C'est pour offrir à sa grand-mère mourante une image pieuse que Casimir Chauvin s'est mis à dessiner. Époux et père de trois enfants dont le dernier est né il y a quelques semaines, le jour de Noël, le jeune architecte de 31 ans a troqué le carnet pour la tablette dans ses dessins. Ici, le numérique n'a rien ôté à la poésie de l'art qui transcende la matière par cette aura que définissait déjà Walter Benjamin dans son essai, L'œuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique. C'est précisément ce qui fait la valeur des dessins de Casimir, regroupés sur sa page Lacasadecaz. Quand on l'interroge sur le but de cette entreprise, le jeune père réfléchit : l'art est gratuit. "Mon seul projet ? Je n'en ai pas vraiment, si ce n'est de dessiner quand j'en ai le temps, pour la beauté".
"Je voulais offrir à ma grand-mère une image pieuse qui puisse manifester la présence du bon Dieu à ses côtés pour ses derniers instants sur terre, explique l'architecte. Je voulais qu'elle se sache accompagnée, par notre prière et par Sa présence, alors j'ai pris pour modèle cette très belle Vierge à la roseraie de Bernardino Luini conservée à la pinacothèque de Brera que j'avais vue avec mon épouse, l'été dernier à Milan. Je l'ai retravaillée sur mon iPad pour lui imprimer et j'y ai joint une prière".
Casimir se prend au jeu et se lance, sur son temps libre, dans une série de dessins des douze mois du calendrier républicain. "Je les trouve très poétiques même s'ils s'éloignent du thème de la foi, qui a pourtant une place centrale dans ma vie, puisque je suis tombé dans la marmite quand j'étais petit, comme on dit". Au fil des semaines, l'architecte accumule les dessins et finit par les réunir sur un compte Instagram, lacasadecaz, moins par ambition que par amour de la beauté. Un florilège charmant aux couleurs qui réjouissent l'âme pour élever les cœurs, à contempler avec délices pour se rappeler que la beauté n'a pas d'époque.