyen Âge, le mot latin pagus était un terme administratif romain qui désignait une circonscription territoriale rurale, comprenant des villages, des fermes et des forts. À l’origine, il désignait donc le monde rural par opposition à celui de la ville. Le terme paganisme désigne alors progressivement par extension la religion des paysans et de ceux qui habitaient dans des zones rurales et périphériques, par opposition au christianisme qui s’était majoritairement développé dans les centres urbains. Cette urbanisation du christianisme est attestée dans les premières lettres de saint Paul apôtre écrites à Rome, à Corinthe ou à Thessalonique.
Toute personne non-juive
Dès le premier siècle, dans les lettres de saint Paul, le terme "païen" désigne aussi toute personne non-juive, à qui les apôtres étaient également chargés d’annoncer la Bonne Nouvelle : "Plus de mensonge entre vous : vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien qui était en vous et de ses façons d’agir et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau […] Ainsi, il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ; mais il y a le Christ : il est tout, et en tous" (Col 3, 9-11). Le terme païen désigne donc chez saint Paul ceux qui n’étaient pas chrétiens, qui adoraient de faux-dieux, qui pratiquaient des sacrifices rituels et d’anciennes pratiques gréco-romaines.
Quand une personne décrivait sa religion, elle ne se définissait pas elle-même comme "païenne". C’était un terme qui était utilisé par les chrétiens pour définir ceux qui ne s’étaient pas encore converti. Dans le Nouveau Testament, le terme gentil était également utilisé pour désigner les non-chrétiens et dans l’Ancien Testament, goy pour désigner les non-juifs. Au IVe siècle, l’Édit de Milan de Constantin I le Grand accorde aux chrétiens la liberté de culte et consacre la fin du paganisme : "Que nul ne souille avec des victimes, que nul ne sacrifie un animal innocent, que nul n’entre dans les sanctuaires, ne fréquente les temples et n’adore des statues façonnées de main d’homme, sous peine de se rendre passible de sanctions divines et humaines […] Que personne absolument ne sacrifie une victime innocente à des statues dépourvues d’intelligence".